« Aujourd’hui, nous constatons avec regret que le Parti socialiste a confirmé son changement d’alliance, rompant par là même avec le Nouveau Front Populaire. Nous prenons acte de ce choix irresponsable et dangereux pour l’avenir du pays. Nous refusons catégoriquement d’être confondus avec ce choix », écrit le mouvement insoumis.
Enfin, LFI appelle à co-organiser partout en France des manifestations contre le gouvernement Bayrou, l’extrême droite et ses idées. La date retenue ? Le 22 mars, journée internationale de lutte contre le racisme. L’insoumission relaie dans ses colonnes la déclaration de la coordination nationale et de l’intergroupe parlementaire de la France insoumise.
Pour aller plus loin : « Le retour des morts-vivants ! » – L’analyse de Jean-Luc Mélenchon après le sauvetage de Bayrou par le PS et le RN
Déclaration de la coordination nationale et de l’intergroupe parlementaire de LFI
Ce mercredi 12 février, le gouvernement Bayrou a échappé à une nouvelle motion de censure. Cela a rendu possible l’adoption du budget de la Sécurité sociale venant après le budget de l’État, déjà imposé la semaine dernière par l’article 49.3 de la Constitution. Le refus du Parti socialiste et du Rassemblement National, se déclarant pourtant tous deux inscrits dans l’opposition, de voter la censure aura permis le passage en force de ces budgets avec leurs conséquences dramatiques :
- des coupes historiques dans les budgets de l’Éducation nationale, de l’écologie, de
l’enseignement supérieur et de la recherche, de la culture ou encore du sport ; - une baisse des dépenses de santé de près de 4 milliards d’euros ;
- la hausse de la TVA pour les micro-entrepreneurs et les artisans ;
- une taxe sur les apprentis gagnant moins que le SMIC ;
- une baisse des indemnisations des arrêts maladie des fonctionnaires.
Avec cette décision, le Rassemblement National montre à nouveau sa complicité dans la continuité de la politique menée par Emmanuel Macron. En effet, il assure la survie du gouvernement de François Bayrou.
Quant au Parti socialiste, en refusant de censurer pour la 5ᵉ fois en un mois, il a confirmé une nouvelle orientation politique, renouant avec le hollandisme et rompant avec celle du Nouveau Front Populaire. Il valide ainsi un gouvernement illégitime dont la mise en place est une négation de notre victoire aux dernières élections législatives. Il accepte par ailleurs la brutalité du 49.3 et bafoue le serment de 2023 en renonçant à l’abrogation de la retraite à 64 ans.
Cette décision laisse le champ libre au gouvernement pour dérouler sa politique : une politique de brutalité sociale alors que la pauvreté et la précarité bondissent ; une politique qui enfonce le pays dans une crise économique profonde, comme l’atteste la multiplication des plans de licenciements ou des faillites d’entreprise ; une politique écocidaire alors que se matérialise chaque jour sous nos yeux l’impact du changement climatique ; une politique qui reprend une à une les propositions de l’extrême droite, jusqu’à lancer un débat sur l’identité nationale, pour remettre en cause le droit du sol, fondement historique de la République.
Depuis sa création, la France insoumise s’est fixée comme stratégie l’union populaire, c’està dire le rassemblement autour d’un programme de rupture avec le capitalisme et le productivisme. À chaque étape, nous avons créé les conditions d’une union claire au service des objectifs de la révolution citoyenne tels qu’exprimés par le programme L’Avenir en commun, déjà adopté par près de 8 millions de personnes en 2022. Après l’élection présidentielle, nous avons créé la NUPES pour tenter d’imposer une cohabitation. Après son interruption par ceux qui ont refusé une liste commune aux élections européennes, nous avons constitué le Nouveau Front Populaire et il a permis la victoire aux dernières élections législatives.
À chaque étape, la France insoumise a privilégié l’intérêt général, étant toujours du côté de la solution plutôt que du problème. Nous nous sommes heurtés au refus du PS de constituer des listes communes aux élections sénatoriales de 2023. Nous avons fait face au refus de l’unité aux élections européennes de 2024. Alors que notre groupe parlementaire est le plus important à gauche, nous avons accepté de renoncer à la candidature comme Premier ministre pour permettre un choix commun.
Nous avons même ouvert la voie à un gouvernement du Nouveau Front Populaire sans insoumis·e, si telle était la condition de la mise en œuvre de notre programme. Nous n’avons eu comme seuls retours que l’absence de concertation stratégique et, au mieux une absence de solidarité face aux invectives et aux menaces, au pire la participation aux ignobles campagnes de dénigrement de nos adversaires.
À chaque fois, nous n’avons posé qu’une unique condition à l’union : elle doit se faire sur des bases claires, dans la rupture avec le macronisme et son extrême libéralisme, dans le rejet de la monarchie présidentielle de la Vᵉ République, dans un affrontement frontal et sans concession avec les idées du Rassemblement National. C’est pour nous la seule voie permettant à la gauche de gouverner demain pour transformer radicalement la société.
Or, en laissant en place un gouvernement s’inscrivant dans la poursuite des politiques antisociales et anti-écologiques d’Emmanuel Macron et multipliant les concessions à l’extrême droite, le Parti socialiste a tourné le dos à ces exigences. Nous considérons que de tels choix menacent la gauche d’une disparition durable dans les limbes de la macronie et préparent la victoire de l’extrême droite.
Après le refus de censurer le gouvernement Bayrou à l’issue du discours de politique générale, nous avions exprimé notre désapprobation totale et notre inquiétude. Nous avons dit sans détour que la séquence des motions de censure sur les budgets serait décisive. Après le refus de censurer le budget de l’État, nous avions regretté l’interruption du Nouveau Front Populaire, appelant le PS à revenir aux côtés des 3 autres partis du NFP dans l’opposition au gouvernement en votant les motions de censure sur le budget de la Sécurité sociale.
Aujourd’hui, nous constatons avec regret que le Parti socialiste a confirmé son changement d’alliance, rompant par là même avec le Nouveau Front Populaire. Nous prenons acte de ce choix irresponsable et dangereux pour l’avenir du pays. Nous refusons catégoriquement d’être confondu·es avec ce choix. Nous aspirons au rassemblement avec toutes celles et ceux qui se retrouvent autour du contenu du programme du NFP, dans une exigence de clarté, de respect mutuel et de fidélité à la parole donnée.
Nous ne voulons pas passer notre temps à justifier les choix injustifiables du Parti socialiste. Nous croyons que la priorité aujourd’hui est à l’action entraînant le plus grand nombre. C’est le sens de nos campagnes pour l’inscription sur les listes électorales, pour l’accès aux droits, pour la 6e République ou en soutien aux luttes sociales ou écologiques. Aujourd’hui, nous pensons nécessaire de prendre une initiative forte face à une offensive de l’extrême droite d’autant plus dangereuse qu’elle est mondiale. Le prétendu « débat » sur l’identité nationale est inacceptable. En le mettant dans l’actualité, le gouvernement Bayrou pose un acte de division du peuple français et de régression des principes républicains.
C’est pourquoi nous appelons à co-organiser partout dans le pays samedi 22 mars, de façon la plus large possible, des manifestations contre le gouvernement Bayrou, l’extrême droite et ses idées, dans le cadre de la journée internationale de lutte contre le racisme. Nous proposons à cette fin à toutes les forces clairement dans l’opposition à ce gouvernement de constituer un « comité de riposte » contre le racisme et l’extrême droite.