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vendredi 28 février 2025

Du NSDAP à l’AFD : le 30 janvier 1933 en Allemagne, une droite irresponsable confie le pouvoir aux nazis(part2)

 

 Le gouvernement fait ainsi passer le budget en détournant cet article de son objet originel : ni « la sécurité », ni « l’ordre public » ne sont « gravement compromis ou menacés » ! Toutefois, le Parlement résiste et vote, en vertu de l’article 48-3, une motion de rejet, qui provoque la dissolution du Parlement – la première d’une série de quatre dissolutions entre 1930 et 1933 – par le Président. Toutefois, le Président fait passer le budget tout de même, par ordonnance, avant l’élection de la nouvelle assemblée, ce qui constitue un véritable coup de force (juillet 1930).

Mais la dissolution est un échec : l’Assemblée qui résulte des élections du 14 septembre 1930 est encore plus ingouvernable que la précédente, marquée par un tassement des partis des coalitions gouvernementales (gauche modérée, centre et droite) et une progression des communistes (KPD) avec 13,1 % des voix et, surtout, du NSDAP (parti nazi) qui passe de 2,6 % des voix en 1928 à 18,3 %.

Qu’importe pour les conservateurs : le gouvernement de Brüning, maintenu dans ses fonctions, gouvernera par ordonnances et décrets. Mieux, il échappe à la motion de rejet (on dirait en France « de censure ») par la bienveillance des sociaux-démocrates qui font le choix, tout en se disant dans l’opposition, d’une « politique de tolérance » vis-à-vis de Brüning, par peur de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite et pour sauver la République

« Après avoir voté contre les lois de Brüning et après avoir fait triompher une motion de censure contre l’ordonnance de juillet [1930], le SPD s’apprête à soutenir des mesures fiscales et sociales bien pires, non en votant pour elles, mais en s’abstenant chaque fois qu’une motion de rejet (article 48 alinéa 3) sera déposée contre une ordonnance de l’article 48-2. Les sociaux-démocrates défendent que Brüning est « le moindre mal », comparé aux nazis. Ils vont toutefois « tolérer » une politique économique et sociale qui, en aggravant la crise, nourrit le vote nazi comme jamais. »

J. Chapoutot, Les Irresponsables…, p.46

La droite aux affaires mène une politique économique et sociale inefficace et impopulaire

Cette « politique de tolérance » du SPD permet au chancelier de mener sa politique austéritaire qui, en réalité, asphyxie l’économie allemande. Par la déflation (baisse des salaires) Brüning espère redonner de la compétitivité à l’économie de son pays, dans le contexte de la grande dépression économique mondiale : c’est peine perdue face aux dévaluations monétaires et autres politiques protectionnistes menées par la plupart des autres pays.

Après s’être maintenu deux ans au pouvoir, l’honnête mais austère chancelier chute sur sa volonté d’assainir les aides aux territoires allemands les plus à l’est (Prusse orientale, Mecklembourg, etc.) : ces Osthilfe (aides à l’Est) sont largement détournées au profit des grands propriétaires terriens dont les intérêts sont défendus par Hindenburg, lui-même grand propriétaire terrien, qui, avec sa « Kamarilla » entrainée par le général von Schleicher, pousse Brüning à la démission (30 mai 1932).

Son successeur, l’aristocrate et homme de réseaux von Papen, très proche de Hindenburg, forme un gouvernement totalement « hors-sol » (1er juin – 3 décembre 1932), coupé des réalités du peuple, composé pour l’essentiel d’aristocrates et de grands bourgeois : on le surnomme « le cabinet des barons ». Le nouveau chancelier demande et obtient de Hindenburg de dissoudre le Parlement et d’organiser de nouvelles élections législatives.

Ce seront les élections du 31 juillet 1932. Ce choix est difficilement compréhensible car il est pris en pleine ascension électorale des nazis : Hitler vient de réaliser un très bon score à l’élection présidentielle (plus de 30 % des voix au premier tour, près de 37 % au second) et le NSDAP gagne ou progresse très fortement dans la plupart des élections locales (dans les Länder qui composent l’Allemagne, dans les municipalités aussi), au point que les nazis peuvent participer aux gouvernements locaux, ce qu’ils font depuis 1930 dans le Brunswick ou en Thuringe par exemple…

Bref, dissoudre dans la situation de montée de l’extrême droite relève d’un « pari fou » qui, naturellement, est perdu. Non seulement les nazis, profitant de la levée de l’interdiction des SA et des SS, milices nazies, par von Papen, organisent une violence inouïe durant la campagne électorale, causant plus de cent morts au cours de l’été 1932. Mais encore le gouvernement en profite pour prendre le contrôle du gouvernement du Land de Prusse (et en éliminer les sociaux-démocrates) et pour imposer des lois d’exception dans la région de Berlin – en pleine campagne électorale !

Le résultat : la base électorale du gouvernement s’effondre à moins de 10 % des voix ; les nazis en tirent tout le bénéfice avec 37,3%, leur « apogée électorale » comme le souligne Alfred Wahl (Alfred Wahl, L’Allemagne de 1918 à 1945, Armand Colin, 1993, p.80)


Peu importe, pour le chancelier von Papen, membre de cette aristocratie nostalgique de l’ancien régime impérial : il gouvernera sans majorité au Parlement, en tordant un peu plus le bras à la Constitution de 1919, selon les principes du retour « au capitalisme, à l’économie privée, à la libre initiative de l’individu ». Von Papen ajoute : « il faut assouplir et déréglementer partout où nous le pouvons » (Cité dans J. Chapoutot, Les irresponsables…, pp.147-154), tout en condamnant l’Etat-providence. Il mène une politique de l’offre que nous appellerions « néolibérale » fondée sur la dépense publique à destination des entreprises et la réduction des droits sociaux.

Ainsi s’en prend-il aux assurances chômage, renvoyant l’aide aux plus démunis vers la charité privée. Tout cela, toujours selon le chancelier von Papen, ne peut se faire que dans un Etat autoritaire : « L’ordre et la paix civile, et encore l’ordre […] sont les présupposés de toute vie économique qui repose sur la libre initiative de l’entreprise privée. » On ne saurait mieux définir le libéralisme autoritaire !

Mais, lors de la première séance de travail du Reichstag nouvellement élu, le 12 septembre 1932, le gouvernement von Papen est renversé par une motion de censure votée par 512 députés contre 42 ! C’est une humiliation pour le chancelier. Et pourtant, soutenu par seulement 7,5 % des députés, il s’accroche au pouvoir.

La « Kamarilla » autour du président Hindenburg offre la chancellerie à Hitler

Après avoir sapé le gouvernement de Brüning puis donné par la dissolution de juin 1932 une puissante assise parlementaire aux nazis, von Papen entame des discussions avec d’éventuels partenaires parmi lesquels les nazis. Il leur propose une participation au gouvernement, et même la vice-présidence de la chancellerie pour Hitler. Celui-ci, craignant non sans raison d’être affligé de l’impopularité du gouvernement von Papen, refuse et exige de devenir lui-même chancelier, ce qu’Hindenburg rejette avec hauteur. La situation est bloquée. Le ministre de l’Intérieur, von Gayl analyse la division de l’Assemblée en trois grandes forces politiques difficilement conciliables :

« On peut attribuer un bon tiers des électeurs aux nazis. […] La gauche ouvrière organisée dans le SPD, avec les communistes, est à peine moins forte. Entre ces deux piliers, il y a le centre comme force importante. »

Baron Wilhelm von Gayl, 10 août 1932, cité dans J. Chapoutot, Les Irresponsables…, p.171.

A suivre: Du NSDAP à l’AFD : le 30 janvier 1933 en Allemagne, une droite irresponsable confie le pouvoir aux nazis (part3)

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jeudi 27 février 2025

Du NSDAP à l’AFD : le 30 janvier 1933 en Allemagne, une droite irresponsable confie le pouvoir aux nazis.(part1)


Ce dimanche 23 février 2025, les élections allemandes ont placé le parti AfD (Alternativ für Deutschland) en deuxième place avec plus de 20 % des voix derrière une droite CDU-CSU en progrès à 28,5 %. L’extrême droite allemande réalise ainsi son plus haut score dans des élections libres depuis 1932, doublant son nombre de sièges au Bundestag, l’Assemblée fédérale allemande.

Or ce parti accepte, voire revendique l’héritage nazi, certes en le dissimulant encore, mais si peu, derrière des affiches ambigües (avec des saluts nazis à peine dissimulés, comme en Thuringe à l’été 2024) ou des jeux de mots douteux, avec le slogan de leur chef de file, Alice Weidel : « Alice für Deutschland », qui rappelle celui de la milice nazie des SA : « Alles für Deutschland » (« Tous pour l’Allemagne »). Et que dire du soutien ultramédiatisé apporté à l’AfD par Elon Musk, le conseillé néonazi de Trump aux airs de savant fou dystopique, qui propose une réécriture malhonnête de l’histoire de l’Allemagne et du nazisme ?

Si l’Allemagne est loin d’être le pays du monde où l’extrême droite obtient ses meilleurs résultats – elle est arrivée au pouvoir sous diverses formes en Argentine, aux Etats-Unis, en Italie, en Hongrie, sans parler de l’Inde de Modi… – cette poussée de l’AfD interroge, dans le pays qui a vu le nazisme arriver au pouvoir le 30 janvier 1933 avec la nomination d’Hitler comme chancelier du Reich, avec les conséquences terribles que l’on sait pour l’ensemble de l’Europe et du monde : déclanchement de la Seconde guerre mondiale, génocide des Juifs et des Tsiganes…

Dans ce contexte, l’historien Johann Chapoutot nous propose une étude bienvenue sur l’arrivée des nazis au pouvoir le 30 janvier 1933. Ou plutôt sur la façon dont, essentiellement au cours de l’année 1932, la majeure partie de la droite libérale et conservatrice les ont fait accéder au pouvoir. En effet, contrairement à une idée encore largement répandue – et fausse – les nazis ne doivent pas leur arrivée au pouvoir à une élection : Hitler n’a jamais été élu. Ni à une « prise de pouvoir » comme on le lit parfois, même dans des publications sérieuses – il avait d’ailleurs manqué lamentablement son coup d’Etat de 1923.

En réalité, les nazis, en 1933, n’ont fait que s’installer dans un pouvoir qui leur a été donné. Mais par qui ? Dans Les Irresponsables. Qui a porté Hitler au pouvoir ? (chez Gallimard), Johann Chapoutot montre que c’est la droite libérale, conservatrice et nationaliste, appuyée sur les élites économiques, financières et militaires, qui a préféré pousser les nazis à la chancellerie plutôt que de voir menée une politique soucieuse de partager, même très modérément, une partie de la richesse nationale. Nous nous sommes appuyés sur cet ouvrage, dont nous recommandons vivement la lecture, passionnante, mais aussi sur d’autres, afin de proposer cette réflexion.

Ainsi, l’ascension des nazis, selon la lecture que J. Chapoutot nous invite à faire de cette histoire, n’a rien d’irrésistible, même si la progression électorale du NSDAP (le parti politique d’Hitler) est considérable entre 1930 et 1932. C’est au contraire une droite désemparée qui, affaiblie par sa propre politique économique, inefficace et impopulaire, tourne le dos au parlementarisme dès 1930 et décide, pendant la décisive année 1932, de donner le pouvoir aux nazis, pensant être en mesure de se jouer d’eux. Les nazis n’ont plus alors qu’à se glisser dans les oripeaux de la République allemande dite « de Weimar » et enfiler les habits de l’autoritarisme bien préparés par la droite. Notre article.

Une idée reçue très répandue – et fausse : les nazis ont « pris » le pouvoir par les urnes

Le parti nazi se rallie à la stratégie électorale

Le parti nazi s’appelle en réalité : Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, ou NSDAP, c’est-à-dire : Parti national-socialiste des travailleurs allemands, ce qui, par apocope (on ne garde que le début de l’expression) donne : nazi (en allemand, prononcer : « natsi »). Il a été fondé en 1919 ; il n’était alors que le DAP, le « national-socialisme » a été ajouté en février 1920 par pur opportunisme, pour lancer « un double appel à la droite et à la gauche » (J. Chapoutot et C. Ingrao, Hitler, p.72).

Mais le petit parti ne pèse guère à côté des autres grands partis de l’extrême droite ou de la droite nationaliste comme le DNVP, le parti populaire national-allemand. Les dirigeants du NSDAP s’associent au putsch de 1923, dirigé par le général Lundendorff. L’échec est cuisant : Hitler est condamné pour haute-trahison mais à une légère peine d’incarcération, grâce aux idées très nationalistes du président du tribunal. Il écrit Mein Kampf en prison et met au point une nouvelle stratégie de conquête du pouvoir : la voie électorale.

a stratégie électorale nazie pour prendre le pouvoir est tenue en échec

Dans un premier temps, cette stratégie est un échec : le parti ne « décolle » pas aux élections. Du moins pas avant 1930. En effet, face à une réponse impopulaire du gouvernement à la crise économique importée des Etats-Unis, le parti nazi, qui ne rassemblait encore que 2,6 % des voix en 1928, convainc 18,3 % des électeurs en 1930, après la dissolution du Parlement voulue par le chancelier Brüning face à un Reichstag qui lui résistait.

Puis, après une autre dissolution ratée par le pouvoir en place (von Papen), il atteint son apogée électorale avec 37,3 % des voix (juillet 1932). Entre temps, Hitler, qui venait d’obtenir la nationalité allemande, avait réussi à atteindre 30 % des voix au premier tour de la présidentielle le 12 mars 1932 – mais, contrairement à ce que l’on entend encore parfois, Hitler n’a jamais été élu.

Cette fulgurante progression électorale du début des années 1930 se double de l’effondrement de la droite « classique », conservatrice, libérale, nationaliste. Le chancelier von Papen n’est soutenu que par une base électorale qui s’est affaissée autour de 10 % des voix en 1932.

Il faut se garder de considérer l’arrivée des nazis au pouvoir comme inéluctable : elle est loin d’être évidente en 1932. C’est d’autant plus tangible que les nazis, à la fin de cette année, ont connu un reflux électoral qui montre leur incapacité à prendre le pouvoir par les seules élections. Goebbels, maître d’œuvre de la propagande nazie, indique même dans son journal personnel qu’Hitler envisage de se suicider si sa stratégie échoue – et elle en train d’échouer en décembre 1932.

Le parti nazi se divise sur la tactique à suivre : participer à un gouvernement de droite, comme cela leur est proposé depuis au moins l’été 1932 ? Ou exiger la chancellerie, c’est-à dire la tête du gouvernement, comme Hitler le prône, mais sans succès ?

Le numéro deux du NSDAP, Strasser, théoricien du nazisme et efficace organisateur du parti, était alors aussi charismatique que Hitler ; il menace de quitter le parti pour s’allier avec la droite et démissionne de toutes ses responsabilités au sein du parti nazi le 8 décembre 1932. De nombreux cadres du parti sont prêts à le suivre et à désavouer la stratégie hitlérienne. Il s’en faut de peu que le parti n’explose. C’est dire que l’arrivée de Hitler au pouvoir n’a rien d’irrésistible !

En réalité, les nazis ont été appelés au pouvoir par une droite aux abois, en plein désastre électoral, du fait des échecs de leurs politiques économiques successives.


Comment la droite allemande a donné le pouvoir aux nazis

Vers la présidentialisation de la République

Le régime politique de l’Allemagne est, depuis la défaite de 1918 et l’effondrement de l’Empire, une République, dite « de Weimar » car c’est dans cette petite ville de Thuringe que sa constitution a été adoptée et proclamée. C’est un régime parlementaire, c’est-à-dire que le gouvernement, dirigé par le chancelier, est responsable devant le Parlement, mais avec un président élu au suffrage universel direct, ce qui lui donne une légitimité importante.

Or, après le social-démocrate Ebert (1919-1925), c’est la maréchal Paul von Hindenburg qui est élu président en 1925. Issu de la noblesse terrienne de Prusse, il est un nationaliste conservateur, peu versé dans les affaires politiques mais entouré d’un groupe de conseillers plus ou moins compétents mais tous issus des élites militaires ou économiques – groupe que l’on appelle la « Kamarilla » (ou la camarilla), c’est-àdire la « petite chambre » – par opposition à la « grande », l’Assemblée élue appelée Reichstag.

Or en 1930, la coalition de gouvernement en place depuis 1928, dirigée par Hermann Müller, leader du SPD (le Parti social-démocrate) avec le Zentrum (centre) et la droite modérée, vole en éclat face aux solutions à apporter à la crise économique arrivée des Etats-Unis (du fait du krach boursier d’octobre 1929) : le SPD de centre-gauche, premier parti du Reichstag, prône une politique de relance par la consommation ; la droite une politique d’austérité et de déflation (baisse des salaires) pour garantir un équilibre budgétaire. Le Parlement n’est plus gouvernable, Müller démissionne. Le président Hindenburg nomme un gouvernement minoritaire avec Heinrich Brüning (Zentrum). Mais pour pouvoir gouverner, la Kamarilla autour de Hindenburg propose d’utiliser l’article 48-2 de la Constitution de 1919 :

« Le Président du Reich peut, si la sécurité et l’ordre public sont gravement compromis ou menacés, prendre les mesures nécessaires au rétablissement de la sécurité et de l’ordre public et procéder au besoin avec l’aide de la force armée ».

(Constitution allemande de 1919, art.48-2)

A suivre :Du NSDAP à l’AFD : le 30 janvier 1933 en Allemagne, une droite irresponsable confie le pouvoir aux nazis (part2)




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mardi 25 février 2025

« Le salon de l’Agriculture rouvre ses portes, les agriculteurs vont toujours aussi mal » – Aurélie Trouvé dénonce la culpabilité de Macron

 Agriculture. Il y a un an, les agriculteurs se mettaient en mouvement, inédit par son ampleur, pour vivre dignement de leur travail. Prix rémunérateurs garantis et fin des traités de libre échange étaient les revendications portées d’un bout à l’autre du pays. Un an après, que s’est-il passé ? La promesse d’Emmanuel Macron d’instaurer des prix planchers a rejoint le placard des promesses non tenues du chef de l’État.

Après les coups de communication pour calmer le mouvement, le bilan est terrible. Les revenus des agriculteurs ont baissé en moyenne de 8 %. 10 000 fermes ont disparu en un an pendant qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours. 2025 n’annonce rien de bon pour le monde agricole. Le budget Bayrou a amputé la mission agriculture de 636 millions d’euros, par la complicité du Rassemblement national et du Parti socialiste ayant fait le choix de sauver in extremis l’illégitime gouvernement Bayrou.

Dans une tribune publiée à Libération, Aurélie Trouvé revient sur les difficultés rencontrées par le monde agricole. La députée LFI et présidente des affaires économiques de l’Assemblée nationale pointe les responsables et leurs complices : Emmanuel Macron, François Bayrou et l’Union européenne.

« L’agroécologie balayée par l’ultralibéralisme obscurantiste », dénonce la députée LFI Aurélie Trouvé, alors que le salon de l’Agriculture se tient cette semaine

Pour répondre à la crise des agriculteurs, la loi d’orientation agricole attaque des protections environnementales durement acquises au fil des années, dénonce la députée LFI Aurélie Trouvé. A rebours de ce qu’il faut faire pour soutenir les agriculteurs et protéger l’eau ou la biodiversité.

Il y a un an, des agriculteurs prenaient la route pour Paris sur leurs tracteurs, bloquaient des routes… A quelques jours du Salon de l’agriculture, le mot d’ordre était ;: des prix rémunérateurs ;! Un an après, les agriculteurs vont toujours aussi mal. Les revenus ont baissé en moyenne de 8 ;%. La production, les prix agricoles ont à nouveau reculé comme l’indique l’Insee. 16 ;% des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14 ;% des ménages français. Et 10 ;000 fermes disparaissent chaque année.

Le Salon de l’agriculture rouvre ses portes et aucune nouvelle réponse n’a été apportée. Ni pour faciliter l’accès des jeunes à des terres agricoles, ni pour garantir des prix rémunérateurs aux agriculteurs, ni pour les protéger des importations et des multinationales qui leur achètent leurs produits à prix cassés. Pire, l’Union européenne s’apprête à entériner un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur et la France appuie la signature de nouveaux accords, menaçant toute notre agriculture familiale.

L’année dernière déjà, le gouvernement Attal s’était mis en scène dans une ferme, monté sur des bottes de paille, pour fustiger la charge réglementaire pesant d’après lui sur le monde agricole. Fait nouveau cette année, la droite sénatoriale s’immisce dans le débat et amène une variation inquiétante, mariage du déni scientifique de Donald Trump et de tronçonneuse d’Elon Musk et Javier Milei ; : la guerre totale contre les normes, et ce faisant contre l’Etat de droit et le droit à vivre dans un environnement sain.

Pour aller plus loin : UE-Mercosur : un accord mortel pour les agriculteurs, la macronie a affiché une opposition de façade

Régression environnementale

La loi d’orientation agricole, considérablement remaniée par les sénateurs, attaque des protections environnementales durement acquises au fil des années. Ainsi en est-il du principe de non-régression de la souveraineté alimentaire, introduit pour attaquer celui de la non-régression environnementale, à tel point qu’il sera sans doute censuré par le Conseil constitutionnel. Ou bien du principe «pas d’interdiction sans solution» ;: même s’il est prouvé qu’un pesticide ou herbicide est potentiellement mortel, il pourra continuer à être utilisé.

Les aménagements agricoles, fussent-ils un méga méthaniseur ou un poulailler géant, seront quant à eux sortis du zéro artificialisation nette (le ZAN), détruisant au passage ce dispositif qui protège en premier lieu les surfaces agricoles.

Mais c’est la signification politique de cette loi d’orientation qui est la plus redoutable ;: elle revient sur trente ans d’une lente prise de conscience de la nécessaire transition agroécologique. Pour la première fois, les règles environnementales et les aides distribuées aux agriculteurs pour y répondre sont fortement affaiblies. Le principe d’«agroécologie» a été évincé de la loi d’orientation agricole sur pression de la droite sénatoriale, avec l’appui de tout le bloc présidentiel et jusqu’à l’extrême droite. Et une autre proposition de loi «Duplomb» vient d’être votée au Sénat, allant encore bien plus loin encore dans la régression environnementale.

L’agroécologie est pourtant une façon de mieux produire, en interaction avec les écosystèmes, sans les détruire mais au contraire en utilisant leurs fonctions pour optimiser la production. Ainsi en est-il des complémentarités entre cultures et élevages, des rotations diversifiées de cultures, des pâturages tournants et tant d’autres techniques issues des savoir-faire agricoles.

La biodiversité dans les champs s’étiole

L’agroécologie est balayée par le souffle de l’ultralibéralisme obscurantiste et productiviste. La science elle-même est niée ;: l’Anses, agence nationale de sécurité sanitaire, est la cible d’attaques lorsqu’elle interdit les substances les plus nocives pour la santé. Pourtant les faits sont têtus ;: en France, diminué depuis quinze ans, l’utilisation de produits phytosanitaires n’a globalement pas le linéaire de haies diminue dramatiquement chaque année, la biodiversité dans les champs s’étiole, les réserves en eau s’épuisent et pour la première fois, les surfaces en agriculture biologique reculent.

Mais réfuter la crise écologique, c’est surtout nier le savoir des agriculteurs et des éleveurs ;: car la plupart, confrontés aux aléas, aux évolutions pédoclimatiques, aux pertes de rendement, ont bel et bien commencé à enclencher une transition environnementale. Celle ci doit être soutenue par des aides leur permettant, sur cinq ou dix ans, de transformer leurs façons de produire. Elle doit être rendue possible par des protections aux frontières contre toutes les importations déloyales, venues de pays où règne la quasi absence de règles sanitaires et environnementales.

Elle ne pourra être pleinement acceptée et mise en œuvre par les agriculteurs que quand des prix rémunérateurs leur seront garantis. Enfin, elle ne pourra enfin être menée que grâce à des moyens substantiels donnés à la recherche publique et à tous les organismes de développement agricole.

A très court terme, on observe que le budget de François Bayrou est aux antipodes de ces besoins. A plus long terme semble surtout émerger, du centre à la droite et l’extrême droite, une alliance obscurantiste prête à littéralement dévaster la planète, ses habitants, et au passage la souveraineté alimentaire dont ils se revendiquent.

Par Aurélie Trouvé

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lundi 24 février 2025

En attendant le Grand soir!

En attendant'' le grand soir'' Fabien Roussel souhaiterait supprimer le RSA au motif que celà aurait permis à la droite de séparer les gens entre les travailleurs et les cassos(cas sociaux) et d'autre part que des personnes se crèvent la paillasse pendant que leur voisin vit aussi bien qu'eux.
Rappel: une personne seule perçoit 635,70€ 
Une personne avec un enfant 953,56€
Seul(e) avec APL:559,42€
Seul(e)avec APL et un enfant :800,99€

Deux tiers des bénéficiaires du RSA au chômage se déclarent freinés dans leurs démarches de recherche d'emploi

Parmi les bénéficiaires du revenu de solidarité active(RSA)fin 2017 un quart est en emploi fin 2018 et la moitié au chômage(sans emploi et à la recherche d’un travail) d’après l’enquête auprès des bénéficiaires de minima sociaux(BMS)Deux tiers des bénéficiaires du RSA fin 2017 se trouvant au chômage en 2018 déclarent être freinés dans leurs démarches de recherche d’emploi dont près d’un sur deux cite comme principal obstacle l’absence de moyen de transport ou le coût des déplacements.Parmi les  bénéficiaires du RSA sans emploi qui ne recherchent pas d’emploi mais qui souhaiteraient travailler,40% affirment que leurs problèmes de santé sont la raison principale pour laquelle ils ne tentent pas de trouver un travail.

Trois bénéficiaires du RSA sur cinq ont eu en 2018 au moins un besoin d’aide en matière professionnelle ou sociale qui n’a pas abouti à un accompagnement.Seul un tiers des bénéficiaires ont déclaré avoir eu un accompagnement à visée professionnelle ou sociale au cours de l’année 2018.

Que le RSA ne soit pas la solution à une vie digne chacun peut en être convaincu.Ci-dessous un graphique des métiers qui sont émunérés sous le smic.










En attendant ''le grand soir''le RSA est une petite bouée de sauvetage pour celles et ceux qui perdent leur travail,la santé ou qui traversent des mauvaises passes de la vie.Quand au discours de Fabien Roussel qui prétend représenter le parti du travail on lui serait gré  face à l’absurdité de l’organisation capitaliste du travail, dans laquelle certains s’épuisent au cours de longues journées à l’usine ou au bureau et croulent sous la charge de travail, les heures sup et la pression à la rentabilité, alors que d’autres sont privés d’emploi ou condamnés à la précarité, on lui serait gré de rejoindre celles et ceux qui oeuvrent  à répartir le temps de travail entre toutes et tous, pour résorber le chômage de masse et abaisser la durée et la pénibilité du travail. C’est la proposition que le mouvement ouvrier a toujours défendu, y  compris, un temps, au sein du PCF.



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jeudi 20 février 2025

le RN au secours de Macron et le PS rhabillé pour l’hiver quitte l’hémicycle au moment de la discussion de sa motion de censure.

Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, s’était prononcé pour un 3 mandat d’Emmanuel Macron, chose aujourd’hui interdite par la Constitution. Il a été empêtré dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Un pur modèle de la Macronie, ancien socialiste passé à En Marche ! En 2017, ancien président de l’Assemblée Nationale.

Ce mercredi, Richard Ferrand a reçu l’aval du Parlement, suite à la proposition d’Emmanuel Macron de le nommer à la tête du conseil des « Sages ». Les commissions des Lois des deux assemblées ont voté, et ont validé sa nomination à la présidence du Conseil constitutionnel. Même si le vote s’est tenu à bulletin secret, deux formations politiques ont été claires dans ce vote.

Dès le départ, les députés Insoumis, par la voix de Mathilde Panot, se sont dressés et se dressent encore contre cette nomination, contraire à la séparation des pouvoirs. Les députés de Marine Le Pen et Jordan Bardella ont en revanche…validé la proposition par leur abstention. Une position ambiguë en apparence, qui se révèle en fait très claire : le RN et ses alliés sont (encore) les supplétifs des macronistes. Mais à quel prix ? Notre brève.

Le Conseil constitutionnel : un faux contre-pouvoir ?

De fait, le Conseil constitutionnel n’est pas une cour de Justice suprême, comme c’est le cas par exemple aux États-Unis. Ses membres nommés ne sont pas des juristes, mais nommés par les présidents des deux assemblées et le président de la République… qui nomme aussi le président du Conseil. Ces membres sont nommés, car leur « compétence est reconnue »… reconnue par qui ou quoi, on ne saura jamais.

C’est en revanche un bon moyen pour caser des politiciens en fin de carrière : Laurent Fabius, Alain Juppé… et donc Richard Ferrand ! Drôle de conception de la séparation des pouvoirs, celle où le chef de l’exécutif nomme le Président du Conseil constitutionnel (le pouvoir législatif).

Pour aller plus loin : Richard Ferrand bientôt nommé président du Conseil constitutionnel par son ami Emmanuel Macron ?



Le RN au secours d’un troisième mandat de Macron

Or, quelques heures avant le vote, les députés RN annoncent tout bonnement s’abstenir pour la nomination de Ferrand. Une abstention qui a valeur de soutien tacite, voire assumé. En écoutant le député lepéniste Bryan Masson, Ferrand a « rassuré » les élus d’extrême droite, par son attitude « constructive ».

Ainsi, la nomination de Ferrand a été entérinée… à une voix près ! Si le RN avait décidé de voter contre (ils laissaient planer le suspens depuis plusieurs jours), la déroute pour la macronie aurait été cinglante. Au lieu de cela, le RN laisse la République sombrer vers un gouffre d’autoritarisme… une voie toute tracée vers un régime de type fasciste !

Des motivations à plus court terme peuvent être à la manœuvre côté Le Pen. Cette dernière, embourbée dans un énième procès d’emplois fictifs, risque l’inéligibilité d’ici à 2027… sauf si une institution renommée, au hasard le Conseil constitutionnel volait à sa rescousse. Et si le nouveau président dudit Conseil devait sa place au soutien de Marine Le Pen et de ses troupes, ce dernier ne manquerait pas de renvoyer l’ascenseur.

Toujours à fond dans leurs manœuvres et leurs combines, le RN assume de plus en plus la fusion de son bloc avec celui des macronistes. Ces derniers, imbus de leur sens de l’irresponsabilité, poursuivent la dérive de la Vᵉ République vers un régime toujours plus présidentialiste et autoritaire, où les petits complots de chambre jouent avec les institutions.

Le Président Macron est bien le premier responsable et bénéficiaire de la nomination de Ferrand. Qui de mieux placé pour lui permettre de briguer un troisième mandat, par une interprétation déformée de la Constitution ? Marine Le Pen est, encore une fois, une alliée objective de Macron, la nomination de Ferrand servant les intérêts de l’un comme de l’autre.

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mercredi 19 février 2025

A69 – Vers l’annulation totale du chantier ? Récit d’une audience historique

Ce mardi 18 février était sans doute l’une des journées les plus importantes de l’histoire de la lutte contre l’autoroute A69 Toulouse-Castres. Au tribunal administratif de Toulouse se déroulait une audience historique pour décider du sort de cette autoroute devant la Justice. L’objectif : déterminer la légalité ou non de l’autorisation environnementale de ce projet. La rapporteure publique a battu en brèche tous les arguments des défenseurs de ce projet écocidaire et a demandé l’annulation du projet. La décision du tribunal sera rendue le 27 février 2025.

Avant l’audience, militants associatifs et insoumis se sont rassemblés en nombre pour montrer leur détermination pour que justice soit faite. Parmi les interventions qui se sont succédé, la députée LFI Anne Stambach-Terrenoir a rendu hommage à tous ceux qui se mobilisent depuis longtemps et ont fait de ce combat un combat national au retentissement international. Le militant Julien Le Guet, pourfendeur inlassable des méga-bassines, était là, lui aussi, pour exprimer sa solidarité et dire combien ces luttes portaient un sens commun pour la sauvegarde de notre environnement. À cette heure, l’espoir est permis de voir ce projet définitivement annulé. Un reporter de l’Insoumission.fr était sur place.

L’avis sans appel de la rapporteure publique contre l’autoroute A69

L’audience s’est ouverte devant une salle archi-comble, pour statuer sur le fond dans la procédure que les opposants à l’autoroute A69 ont intenté contre l’État et le concessionnaire ATOSCA. Les juges devront se prononcer sur la légalité des arrêtés préfectoraux autorisant la destruction d’espèces protégées et de leurs habitats dans le cadre de la construction de l’autoroute A69.

La rapporteure publique, magistrate indépendante, qui intervient en premier lors de l’audience, avait pour rôle, après étude du dossier, de donner son opinion sur les questions à juger et sur les solutions pour y répondre. Son avis a été sans appel. Elle s’est prononcée, pour la deuxième fois après la première audience de novembre 2024 qui avait donné lieu à une réouverture de l’instruction, pour l’annulation totale de l’autorisation environnementale sans régularisation possible. Même si cet avis ne s’impose pas obligatoirement au tribunal, c’est une immense victoire pour les collectifs qui se battent depuis des années contre ce projet inutile, destructeur et antisocial.

C’est l’absence de RIIPM (Raison impérative d’intérêt public majeur) qui justifie cette position. En effet,ce type de projet d’ampleur doit être à la fois absolument nécessaire, « impératif », et d’une très grande importance, « majeur ». Ni la sécurité apportée par une autoroute réputée moins accidentogène, ni l’augmentation supposée de l’attractivité du territoire, ni l’amélioration potentielle de la qualité de vie des riverain·nes, ne s’impose avec les critères exigés par la RIIPM, a estimé la rapporteure publique.

Pour aller plus loin : Tentative d’incendie, déploiement militaire : contre les opposants à l’A69, un nouveau palier de violence est franchi

Si cet avis est suivi, ce qui se passe dans l’immense majorité des cas, le chantier devra immédiatement s’arrêter.

Les avocat·es des collectifs ont eu beau jeu d’enfoncer le clou, dénonçant par ailleurs la manœuvre de l’État des collectivités et du concessionnaire qui ont annoncé quelques jours avant l’audience une baisse du péage sur une portion du parcours, ultime tentative de pression sur les juges. Avec cette annonce, ce sont les contribuables qui viendraient remplir les poches du concessionnaire, lui assurant un revenu qui, on peine à la croire, serait d’autant plus important que l’autoroute serait plus fréquentée. Les avocat·es ont souligné que ce dispositif insensé avait toutes les chances d’être retoqué par l’ART (Autorité de régulation des transports) si toutefois il passait l’obstacle du vote par les assemblées locales.

Les représentants de l’État pris en tenaille

Le représentant de l’État et les avocats des porteurs du projet (ATOSCA, Vinci) ont eu toutes les peines du monde à remonter la pente. Leurs tentatives, un peu désespérées, d’avancer l’argument du désenclavement d’un territoire déjà desservi par une route nationale, une ligne de chemin de fer et un aéroport national sont tombés à plat.

Le représentant de l’État, on serait tenté de dire le représentant des lobbys économiques locaux, s’est fait le porte-parole du chantage à l’emploi des Laboratoires Pierre Fabre, principal employeur privé du territoire. Il a même osé parler de « condamnation à perpétuité » du territoire à l’immobilisme si le projet ne se faisait pas. Hors l’autoroute, point de salut ! Il serait bien étonnant que ces excès de langage convainquent le tribunal.

Pour aller plus loin : Delga et l’A69 : l’écologie et le NFP aux oubliettes

Le jugement a été mis en délibéré au 27 février prochain. Me Alice Terrasse, l’avocate cheffe de file des collectifs opposants, a pu se déclarer satisfaite à l’issue d’une audience où elle a appelé le tribunal à une décision ambitieuse. Pour les associations, les collectifs, les organisations politiques, au premier rang desquelles France insoumise, qui se battent depuis des années pour faire respecter le droit environnemental, c’est une décision historique qui est attendue. Comme le proclamait la banderole déployée par les militants lors du rassemblement qui a précédé l’audience, la justice est au pied du mur.

Sources:linsoumission.fr (Bernard Cordier)

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mardi 18 février 2025

Scandale de Bétharram : les propositions de LFI pour contrôler les établissements privés et améliorer la protection de l’enfance(part2)

De la nécessité de protéger l’enfance : le combat au long cours de LFI

Au-delà des actes pédocriminels commis au sein de l’établissement Notre-Dame de Bétharram et les mensonges du Premier ministre devant la représentation nationale à ce sujet, la nécessaire protection de l’enfance est un combat de longue date des insoumis. Ainsi, aucun autre parti ne peut se targuer d’avoir investi à deux reprises Lyes Louffok pour des élections législatives, un enfant plac confronté à la maltraitance et à la violence. « L’engagement de la FI est la suite de sa lutte de toujours pour les droits des enfants, illustrée par exemple par la présentation dans l’Isère de Lyes Louffok aux législatives », appuie Jean-Luc Mélenchon.

Pour aller plus loin : Lyes Louffok, porte-voix de la cause des enfants, en tête au 1ᵉʳ tour de la législative partielle à Grenoble

Quel autre parti peut se targuer d’avoir demandé une commission d’enquête sur la matraitance dans les crèches privées ? D’avoir présenté un plan d’urgence sur la petite enfance ? En effet, LFI en a présenté un en septembre 2023, comprenant 19 mesures d’urgence : garantie du droit au logement des enfants, gratuité des crèches publiques, créer un Observatoire de la non-scolarisation, assurer la gratuité véritable de l’éducation…

Ce plan faisant notamment suite à l’alerte lancée par la présidente du groupe parlementaire insoumis, Mathilde Panot, sur la mortalité infantile en France. Si la France était le 5ème pays de l’OCDE avec le taux de mortalité infantile le plus bas en 1980, elle est descendue à la 20ème position avec une mortalité en hausse. « Un pays qui ne prend pas soin de ses enfants est un pays qui détruit son avenir », soulignait alors Mathilde Panot.

Lutter véritablement contre les sectes et dérives sectaires

Dans le creux des scandales de violences physiques et sexuelles perpétrées dans des établissements privés subventionnés par l’État se dessine également la question de la lutte contre les dérives sectaires.

Installation de la scientologie en Seine-Saint-Denis au pied du Stade de France, réception du scientologue Tom Cruise par le président de la République, nomination à Matignon de François Bayrou, proche du mouvement intégriste aux dérives sectaires de la communauté des Béatitudes, le gouvernement est poreux à de telles influences.

Sources:linsoumission.fr (Eliot)


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lundi 17 février 2025

Scandale de Bétharram : les propositions de LFI pour contrôler les établissements privés et améliorer la protection de l’enfance(part1)

 Le mardi 28 janvier 2025, les insoumis ont franchi une étape centrale dans la vie de leur mouvement et leur préparation des futures échéances électorales. Le programme actualisé « L’Avenir en Commun », édition 2025, a été présenté publiquement en conférence de presse au siège de la France insoumise. « L’affirmation d’un sérieux » a introduit Jean-Luc Mélenchon, rappelant le caractère unique du programme insoumis, « sans équivalent » dans le pays et validé par plus de 7 millions d’électeurs aux élections présidentielles. Un socle et une matrice puissants, capables d’unir des personnes de toutes convictions anticapitalistes.  

Forte de l’expertise acquise par les élus et militants insoumis au cours des dernières années, la nouvelle mouture de « L’Avenir en Commun » contient aujourd’hui 831 mesures. Parmi elles, un vaste plan de refondation et de contrôle du financement des établissements privés sous contrat avec l’État dont les dérives et la ségrégation socio-scolaire ne sauraient être financées par un argent public qui doit être mis au service d’une école républicaine véritablement gratuite, accessible à chaque enfant de France. L’actualité sordide des violences physiques et sexuelles de l’établissement Notre-Dame de Bétharram qu’a couvert le Premier ministre François Bayrou vient réaffirmer par l’horreur la nécessité de cette refondation, dessine en creux celle de la lutte contre les dérives sectaires.

L’affaire Bétharram démontre également la nécessité d’améliorer la protection de l’enfance. Pour rappel, François Bayrou a supprimé, au sein de son gouvernement, le ministère de la petite enfance. Une décision jugée « inacceptable » et « dramatique » par l’UNICEF et d’autres associations de protection de l’enfance. Le chef de l’État lui-même a tenté de rattrapper cette lourde faute de François Bayrou en mettant en place un Haut-commissariat à l’enfance.L’Insoumission vous propose ainsi de revenir en détail sur quelques-unes des mesures clés de la France insoumise et de « L’Avenir en Commun » pour renverser cette situation. Notre article.

Un séparatisme scolaire qui mine le pacte républicain

Ségrégation sociale et scolaire, éviction des élèves en difficulté, absence de contrôle et de conditionnalité des financements, opacité de la dépense publique… Sans parler des cas avérés de violences physiques et sexuelles et de négation des valeurs républicaine, telle est aujourd’hui la réalité de l’enseignement privé sous contrat en France. Au nombre de 7 500, à 96 % catholiques, les établissements privés sous contrat mènent un séparatisme scolaire qui mine le pacte républicain, tout en étant perfusés d’argent public.

Depuis 1959 et l’adoption de la loi Debré, ils voient la rémunération de leurs enseignants et leurs frais de fonctionnement pris en charge par la puissance publique. Ainsi, près de 75 % du budget des établissements privés du premier et du second degré proviennent du financement de l’État et des collectivités territoriales. 

Ce système est profondément opaque. À l’heure actuelle, impossible de connaître le montant exact de la dépense publique destinée aux établissements privés. Le rapport d’information parlementaire du député de la France insoumise Paul Vannier et de son co-rapporteur Christopher Weissberg, paru en avril 2024, estime le financement public de ces établissements à 10 à 12 milliards par an. Dans le même temps, le rapport estime que le système d’allocation de ces ressources est « peu transparent », « s’écarte du cadre légal », et constate des dérives et détournements tels que la rémunération d’heures de travail non réalisées. 

Pour aller plus loin : Enseignement privé : le rapport accablant du député LFI Paul Vannier

Le rapport soulève aussi une liberté non encadrée des établissements privés dans l’utilisation de l’argent public. À titre d’exemple, le rapport Vannier souligne que « la mise en œuvre des priorités de la collectivité pour les élèves qui relèvent de sa compétence est ainsi laissée à la libre appréciation des établissements privés, alors même qu’ils reçoivent les fonds publics destinés à les financer. »

Au-delà l’opacité d’un système gavant d’argent public des établissements n’ayant à cet égard de privé plus que le nom, le modèle français, associant un financement public fort à de faibles contreparties pour les établissements privés sous contrat, fait figure d’exception au sein des pays de l’OCDE où le niveau des contreparties exigées des établissements privés croît en proportion du montant du financement public qu’ils reçoivent. 

En France en revanche, à rebours de leur obligation légale de participation à la mixité sociale des publics scolarisés au sein des établissements d’enseignement (article L. 111-1 du code de l’éducation), les établissements privés jouent la carte de la ségrégation scolaire. Les établissements privés sous contrat comptent ainsi trois fois moins d’élèves boursiers que les écoles publiques. 

Pour aller plus loin : Le séparatisme scolaire – La stratégie macroniste pour saccager l’École publique

Et pour quels résultats ? Si l’on retire l’effet positif tiré du fait d’accueillir des élèves au statut social favorisé et celui de l’éviction des élèves en difficulté par les établissements privés, leurs résultats ne sont pas nécessairement meilleurs que ceux du public. En d’autres termes, les établissements privés aggravent les inégalités scolaires sans faire preuve d’une pédagogie plus efficace.

Pire encore, cet argent public dont l’usage est très largement incontrôlé, finance les violences physiques et sexuelles, les viols et l’irrespect des valeurs de la République par un certain nombre d’établissements. Ainsi bien-sûr de l’établissement Notre-Dame de Bétharram pour lequel la presse révèle que le Premier ministre François Bayrou a couvert des faits des violences physiques et sexuelles, dont Médiapart souligne qu’il n’a jamais été contrôlé par le ministère de l’éducation nationale depuis 30 ans, en dépit des alertes et d’une condamnation pour violences physiques.

Pour aller plus loin : Actes de pédocriminalité à Bétharram : le silence et les mensonges de François Bayrou

Ainsi également du lycée privé d’extrême droite Stanislas au sujet duquel le député LFI Paul Vannier avait contribué à mettre en lumière l’omniprésence de discours homophobes, sexistes, l’irrespect de la liberté de conscience des élèves et la culture du viol.

L’enseignement privé français est en somme un enseignement hors de contrôle, tant financier que politique et juridique, et participe aujourd’hui d’un séparatisme scolaire financé par l’argent public. Il pose aussi en creux la question de la lutte contre les dérives sectaires et les discours alternatifs aux valeurs républicaines, souvent liés à l’extrême droite et à des communautés religieuses, à l’heure où le Premier ministre français est lui-même ami de la communauté des Béatitudes. 

Cette situation doit urgemment changer. Pour ce faire, les propositions de la France insoumise sont nombreuses.

Contrôler et réformer en profondeur le financement des établissements privés sous contrat

Pour lutter contre la ségrégation scolaire et réaffirmer la place centrale de l’École publique républicaine, les privilèges de l’enseignement privé doivent être abolis, et son financement profondément réformé.

La France insoumise propose ainsi par son programme « L’Avenir en Commun » l’abrogation de la loi Carle de 2009 qui introduit notamment un financement obligatoire, par les collectivités locales compétentes, des établissements privés sous contrat. Dans un pays qui a vu naître la loi Ferry de 1882 sur l’école laïque et la loi sur la laïcité de 1905, l’ampleur des financements publics des établissements privés issus des lois Debré de 1959 et Carle de 2009 fait tache.

Les financements publics pour la construction d’établissements confessionnels, les subventions facultatives de la part des collectivités territoriales aux établissements privés sous contrat, comme c’est par exemple le cas des financements astronomiques accordés par Valérie Pécresse et la Région Île-de-France au lycée Stanislas, doivent quant à eux être interdits.

Tirant toutes les conséquences de son rapport d’inspection parlementaire, le député Paul Vannier et le groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale ont également déposé une proposition de loi visant à appliquer un malus au financement public des établissements privés sous contrat contribuant à la ségrégation socio-scolaire. Pour renforcer leur mixité, cette mesure doit aussi s’accompagner d’un mécanisme de pénalité financière des établissements privés sous contrat pratiquant l’éviction des élèves les plus en difficultés.

La France insoumise propose également l’instauration d’une nouvelle carte scolaire intégrant les établissements privés sous contrat. La modulation de leur financement par la puissance publique en fonction de leur respect de cette carte constituerait un levier supplémentaire de lutte contre la ségrégation.

Les propositions de la France insoumise et de l’« Avenir en Commun » s’inscrivent en somme dans l’urgente nécessité de conditionnalité des aides publiques aux établissements privés, entre ségrégation socio-scolaire et dérives sordides. Cette réforme profonde du financement des établissements privés sous contrat permettrait aussi de financer l’accès garanti à une école publique laïque dans chaque commune du pays, à assurer la gratuité réelle de l’éducation publique, y compris les cantines, le transport et les activités périscolaires, à fournir gratuitement aux élèves les manuels scolaires, ainsi que des fournitures sans marque, pour assurer une réelle égalité des conditions entre élèves sur tout le territoire et lutter contre l’intrusion marchande à l’école.

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Cette réforme ne saurait bien-sûr aller sans s’accompagner de mesures et de moyens visant à assurer le contrôle des établissements privés sous contrat. Le cas de Notre-Dame de Bétharram montre l’horreur que n’a pas su empêcher l’absence de contrôle par l’État. La Cour des comptes soulignait d’ailleurs en juin 2023 qu’« En l’absence de contrôle administratif et financier, rien ne permet de conclure que les fonds publics sont correctement dépensés dans les établissements ».

Alors qu’à Notre-Dame de Bétharram de l’argent public a manifestement entretenu et subventionné un établissement dans lequel les violences pédocriminelles étaient érigées en système, le député insoumis Paul Vannier demande la création d’une commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur les défaillances du contrôle des établissements privés sous contrat par l’État. 

A suivre: De la nécessité de protéger l’enfance : le combat au long cours de LFI

Sources:linsoumission(Eliot)


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vendredi 14 février 2025

Depuis que Macron est à l’Élysée, 2,5 millions de personnes supplémentaires sont contraintes de recourir à l’aide alimentaire


Aujourd’hui, 8 millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire pour se nourrir, soit environ 10 % de la population française. Une situation dramatique dont François Bayrou n’a toujours pas dit un seul mot. Le 10 février 2025, jour de vote d’une motion de censure contre le Premier ministre usurpateur, Jean-Luc Mélenchon a rappelé ce bilan, dénonçant la responsabilité du pouvoir macroniste : « Que fait le gouvernement face à cela ? Rien ! Il doit être censuré ». Ce dernier a été sauvé par le Rassemblement national et le Parti socialiste qui ont refusé de voter, à deux reprises, contre la censure déposée par LFI.

Dans le pays, les files d’aide alimentaire se multiplient depuis 2017. Depuis qu’Emmanuel Macron est à l’Élysée, 2,5 millions de personnes supplémentaires ont besoin de l’aide alimentaire pendant que la fortune des 500 plus grandes fortunes de France a quant à elle doublé. Passé sous le tapis, les personnels macronistes taisent cette urgence sociale pour préférer ouvrir des débats odieux sur l’identité nationale, en guise de diversion et dans le but recherché d’une alliance avec l’extrême droite. Face à l’urgence, LFI propose le blocage des prix de produits de première nécessité et la hausse des salaires. Notre article.

Depuis 2017, 2,5 millions de personnes supplémentaires recourent à l’aide alimentaire

Ils sont désormais 8 millions à dépendre de l’aide alimentaire. Un chiffre qu’avait notamment rappelé le Secours Catholique et l’ordre de Malte entre 2020 et 2021 ; il a peu fluctué depuis. En 2017, selon vie-publique.fr, un site rattaché au gouvernement, l’aide alimentaire au gouvernement avait bénéficié à 5,5 millions de personnes. En cause : une série de politiques économiques ayant appauvri la population au profit d’une poignée de grandes fortunes.

L’appauvrissement des plus précaires et l’enrichissement de ceux d’en haut : la priorité absolue d’Emmanuel Macron dès 2017

À peine plus de deux ans que l’ex-employé de chez Rothschild & Co est aux commandes, et fin 2019, les « cadeaux » fiscaux aux plus fortunés sont déjà estimés à 30 milliards d’euros depuis le début de son 1ᵉʳ quinquennat, tandis que le nombre de personnes pauvres en France a augmenté de 400 000. 

Entre temps, les Gilets Jaunes se sont fait éborgner, mains arrachées, mâchoires fracassées, morts, et, au cœur de la tourmente, le « Grand Débat national » est lancé par un président fragilisé. Promesse de dialogue ou manœuvre dilatoire ? Le 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris brûle, tragédie symbolique qui détourne brutalement l’attention collective, les cahiers de doléances sont discrètement remisés aux archives. Les pauvres se taisent, mais se multiplient.

En octobre 2020, Jean-Luc Mélenchon déclare à l’Assemblée nationale : “ Nous allons avoir un million de pauvres en plus en 2020. C’est une situation inédite depuis 1945. Nous allons dépasser les 10 millions de pauvres, dont un enfant sur 5. Le plan dit de relance ne leur apporte que de toutes petites miettes sur la table plantureuse où d’autres se gavent” . Tandis que la pauvreté explose, l’annonce par Elisabeth Borne d’un fonds de 60 millions d’euros en 2023 «pour une aide alimentaire durable » apparaît comme dérisoire. 

Car cette même année 2023, 13,1 % de la population métropolitaine qui vit dans un logement ordinaire est touchée par la privation matérielle et sociale. Contrairement à la pauvreté monétaire, cette notion mesure l’incapacité à faire face à certaines dépenses essentielles du quotidien. Elle concerne les personnes qui, pour des raisons financières, ne peuvent assumer au moins cinq besoins parmi une liste de treize, comme par exemple, le chauffage du logement ou l’achat de vêtements.

Quant au taux de pauvreté monétaire, il a augmenté sous la présidence d’Emmanuel Macron. Selon la dernière enquête de l’INSEE (2024), en 2022, il est à 14,4 %, et le nombre de personnes concernées reste élevé : avec 9,1 millions de Français vivant avec moins de 1 216 euros par mois.

Augmenter les aides aux entreprises, « en même temps » rejeter le repas à un euro pour tous les étudiants

Paradoxe : les députés d’Emmanuel Macron sont capables d’augmenter sans contrepartie les aides aux entreprises, tout en rejetant le 9 février 2023, le repas à 1 euro pour tous les étudiant·es. Pourtant, chaque rentrée universitaire donne toute la dimension de la précarité étudiante, avec des files d’attente devant les banques alimentaires.

Selon le baromètre annuel de l’association Cop1, près d’un tiers des étudiant·es vit avec moins de 50 euros par mois. Plus de 20 % ont recours à l’aide alimentaire, dont 65 % de manière régulière, et la moitié admet avoir déjà sauté un repas faute d’argent.

Pour aller plus loin : 1 étudiant sur 2 vit avec moins de 100 euros de reste à vivre : les chiffres chocs de l’étude Cop1/IFOP

Les conséquences vont au-delà de l’alimentation : logement, santé mentale et physique, réussite scolaire… 25 % des étudiantes déclarent manquer de protections périodiques, et 41 % des étudiant·es se disent en situation d’isolement. Si le repas à 1 euro n’est certes pas une solution suffisante, il représente une avancée et une prise de conscience de la situation.

Après son rejet à une voix près par la majorité présidentielle, la nouvelle configuration politique depuis juin 2024 pourrait permettre une généralisation de cette mesure. Une pétition appelle à un vote pour son adoption, elle a été déposée par le député LFI Louis Boyard le 17 octobre 2024.

Pour aller plus loin : 220 000 réponses en 48 heures – L’enquête inédite de Louis Boyard auprès des collégiens et des lycéens en souffrance

Les politiques menées depuis 2017 n’ont pas permis de lutter contre cette précarité, constate-t-on au Sénat. « La stratégie du ruissellement des richesses promise par le président n’a pas fonctionné », note Olivier Henno, sénateur centriste du Nord. En même temps, à part un centriste, qui peut croire à cette théorie ? À droite et à son extrême, on continue d’entonner la rengaine du ruissellement, un peu comme on marmonne une prière, vite fait. 

Très concrètement, l’armada fiscale a été mise en place avec la réduction progressive de l’impôt sur les sociétés (IS), abaissé de 33,3 % en 2017 à 25 % en 2022, c’est-à-dire un allègement fiscal d’environ 11 milliards d’euros. Mieux encore l’allègement des impôts de production, c’est une réduction de 20 milliards d’euros sur la période 2021-2022, puis de 10 milliards d’euros par an, installée pour diminuer la “pression fiscale” sur les entreprises, notamment en réduisant la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE).

Puis le fameux CICE, comprendre le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, inventé sous Hollande et remplacé en 2019, par un allègement pérenne des cotisations sociales patronales, pour “simplifier le dispositif et soutenir l’emploi”.

Sans oublier la suppression de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) qui a certes été remplacé en 2018 par l’Impôt sur la Fortune immobilière (IFI), fait pour recentrer l’imposition sur les actifs immobiliers en exonérant les autres formes de patrimoine, avec un but : stimuler l’investissement productif. Bref ! Tout pour faire tourner un capitalisme financiarisé et mondialisé à plein régime, qui saura le temps venu montrer toute sa générosité. Quoique !

La moitié des Français ne possèdent que 5 % de la richesse totale du pays

Et pendant ce temps-là, en attendant un ruissellement qui ne risque pas d’advenir, les chiffres sont inquiétants (INSEE 2024) avec 4,2 millions de mal-logés, 300 000 SDF et 6 millions de Français qui ne peuvent pas chauffer leur logement comme ils le souhaitent. Thomas Piketty, économiste, souligne que « la moitié des Français ne possèdent que 5% de la richesse totale du pays », un chiffre qui révèle toute l’ampleur des inégalités patrimoniales.

Un volume de gens à la merci des politiques fiscales, de la stagnation des salaires, des délocalisations et du chômage, des crises successives, pandémie de COVID-19, des conflits (enfin des guerres) et de la crise énergétique, autant de facteurs qui expliqueraient l’augmentation de la pauvreté et du recours à l’aide alimentaire. 

C’est peut-être oublier que la pauvreté joue un rôle structurant dans le fonctionnement du capitalisme. “C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches” écrivait Victor Hugo en 1869. Les discours de fin d’année des chefs d’État, de Pompidou à Macron en passant par Hollande, Chirac, Giscard d’Estaing et Mitterrand, ont une même musique : remettre à plus tard l’idée de jours heureux, marteler une même parole « nous venons de vivre une année difficile » et celle qui nous attend sera « intense et difficile ».

La pauvreté et l’insécurité économique agissent comme un mécanisme de discipline sur les travailleurs, comme sur l’ensemble de la population. « La précarité est aujourd’hui organisée. Elle n’est pas un dysfonctionnement, mais une condition indispensable au fonctionnement de l’économie néolibérale », explique le sociologue Pierre Bourdieu en 1998. 

Ce serait donc l’équilibre cynique d’un système économique fondé sur l’inégalité et l’accumulation ? Une exploitation qui a un coût humain et social immense, et qui pose la question de sa durabilité morale et écologique.

Si LREM, La République En Marche ! n’a pas trouvé sa voie, Renaissance le nouveau nom du parti politique d’Emmanuel Macron, rebaptisé le 17 septembre 2022, à Paris n’a rien à voir avec la fin du Moyen Âge et le début d’une époque moderne. C’est juste du packaging, à l’intérieur, la bête est la même. Rien dans l’offre politique du macronisme ne propose la moindre issue.

Dans Les Essais, Livre I, Montaigne avait prévenu : « le profit de l’un est le dommage de l’autre. » Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir entendu des voix… Orléans le 27 juillet 2017, le Président déclarait : « je ne veux plus, d’ici à la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus. »

Sources:linsoumission.fr( jean-Philippe Vallespir)






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jeudi 13 février 2025

« Nous constatons avec regret que le PS a confirmé son changement d’alliance » – Déclaration de LFI suite à la non-censure de Bayrou à cause du RN et du PS

 LFI. Par la complicité du Rassemblement National et du Parti Socialiste, François Bayrou et son gouvernement ont échappé à une nouvelle motion de censure. Tout autant austéritaire que le budget de l’État, le budget de la Sécurité sociale a donc été passé en force par 49.3 ce 12 février. Dans un communiqué, le mouvement insoumis dénonce la complicité du RN dans « la continuité de la politique menée par Emmanuel Macron ». Il dénonce également la validation définitive par le PS d’un gouvernement illégitime, niant la victoire du Nouveau Front Populaire aux dernières élections législatives et lui laissant désormais libre cours pour dérouler sa politique de brutalité sociale, écocidaire, et reprenant les propositions de l’extrême droite.

« Aujourd’hui, nous constatons avec regret que le Parti socialiste a confirmé son changement d’alliance, rompant par là même avec le Nouveau Front Populaire. Nous prenons acte de ce choix irresponsable et dangereux pour l’avenir du pays. Nous refusons catégoriquement d’être confondus avec ce choix », écrit le mouvement insoumis.

Enfin, LFI appelle à co-organiser partout en France des manifestations contre le gouvernement Bayrou, l’extrême droite et ses idées. La date retenue ? Le 22 mars, journée internationale de lutte contre le racisme. L’insoumission relaie dans ses colonnes la déclaration de la coordination nationale et de l’intergroupe parlementaire de la France insoumise.

Pour aller plus loin : « Le retour des morts-vivants ! » – L’analyse de Jean-Luc Mélenchon après le sauvetage de Bayrou par le PS et le RN

Déclaration de la coordination nationale et de l’intergroupe parlementaire de LFI

Ce mercredi 12 février, le gouvernement Bayrou a échappé à une nouvelle motion de censure. Cela a rendu possible l’adoption du budget de la Sécurité sociale venant après le budget de l’État, déjà imposé la semaine dernière par l’article 49.3 de la Constitution. Le refus du Parti socialiste et du Rassemblement National, se déclarant pourtant tous deux inscrits dans l’opposition, de voter la censure aura permis le passage en force de ces budgets avec leurs conséquences dramatiques :

  • des coupes historiques dans les budgets de l’Éducation nationale, de l’écologie, de
    l’enseignement supérieur et de la recherche, de la culture ou encore du sport ;
  • une baisse des dépenses de santé de près de 4 milliards d’euros ;
  • la hausse de la TVA pour les micro-entrepreneurs et les artisans ;
  • une taxe sur les apprentis gagnant moins que le SMIC ;
  • une baisse des indemnisations des arrêts maladie des fonctionnaires.

Avec cette décision, le Rassemblement National montre à nouveau sa complicité dans la continuité de la politique menée par Emmanuel Macron. En effet, il assure la survie du gouvernement de François Bayrou.

Quant au Parti socialiste, en refusant de censurer pour la 5ᵉ fois en un mois, il a confirmé une nouvelle orientation politique, renouant avec le hollandisme et rompant avec celle du Nouveau Front Populaire. Il valide ainsi un gouvernement illégitime dont la mise en place est une négation de notre victoire aux dernières élections législatives. Il accepte par ailleurs la brutalité du 49.3 et bafoue le serment de 2023 en renonçant à l’abrogation de la retraite à 64 ans.

Cette décision laisse le champ libre au gouvernement pour dérouler sa politique : une politique de brutalité sociale alors que la pauvreté et la précarité bondissent ; une politique qui enfonce le pays dans une crise économique profonde, comme l’atteste la multiplication des plans de licenciements ou des faillites d’entreprise ; une politique écocidaire alors que se matérialise chaque jour sous nos yeux l’impact du changement climatique ; une politique qui reprend une à une les propositions de l’extrême droite, jusqu’à lancer un débat sur l’identité nationale, pour remettre en cause le droit du sol, fondement historique de la République.

Depuis sa création, la France insoumise s’est fixée comme stratégie l’union populaire, c’està dire le rassemblement autour d’un programme de rupture avec le capitalisme et le productivisme. À chaque étape, nous avons créé les conditions d’une union claire au service des objectifs de la révolution citoyenne tels qu’exprimés par le programme L’Avenir en commun, déjà adopté par près de 8 millions de personnes en 2022. Après l’élection présidentielle, nous avons créé la NUPES pour tenter d’imposer une cohabitation. Après son interruption par ceux qui ont refusé une liste commune aux élections européennes, nous avons constitué le Nouveau Front Populaire et il a permis la victoire aux dernières élections législatives.

À chaque étape, la France insoumise a privilégié l’intérêt général, étant toujours du côté de la solution plutôt que du problème. Nous nous sommes heurtés au refus du PS de constituer des listes communes aux élections sénatoriales de 2023. Nous avons fait face au refus de l’unité aux élections européennes de 2024. Alors que notre groupe parlementaire est le plus important à gauche, nous avons accepté de renoncer à la candidature comme Premier ministre pour permettre un choix commun.

Nous avons même ouvert la voie à un gouvernement du Nouveau Front Populaire sans insoumis·e, si telle était la condition de la mise en œuvre de notre programme. Nous n’avons eu comme seuls retours que l’absence de concertation stratégique et, au mieux une absence de solidarité face aux invectives et aux menaces, au pire la participation aux ignobles campagnes de dénigrement de nos adversaires.

À chaque fois, nous n’avons posé qu’une unique condition à l’union : elle doit se faire sur des bases claires, dans la rupture avec le macronisme et son extrême libéralisme, dans le rejet de la monarchie présidentielle de la Vᵉ République, dans un affrontement frontal et sans concession avec les idées du Rassemblement National. C’est pour nous la seule voie permettant à la gauche de gouverner demain pour transformer radicalement la société.

Or, en laissant en place un gouvernement s’inscrivant dans la poursuite des politiques antisociales et anti-écologiques d’Emmanuel Macron et multipliant les concessions à l’extrême droite, le Parti socialiste a tourné le dos à ces exigences. Nous considérons que de tels choix menacent la gauche d’une disparition durable dans les limbes de la macronie et préparent la victoire de l’extrême droite.

Après le refus de censurer le gouvernement Bayrou à l’issue du discours de politique générale, nous avions exprimé notre désapprobation totale et notre inquiétude. Nous avons dit sans détour que la séquence des motions de censure sur les budgets serait décisive. Après le refus de censurer le budget de l’État, nous avions regretté l’interruption du Nouveau Front Populaire, appelant le PS à revenir aux côtés des 3 autres partis du NFP dans l’opposition au gouvernement en votant les motions de censure sur le budget de la Sécurité sociale.

Aujourd’hui, nous constatons avec regret que le Parti socialiste a confirmé son changement d’alliance, rompant par là même avec le Nouveau Front Populaire. Nous prenons acte de ce choix irresponsable et dangereux pour l’avenir du pays. Nous refusons catégoriquement d’être confondu·es avec ce choix. Nous aspirons au rassemblement avec toutes celles et ceux qui se retrouvent autour du contenu du programme du NFP, dans une exigence de clarté, de respect mutuel et de fidélité à la parole donnée.

Nous ne voulons pas passer notre temps à justifier les choix injustifiables du Parti socialiste. Nous croyons que la priorité aujourd’hui est à l’action entraînant le plus grand nombre. C’est le sens de nos campagnes pour l’inscription sur les listes électorales, pour l’accès aux droits, pour la 6e République ou en soutien aux luttes sociales ou écologiques. Aujourd’hui, nous pensons nécessaire de prendre une initiative forte face à une offensive de l’extrême droite d’autant plus dangereuse qu’elle est mondiale. Le prétendu « débat » sur l’identité nationale est inacceptable. En le mettant dans l’actualité, le gouvernement Bayrou pose un acte de division du peuple français et de régression des principes républicains.

C’est pourquoi nous appelons à co-organiser partout dans le pays samedi 22 mars, de façon la plus large possible, des manifestations contre le gouvernement Bayrou, l’extrême droite et ses idées, dans le cadre de la journée internationale de lutte contre le racisme. Nous proposons à cette fin à toutes les forces clairement dans l’opposition à ce gouvernement de constituer un « comité de riposte » contre le racisme et l’extrême droite.







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