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vendredi 27 décembre 2024

2024 : vers la fin de la prépondérance présidentielle ?

 Dans une perspective historique, l’épisode politique que l’on vit depuis la dissolution de juin 2024 sembler devoir marquer une rupture dans le fonctionnement des institutions et des rapports de force politiques. A moins que l’on ne l’analyse comme la continuité des évolutions constatées depuis une dizaine d’années (peut-être davantage) avec le quinquennat de François Hollande. Celui-ci a été dominé par une gauche d’accompagnement de la société vers le libéralisme économique, ce qui se concrétise en 2017 par la formation d’une force politique en apparence nouvelle – en réalité très ancienne – autour d’Emmanuel Macron, que l’on peut lire comme la résurgence de « l’orléanisme » défini par René Rémond dès 1954, c’est-à-dire une droite libérale, à tendance sociale mais qui peut aussi dériver vers un exercice plus autoritaire du pouvoir.

L’élection présidentielle de 2017, à ce titre, marque l’effacement de forces politiques jusque-là au pouvoir depuis 1958 – voire depuis 1944 : la droite d’inspiration gaulliste ; les gauches autour d’un parti socialiste dominant. Le paysage politique français se recompose, si l’on suit Stefano Palombarini, selon trois blocs : un bloc bourgeois autour d’Emmanuel Macron, désormais clairement positionné dans « l’espace de la droite » ; un bloc d’extrême-droite, « davantage ancré dans les catégories populaires » et un bloc de gauche recomposé autour de la gauche de rupture.

Les manœuvres désespérées du président Macron, par la dissolution de l’Assemblée nationale, puis les nominations successives de premiers ministres de droite en l’absence de majorité, font suite aux utilisations répétées du « 49.3 » durant la législature précédente (2022-2024), au mépris évident de la volonté populaire, notamment lors de la réforme des retraites. L’usage, certes légal mais pas toujours légitime, de la Constitution (les articles 47.1, 44.3 et l’inénarrable 49.3 ainsi que, bien entendu, l’article 12, permettant la dissolution) à ces occasions montre l’affolement de l’Elysée qui pense reprendre la main alors qu’il perd pied, comme le suggère Jean-Luc Mélenchon le 20 décembre 2024. En cela, la crise politique que l’on vit, et qui a commencé bien avant l’été 2024, peut marquer la clôture du cycle « présidentiel », ouvert par la crise de l’automne 1962 avec la dissolution réussie du général De Gaulle.  

Le roi est nu !

A l’approche des fêtes de fin d’année, on nous permettra d’évoquer un conte qui, raconté au coin du feu, fait toujours rire les enfants. Dans Les habits neufs de l’empereur d’Andersen le souverain qui parade se pense vêtu d’un habit somptueux, or il ne porte aucun vêtement ; il feint de ne pas s’en apercevoir car des escrocs lui ont fait croire que seuls les plus intelligents perçoivent l’étoffe en réalité inexistante ; seul l’empereur est assez sot pour se convaincre de son élégance et ses courtisans assez lâches pour ne point l’en dissuader. Ainsi le président Macron s’est-il dessaisi de ses attributs principaux prenant le risque d’un avenir incertain pour notre République ; il se croit investi d’un pouvoir qu’il n’a plus : les députés n’ont pas à craindre de dissolution avant juillet ; le nouveau Premier ministre François Bayrou s’est imposé à lui ; la vacuité de ses discours ne trompe plus grand monde et le fond colonialiste, raciste, sexiste voire homophobe de ses sentiments a été mis à jour dans une récente série d’articles du Monde. Le roi est nu.

Dans ces circonstances, pour sortir de la crise politique, voilà ce que le gaulliste Louis Vallon préconisait en 1972 :  

« Sauf dans les circonstances exceptionnelles prévues par l’article 16 de la Constitution, le Président gouverne par le truchement d’un Premier ministre responsable devant l’Assemblée nationale. Il a besoin du soutien d’une majorité parlementaire. Si ce soutien venait à lui manquer et si les élections nouvelles qui suivent la dissolution ne lui permettaient pas de l’obtenir, le Président ne pourrait plus gouverner et serait contraint de démissionner. » (Louis Vallon, De Gaulle et la démocratie, La Table Ronde, 1972, p.52.) 

Sources: linsoumission.fr



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