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vendredi 14 février 2025

Depuis que Macron est à l’Élysée, 2,5 millions de personnes supplémentaires sont contraintes de recourir à l’aide alimentaire


Aujourd’hui, 8 millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire pour se nourrir, soit environ 10 % de la population française. Une situation dramatique dont François Bayrou n’a toujours pas dit un seul mot. Le 10 février 2025, jour de vote d’une motion de censure contre le Premier ministre usurpateur, Jean-Luc Mélenchon a rappelé ce bilan, dénonçant la responsabilité du pouvoir macroniste : « Que fait le gouvernement face à cela ? Rien ! Il doit être censuré ». Ce dernier a été sauvé par le Rassemblement national et le Parti socialiste qui ont refusé de voter, à deux reprises, contre la censure déposée par LFI.

Dans le pays, les files d’aide alimentaire se multiplient depuis 2017. Depuis qu’Emmanuel Macron est à l’Élysée, 2,5 millions de personnes supplémentaires ont besoin de l’aide alimentaire pendant que la fortune des 500 plus grandes fortunes de France a quant à elle doublé. Passé sous le tapis, les personnels macronistes taisent cette urgence sociale pour préférer ouvrir des débats odieux sur l’identité nationale, en guise de diversion et dans le but recherché d’une alliance avec l’extrême droite. Face à l’urgence, LFI propose le blocage des prix de produits de première nécessité et la hausse des salaires. Notre article.

Depuis 2017, 2,5 millions de personnes supplémentaires recourent à l’aide alimentaire

Ils sont désormais 8 millions à dépendre de l’aide alimentaire. Un chiffre qu’avait notamment rappelé le Secours Catholique et l’ordre de Malte entre 2020 et 2021 ; il a peu fluctué depuis. En 2017, selon vie-publique.fr, un site rattaché au gouvernement, l’aide alimentaire au gouvernement avait bénéficié à 5,5 millions de personnes. En cause : une série de politiques économiques ayant appauvri la population au profit d’une poignée de grandes fortunes.

L’appauvrissement des plus précaires et l’enrichissement de ceux d’en haut : la priorité absolue d’Emmanuel Macron dès 2017

À peine plus de deux ans que l’ex-employé de chez Rothschild & Co est aux commandes, et fin 2019, les « cadeaux » fiscaux aux plus fortunés sont déjà estimés à 30 milliards d’euros depuis le début de son 1ᵉʳ quinquennat, tandis que le nombre de personnes pauvres en France a augmenté de 400 000. 

Entre temps, les Gilets Jaunes se sont fait éborgner, mains arrachées, mâchoires fracassées, morts, et, au cœur de la tourmente, le « Grand Débat national » est lancé par un président fragilisé. Promesse de dialogue ou manœuvre dilatoire ? Le 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris brûle, tragédie symbolique qui détourne brutalement l’attention collective, les cahiers de doléances sont discrètement remisés aux archives. Les pauvres se taisent, mais se multiplient.

En octobre 2020, Jean-Luc Mélenchon déclare à l’Assemblée nationale : “ Nous allons avoir un million de pauvres en plus en 2020. C’est une situation inédite depuis 1945. Nous allons dépasser les 10 millions de pauvres, dont un enfant sur 5. Le plan dit de relance ne leur apporte que de toutes petites miettes sur la table plantureuse où d’autres se gavent” . Tandis que la pauvreté explose, l’annonce par Elisabeth Borne d’un fonds de 60 millions d’euros en 2023 «pour une aide alimentaire durable » apparaît comme dérisoire. 

Car cette même année 2023, 13,1 % de la population métropolitaine qui vit dans un logement ordinaire est touchée par la privation matérielle et sociale. Contrairement à la pauvreté monétaire, cette notion mesure l’incapacité à faire face à certaines dépenses essentielles du quotidien. Elle concerne les personnes qui, pour des raisons financières, ne peuvent assumer au moins cinq besoins parmi une liste de treize, comme par exemple, le chauffage du logement ou l’achat de vêtements.

Quant au taux de pauvreté monétaire, il a augmenté sous la présidence d’Emmanuel Macron. Selon la dernière enquête de l’INSEE (2024), en 2022, il est à 14,4 %, et le nombre de personnes concernées reste élevé : avec 9,1 millions de Français vivant avec moins de 1 216 euros par mois.

Augmenter les aides aux entreprises, « en même temps » rejeter le repas à un euro pour tous les étudiants

Paradoxe : les députés d’Emmanuel Macron sont capables d’augmenter sans contrepartie les aides aux entreprises, tout en rejetant le 9 février 2023, le repas à 1 euro pour tous les étudiant·es. Pourtant, chaque rentrée universitaire donne toute la dimension de la précarité étudiante, avec des files d’attente devant les banques alimentaires.

Selon le baromètre annuel de l’association Cop1, près d’un tiers des étudiant·es vit avec moins de 50 euros par mois. Plus de 20 % ont recours à l’aide alimentaire, dont 65 % de manière régulière, et la moitié admet avoir déjà sauté un repas faute d’argent.

Pour aller plus loin : 1 étudiant sur 2 vit avec moins de 100 euros de reste à vivre : les chiffres chocs de l’étude Cop1/IFOP

Les conséquences vont au-delà de l’alimentation : logement, santé mentale et physique, réussite scolaire… 25 % des étudiantes déclarent manquer de protections périodiques, et 41 % des étudiant·es se disent en situation d’isolement. Si le repas à 1 euro n’est certes pas une solution suffisante, il représente une avancée et une prise de conscience de la situation.

Après son rejet à une voix près par la majorité présidentielle, la nouvelle configuration politique depuis juin 2024 pourrait permettre une généralisation de cette mesure. Une pétition appelle à un vote pour son adoption, elle a été déposée par le député LFI Louis Boyard le 17 octobre 2024.

Pour aller plus loin : 220 000 réponses en 48 heures – L’enquête inédite de Louis Boyard auprès des collégiens et des lycéens en souffrance

Les politiques menées depuis 2017 n’ont pas permis de lutter contre cette précarité, constate-t-on au Sénat. « La stratégie du ruissellement des richesses promise par le président n’a pas fonctionné », note Olivier Henno, sénateur centriste du Nord. En même temps, à part un centriste, qui peut croire à cette théorie ? À droite et à son extrême, on continue d’entonner la rengaine du ruissellement, un peu comme on marmonne une prière, vite fait. 

Très concrètement, l’armada fiscale a été mise en place avec la réduction progressive de l’impôt sur les sociétés (IS), abaissé de 33,3 % en 2017 à 25 % en 2022, c’est-à-dire un allègement fiscal d’environ 11 milliards d’euros. Mieux encore l’allègement des impôts de production, c’est une réduction de 20 milliards d’euros sur la période 2021-2022, puis de 10 milliards d’euros par an, installée pour diminuer la “pression fiscale” sur les entreprises, notamment en réduisant la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE).

Puis le fameux CICE, comprendre le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, inventé sous Hollande et remplacé en 2019, par un allègement pérenne des cotisations sociales patronales, pour “simplifier le dispositif et soutenir l’emploi”.

Sans oublier la suppression de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) qui a certes été remplacé en 2018 par l’Impôt sur la Fortune immobilière (IFI), fait pour recentrer l’imposition sur les actifs immobiliers en exonérant les autres formes de patrimoine, avec un but : stimuler l’investissement productif. Bref ! Tout pour faire tourner un capitalisme financiarisé et mondialisé à plein régime, qui saura le temps venu montrer toute sa générosité. Quoique !

La moitié des Français ne possèdent que 5 % de la richesse totale du pays

Et pendant ce temps-là, en attendant un ruissellement qui ne risque pas d’advenir, les chiffres sont inquiétants (INSEE 2024) avec 4,2 millions de mal-logés, 300 000 SDF et 6 millions de Français qui ne peuvent pas chauffer leur logement comme ils le souhaitent. Thomas Piketty, économiste, souligne que « la moitié des Français ne possèdent que 5% de la richesse totale du pays », un chiffre qui révèle toute l’ampleur des inégalités patrimoniales.

Un volume de gens à la merci des politiques fiscales, de la stagnation des salaires, des délocalisations et du chômage, des crises successives, pandémie de COVID-19, des conflits (enfin des guerres) et de la crise énergétique, autant de facteurs qui expliqueraient l’augmentation de la pauvreté et du recours à l’aide alimentaire. 

C’est peut-être oublier que la pauvreté joue un rôle structurant dans le fonctionnement du capitalisme. “C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches” écrivait Victor Hugo en 1869. Les discours de fin d’année des chefs d’État, de Pompidou à Macron en passant par Hollande, Chirac, Giscard d’Estaing et Mitterrand, ont une même musique : remettre à plus tard l’idée de jours heureux, marteler une même parole « nous venons de vivre une année difficile » et celle qui nous attend sera « intense et difficile ».

La pauvreté et l’insécurité économique agissent comme un mécanisme de discipline sur les travailleurs, comme sur l’ensemble de la population. « La précarité est aujourd’hui organisée. Elle n’est pas un dysfonctionnement, mais une condition indispensable au fonctionnement de l’économie néolibérale », explique le sociologue Pierre Bourdieu en 1998. 

Ce serait donc l’équilibre cynique d’un système économique fondé sur l’inégalité et l’accumulation ? Une exploitation qui a un coût humain et social immense, et qui pose la question de sa durabilité morale et écologique.

Si LREM, La République En Marche ! n’a pas trouvé sa voie, Renaissance le nouveau nom du parti politique d’Emmanuel Macron, rebaptisé le 17 septembre 2022, à Paris n’a rien à voir avec la fin du Moyen Âge et le début d’une époque moderne. C’est juste du packaging, à l’intérieur, la bête est la même. Rien dans l’offre politique du macronisme ne propose la moindre issue.

Dans Les Essais, Livre I, Montaigne avait prévenu : « le profit de l’un est le dommage de l’autre. » Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir entendu des voix… Orléans le 27 juillet 2017, le Président déclarait : « je ne veux plus, d’ici à la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus. »

Sources:linsoumission.fr( jean-Philippe Vallespir)






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