En cette journée internationale des migrants, il est de bon ton de rappeler la responsabilité de ceux qui tuent les migrants, par des discours les déshumanisant et leur inaction pour les sauver. Les Retailleau, Darmanin, Bayrou, Le Pen, et médias associés sont les ennemis fraternité humaine et la solidarité inconditionnelle.
En dix ans, le cimetière qu’est la Méditerranée a vu ses tombes se multiplier. 30 000 migrants ont péri en mer et des milliers d’autres ne sont pas décomptés. « L’humanisme, ça n’est pas le bon sentiment », déclarait en 2018 Emmanuel Macron en refusant de donner la permission au navire de sauvetage Aquarius d’accoster à un port français. Retour sur les politiques meurtrières menées par Emmanuel Macron et l’Union européenne avec son pacte asile immigration co-rédigé par les socialistes européens – le groupe auquel appartient Raphaël Glucksmann – et la droite. Notre article.
30 000 morts en Méditerranée en dix ans
Entre 2014 et septembre 2024, plus de 67 000 personnes sont mortes ou disparues sur les routes migratoires, comme nous l’apprend l’Organisation internationale des migrations (OIM). Près de 60 % de ces décès documentés sont liés à des noyades. Parmi toutes les frontières, la mer Méditerranée est la plus meurtrière. Plus 30 000 personnes y sont décédées en 10 ans. En 2023, l’OIM y dénombrait 3 155 rien qu’en 2023.
Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. La majorité des décès sur les routes migratoires ne sont pas comptabilisés, car les corps de non pas retrouvés ; notamment suite aux naufrages fréquents en Méditerranée. Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, cela concerne 70 à 80 % des décès.
En France, dès qu’une catastrophe touche une de nos régions, des démarches sont immédiatement mises en place pour récupérer et identifier le corps des victimes ; mais aussi pour informer les familles. Rien de tel n’est mis en place pour les migrants, et ceux qui meurent sur les routes migratoires ne sont souvent jamais retrouvés. Des milliers de corps disparaissent sans nom, sans information à leur famille ; avec à peine un peu d’humanité.
Des itinéraires de plus en plus dangereux à cause de la répression
Or, cet état de fait est le résultat très concret de politiques intentionnellement mises en place par les États européens. En 2023, le Comité des Nations unies sur les disparitions forcées affirmait que les « politiques rigides, sécuritaires et de plus en plus militarisées qu’adoptent les États en matière de migration et de gestion des frontières, (…) contribuent indirectement à la disparition de migrants, qui sont contraints de choisir des itinéraires de plus en plus dangereux, (…). Ce phénomène touche toutes les régions du monde, sans exception. ».
La militarisation des frontières et la criminalisation des migrations poussent les migrants à se mettre toujours plus en danger pour atteindre leur destination. Le rapport de l’OIM insiste sur la nécessité de faciliter la mise en place d’itinéraires de migrations plus sûrs.
L’humanisme selon Macron : non-assistance à personne en danger
Autre point du rapport de l’OIM : il faut absolument renforcer les capacités de rechercher et de sauvetage en mer. L’organisation déclare que les retards et lacunes dans ces opérations ont tué au moins 127 personnes sur les 441 recensées entre janvier et mars 2023.
Et même une fois secourues, le périple n’est pas fini pour les personnes exilées : rappelons-nous, en 2018, Emmanuel Macron avait refusé que le bateau de secours l’Aquarius accoste en France. Il avait alors déclaré que « L’humanisme, ça n’est pas le bon sentiment ». De bien grands mots pour désigner en réalité son refus se porter secours à des humains en danger.
Le pacte asile et migration : quand les mots et les actes de l’extrême droite dirigent l’Europe
Et si ce cas est un exemple ponctuel, c’est surtout le symptôme des politiques macronistes. En avril dernier a été voté au Parlement européen le pacte asile et migration. Nous avions détaillé dans nos colonnes le contenu de ce pacte co-rédigé par les socialistes européens – le groupe auquel appartient Raphaël Glucksmann – et la droite.
Pour aller plus loin : Pacte asile et migration : l’Union européenne acte son orbanisation
Au programme : refoulement systématique à la frontière, enfermement – y compris des enfants, militarisation des frontières ou encore le renvoi des personnes migrantes vers des « pays sûrs ». Or, parmi la liste des pays considérés comme sûrs par l’Union européenne se trouve, à titre d’exemple, la Libye. Un pays qui viole largement les droits humains des migrants – torture, détentions arbitraires, esclavage sexuel, entre autres, comme le rappelle régulièrement l’ONU.
Également parmi les mesures phares du pacte : davantage de contrôles aux frontières, des filtrages pouvant aller jusqu’à sept jours ou encore une procédure spéciale pour ceux qui ont statistiquement moins de chance d’obtenir l’asile. Bref : une loi qui emprunte bien plus que les mots de l’extrême-droite ; elle reprend son projet politique.
Face à cet accord odieux, la France insoumise avait réagi dans un communiqué de presse : « Ce pacte tourne le dos aux origines mêmes de la construction européenne. Il est urgent d’en finir avec l’externalisation de nos frontières et de développer des voies d’accès légales et sûres par l’instauration d’un système de répartition fonctionnel qui puisse permettre des conditions d’accueil dignes. Pour cela, il nous faut abolir Frontex et dédier les ressources nécessaires ».
En effet, les macronistes se targuent d’avoir voté une loi qui renforce l’agence Frontex. Cette agence chargée de surveiller les frontières extérieure de l’Europe s’est pourtant rendue coupable de violations volontaires et massives de droits humains dans la Méditerranée.
Pour aller plus loin : Frontex : une agence meurtrière anciennement dirigée par Fabrice Leggeri, candidat RN
Une politique migratoire humaniste et réaliste : que propose la France insoumise ?
La France insoumise rappelle qu’il faut avant tout lutter contre les causes de l’immigration, donc s’attaquer aux causes des migrations forcées. Une piste : au cours des années 2010, les événements climatiques ont provoqué 2 fois plus de déplacements forcés que les conflits, selon le Haut-commissariat pour les réfugiés de l’ONU. Il y aura jusqu’à 1 milliard de migrant·es climatiques dans les 30 ans, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
La France Insoumise propose aussi de régulariser l’ensemble des travailleurs et travailleuses sans papiers, de rétablir la carte de 10 ans comme titre de séjour de référence, et de renforcer les organisations internationales en la matière. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) en premier lieu. Une politique migratoire humaniste est possible.