Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, s’était prononcé pour un 3ᵉ mandat d’Emmanuel Macron, chose aujourd’hui interdite par la Constitution. Il a été empêtré dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Un pur modèle de la Macronie, ancien socialiste passé à En Marche ! En 2017, ancien président de l’Assemblée Nationale.
Ce mercredi, Richard Ferrand a reçu l’aval du Parlement, suite à la proposition d’Emmanuel Macron de le nommer à la tête du conseil des « Sages ». Les commissions des Lois des deux assemblées ont voté, et ont validé sa nomination à la présidence du Conseil constitutionnel. Même si le vote s’est tenu à bulletin secret, deux formations politiques ont été claires dans ce vote.
Dès le départ, les députés Insoumis, par la voix de Mathilde Panot, se sont dressés et se dressent encore contre cette nomination, contraire à la séparation des pouvoirs. Les députés de Marine Le Pen et Jordan Bardella ont en revanche…validé la proposition par leur abstention. Une position ambiguë en apparence, qui se révèle en fait très claire : le RN et ses alliés sont (encore) les supplétifs des macronistes. Mais à quel prix ? Notre brève.
Le Conseil constitutionnel : un faux contre-pouvoir ?
De fait, le Conseil constitutionnel n’est pas une cour de Justice suprême, comme c’est le cas par exemple aux États-Unis. Ses membres nommés ne sont pas des juristes, mais nommés par les présidents des deux assemblées et le président de la République… qui nomme aussi le président du Conseil. Ces membres sont nommés, car leur « compétence est reconnue »… reconnue par qui ou quoi, on ne saura jamais.
C’est en revanche un bon moyen pour caser des politiciens en fin de carrière : Laurent Fabius, Alain Juppé… et donc Richard Ferrand ! Drôle de conception de la séparation des pouvoirs, celle où le chef de l’exécutif nomme le Président du Conseil constitutionnel (le pouvoir législatif).
Pour aller plus loin : Richard Ferrand bientôt nommé président du Conseil constitutionnel par son ami Emmanuel Macron ?
Le RN au secours d’un troisième mandat de Macron
Or, quelques heures avant le vote, les députés RN annoncent tout bonnement s’abstenir pour la nomination de Ferrand. Une abstention qui a valeur de soutien tacite, voire assumé. En écoutant le député lepéniste Bryan Masson, Ferrand a « rassuré » les élus d’extrême droite, par son attitude « constructive ».
Ainsi, la nomination de Ferrand a été entérinée… à une voix près ! Si le RN avait décidé de voter contre (ils laissaient planer le suspens depuis plusieurs jours), la déroute pour la macronie aurait été cinglante. Au lieu de cela, le RN laisse la République sombrer vers un gouffre d’autoritarisme… une voie toute tracée vers un régime de type fasciste !
Des motivations à plus court terme peuvent être à la manœuvre côté Le Pen. Cette dernière, embourbée dans un énième procès d’emplois fictifs, risque l’inéligibilité d’ici à 2027… sauf si une institution renommée, au hasard le Conseil constitutionnel volait à sa rescousse. Et si le nouveau président dudit Conseil devait sa place au soutien de Marine Le Pen et de ses troupes, ce dernier ne manquerait pas de renvoyer l’ascenseur.
Toujours à fond dans leurs manœuvres et leurs combines, le RN assume de plus en plus la fusion de son bloc avec celui des macronistes. Ces derniers, imbus de leur sens de l’irresponsabilité, poursuivent la dérive de la Vᵉ République vers un régime toujours plus présidentialiste et autoritaire, où les petits complots de chambre jouent avec les institutions.
Le Président Macron est bien le premier responsable et bénéficiaire de la nomination de Ferrand. Qui de mieux placé pour lui permettre de briguer un troisième mandat, par une interprétation déformée de la Constitution ? Marine Le Pen est, encore une fois, une alliée objective de Macron, la nomination de Ferrand servant les intérêts de l’un comme de l’autre.