Mais au-delà du cas d’Olivier Rafowicz auquel L’Insoumission vient de consacrer un portrait, cet épisode est l’occasion de s’intéresser à un autre homme, au moins aussi zélé que lui dans la défense du génocide des Palestiniens. Cet homme, c’est Frank Tapiro, fondateur de Diaspora Défenses Forces, publicitaire et communicant connu du paysage politico-médiatique pour avoir été l’un des « conseillers comm’ » de Nicolas Sarkozy au milieu des années 2000.
Depuis fin 2023, l’homme est devenu omniprésent sur les réseaux sociaux et sur les canaux privilégiés de la propagande israélienne en France, des plateaux et des studios de Bolloré aux médias promoteurs du génocide à Gaza. Par son organisation Diaspora Défenses Forces, il entend « former une armée citoyenne dédiée à la défense médiatique » d’Israël afin de « [gagner] la guerre de la vérité », et il est directement impliqué dans les violences qui se sont produites en marge du match de football France-Israël du 16 novembre 2024.
Apologies de génocide, négation de la réalité, harcèlement numérique, diffusion de fake news… L’Insoumission vous propose le portrait de Frank Tapiro.
Propagandiste zélé du génocide des Gazaouis
Frank Tapiro né en 1965 à Neuilly-sur-Seine. C’est peut-être là-bas qu’il fait la connaissance d’un certain Nicolas Sarkozy dont il s’agit du fief électoral. Frank Tapiro est l’un des conseillers en communication au milieu des années 2000.
Depuis lors et jusqu’en 2023, il intervient de façon régulière sur les plateaux de télévision, de BFMTV au service public en passant par LCI, tantôt pour apporter son « expertise » de publicitaire et communicant sur l’actualité politique, tantôt pour commenter celle du délinquant Nicolas Sarkozy.
Mais c’est en particulier depuis octobre 2023 que celui qui fût également l’un des responsables de la campagne du Président du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguesso – à date, Président du pays pendant plus de 41 ans – a fait exploser sa présence médiatique et sur les réseaux sociaux.
Depuis lors, Frank Tapiro est en effet devenu un intervenant privilégié des plateaux de Bolloré – CNEWS, Europe 1, feu C8 –, invité de RMC, coqueluche des médias de propagande du gouvernement israélien, RadioJ et i24News en particulier.
Partout, il déverse la même propagande de soutien du génocide des Palestiniens, de défense et de mensonge inconditionnels au sujet de l’armée et du gouvernement israélien, d’insultes et d’acharnement systématiques contre la France insoumise.
Au-delà des éléments de langages classiques que Tapiro multiplie sur le fait qu’Israël ne mènerait que des « attaque ciblées » en Palestine, que son armée soit « la plus morale du monde », que les civils palestiniens ne soient jamais visés par les bombes, il se permet même, dans une opération de propagande à la grossièreté stupéfiante, de déclarer que « Benjamin Netanyahu ne tue pas ». Pour rappel, au moins 56 000 personnes sont déjà mortes à Gaza depuis le 7 octobre 2023 – un chiffre largement sous-estimé –, une femme et une fille y sont tuées toute les heures en moyenne.
Pour aller plus loin : À Gaza, une femme et une fille sont tuées toutes les heures
En 2023, en plein accès d’islamophobie sur i24News, Frank Tapiro considérait également que le footballeur Karim Benzema était un « complice du terrorisme, un collabo » parce qu’il avait apporté son soutien aux civils palestiniens.
Il faut dire que Frank Tapiro a, comme tous les défenseurs zélés du génocide des Palestiniens, l’accusation en « terrorisme » et en « complicité de terrorisme » facile. Ainsi, outre Karim Benzema et les insoumis, outre les jeunes chez qui « La haine des Juifs est à la mode », Frank Tapiro considère aussi le journal Le Monde comme « journal terroriste ».
Niant fermement l’existence d’une famine à Gaza en dépit des déclarations de l’ONU, Frank Tapiro considère que « les enfants palestiniens sont encouragés par leurs parents à aller au front », et se fend régulièrement de poncifs aux sous-entendus racistes selon lesquels les militants pour la paix, et la France insoumise en particulier, manipuleraient les « jeunes de quartiers » au sujet du génocide des Palestiniens.
La France insoumise est d’ailleurs l’une des obsessions de Frank Tapiro qui multiplie les calomnies, les insultes et les mensonges à l’égard des élu·es et des militant·es insoumis·es. Ainsi en particulier de l’eurodéputée insoumise Rima Hassan à l’encontre de laquelle Frank Tapiro avait largement relayé une vidéo calomniatrice que le journal Libération – que l’on ne peut vraiment suspecter d’être un soutien de la France insoumise – avait qualifié, après enquête, d’un « tissu d’oublis volontaires, de vérités partielles, d’approximations mensongères ».
Harcèlement, pressions, violences physiques : avec Diaspora Defense Forces, Frank Tapiro ne se contente pas de son audience médiatique
Au-delà de ses interventions médiatiques, Frank Tapiro use d’un autre vecteur principal pour déployer sa propagande génocidaire : l’organisation Diaspora Defense Forces (DDF) dont il est le fondateur.
Soutenue, des aveux de Frank Tapiro lui-même, par le ministère de la diaspora israélien, cette organisation de propagande se donne pour objectif de « former une armée citoyenne dédiée à la défense médiatique » d’Israël afin de « [gagner] la guerre de la vérité » (site internet de DDF).
Cette « guerre de la vérité » – qui est nous l’aurons compris, une guerre pour nier, tout en l’encourageant, le génocide des Palestiniens – DDF la mène d’abord en ligne par la mobilisation de masse de ses militants à l’encontre d’utilisateurs de réseaux sociaux défendant la cause palestinienne, et dont DDF se réjouit de parvenir à faire fermer, par des signalements massifs, les comptes.
Sur son site internet, DDF propose également un guide intitulé « antisèche contre les anti-juifs », un inventaire d’éléments de langages censés permettre de répondre aux critiques de la politique génocidaire de Netanyahu. Entre négation de l’existence, de la possibilité et de l’historicité d’un État palestinien, justification de la privation d’eau et d’électricité de Gaza par Israël, et disqualification de toute manifestation de défense des Palestiniens comme « pro-Hamas », ce guide est un manuel de propagande assumé.
Mais ça n’est pas tout. En plus de la propagande et du harcèlement numérique, DDF et Frank Tapiro assument de « faire virer » des militants de la cause palestinienne de leur école ou de leur emploi.
Pire encore, en novembre 2024, le journal L’Équipe révélait que DDF et Frank Tapiro avaient été directement impliqués dans les violences ayant eu lieu au Stade de France pendant le match de football France-Israël du 14 novembre 2024 entre supporters français et israéliens. « Dans cette affaire, Tapiro était également à la manœuvre comme leader de l’association Diaspora Defense Forces (DDF) » précise le journal.
Quand DDF récompense les éditorialistes de CNEWS et propose un quiz sur le nombre de civils assassinés à Gaza
Ce mardi 27 mai à Paris, malgré la mobilisation qui a permis l’absence du génocidaire Olivier Rafowicz, le gala de DDF s’est malgré tout tenu. À cette occasion, la présentatrice phare de CNEWS Laurence Ferrari ainsi que trois autres intervenants réguliers de la chaîne – Céline Pina, Franz-Olivier Giesbert et Gilles-William Goldnadel – ont été récompensés par DDF, notamment pour leur « fervent soutien à Israël et à la vérité dans le monde ».
Pour aller plus loin : Portrait – Olivier Rafowicz : porte-parole de l’armée israélienne en France, coqueluche des médias complices
Mais en plus de ces récompenses, une scène abjecte s’est déroulée durant ce gala de la honte et a encore d’avantage mis en lumière la collusion entre Frank Tapiro, son association et les médias.
Cette séquence, c’est celle d’un quiz au sujet du nombre de morts civils à Gaza, un quiz censé relativiser la gravité de la situation sur place. Vous avez bien lu. Un quiz sur le nombre de civils assassinés à Gaza.
Et ça n’est en plus pas n’importe qui animait ce quiz, avec petite musique d’accompagnement, applaudissements et bonne humeur. Il s’agissait en effet de Barbara Lefebvre, chroniqueuse régulière de l’émission des Grandes Gueules de RMC, habituée de déclarations pro-Netanyahu, considérant au mois de février dernier qu’il fallait « vider la bande de Gaza ».
Si la petite personne de Frank Tapiro et son influence réelle sur le débat public peuvent paraître limitées, ses liens et ceux de son association de propagande avec l’écosystème médiatique interrogent, s’il le fallait encore, le rôle des médias dans le traitement du génocide.
Dérouler le tapis rouge à Frank Tapiro comme le fait le groupe Bolloré et voir ses éditorialistes et son animatrice phare récompensée par son organisation, accepter, comme le groupe RMC-BFM, que l’une de ses chroniqueuses anime le gala d’une association de propagande violente telle que DDF dit toute l’adhésion, toute l’amitié, et en définitive toute la complicité de ces médias, et de tous les autres qui propulsent en tête d’affiche ce genre de télégraphistes zélés de Benjamin Netanyahu, dans le génocide des Palestiniens.
Sources:linsoumission.fr (Par Eliot Martello-Hillmeyer)