L’insoumission.fr et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.
Au lendemain de la chute de Barnier, de grandes mobilisations sont prévues partout en France. Écoles, hôpitaux, aéroports, énergie, de nombreux secteurs se mettent en mouvement et réclament une autre politique, loin des saignées budgétaires de feu Barnier. Les grèves s’annoncent très suivies, comme dans le secteur de l’éducation 1ᵉʳ degré avec 65 % de grévistes.
Pour ce nouvel article, nos deux médias se sont entretenus avec Edeline Reix, enseignante et syndicaliste dans les Yvelines. Dans nos colonnes, elle explique le plan bataille de son syndicat pour se joindre et amplifier les mobilisations prévues en ce mois de décembre. Après le 5 décembre, une grève illimitée et reconductible a été annoncée à la SNCF. Barnier parti, les salariés dans la rue, Emmanuel Macron est de plus en plus isolé face à une large partie du pays qui réclame sa démission. Notre article.
« Nombre d’enseignants ont sanctionné Macron et sa politique lors des précédentes élections. »
Insoumission/Informations ouvrières : Le syndicat majoritaire du premier degré annonce 65 % de grévistes le 5 décembre. Peux-tu nous dire d’où vient cette grève ?
L’annonce
pendant les dernières vacances scolaires des trois jours de carence et
de la baisse de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie à 90 % (au
lieu de 100 % actuellement) a provoqué la colère des enseignants.
Nos salaires sont indigents et n’ont pas été revalorisés malgré tous
les efforts des derniers ministres pour faire croire le contraire.
Beaucoup de collègues ont du mal à boucler les fins de mois.
L’inflation nous touche comme tous les travailleurs de ce pays. Si les trois jours de carence étaient mis en place, cela voudrait dire une nouvelle perte de salaire en cas de maladie. Une semaine de grippe (chose quand même courante chaque hiver quand on passe sa journée avec 30 élèves en classe) vous coûterait 300 euros !
Cette colère s’ajoute à la colère déjà existante : celle qui découle des suppressions de postes, du manque de personnel, des réformes successives dégradant nos conditions de travail sans oublier les situations répétées et non réglées d’élèves en situation de handicap qui ne trouvent pas de place dans les structures spécialisées et se retrouvent en classe, avec un accompagnement de quelques heures par-ci par-là. Une véritable maltraitance organisée !
Tout cela est fait par un gouvernement
totalement illégitime. Nombre d’enseignants ont sanctionné Macron et sa
politique lors des précédentes élections. Ils ont le sentiment de s’être
fait voler leur vote ! Et puis il y a eu aussi les propos de Sarkozy
sur « les enseignants ne travaillent que 24 heures par semaine » qui ont soulevé l’indignation.
Dans
ces conditions, la grève du 5 décembre s’annonce très suivie. Plusieurs
écoles seront fermées et pas toujours celles les plus habituées à faire
grève. Avec mon syndicat, nous tournons dans les écoles depuis
plusieurs semaines pour préparer la grève. Beaucoup de collègues savent
qu’une journée de grève, aussi puissante soit-elle (et tant mieux si
elle l’est, évidemment) ne suffira pas et ils le disent ouvertement.
Alors, on discute avec eux de comment faire, des suites à donner à cette
grève…
« Mon syndicat a lancé le mot d’ordre « 3 jours de carence, 3 jours de grève » les 10, 11 et 12 décembre afin d’être aux côtés des cheminots qui eux appellent à une grève illimitée à partir du 11 décembre. »
Insoumission/Informations ouvrières : Peux-tu nous expliquer comment se prépare la reconduction de la grève ?
Rien
n’est simple et ne va de soi, mais commencer à en discuter entre nous
est déjà une première étape importante. Aux Mureaux, nous aidons à
organiser des réunions pour que les collègues puissent se réunir après
le 5 décembre et décider. À Achères, les collègues ont décidé de ne pas
se rendre à la manifestation jeudi, mais plutôt d’aller tracter auprès
des parents d’élèves, d’aller discuter avec les collègues non grévistes
dans les écoles et les établissements du second degré afin qu’ils
rejoignent la mobilisation.
Les grévistes sont invités à se réunir avec les fonctionnaires territoriaux qui ont décidé la grève les 4 et 5 décembre devant la mairie d’Achères jeudi matin. Mon syndicat a lancé le mot d’ordre « 3 jours de carence, 3 jours de grève » les 10, 11 et 12 décembre afin d’être aux côtés des cheminots qui eux appellent à une grève illimitée à partir du 11 décembre.
Le 49.3 déclenché lundi a donné suite à la chute du gouvernement Barnier, c’est historique…
L’un
d’eux me disait ce matin qu’il se demandait si la grève servait
vraiment à quelque chose puisque le gouvernement allait probablement
tomber. Mais ça ne veut pas dire qu’ils vont en finir avec leur
politique ! C’est justement le moment d’y aller tous ensemble pour les
bloquer : les 3 jours de carence, l’abandon des 4 000 suppressions de
postes dans l’Éducation nationale, etc. Et pour chasser Macron, car
c’est quand même lui le responsable de ce désastre.