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samedi 28 juin 2025

« La mort, c’est tout ce qu’on peut s’acheter » – À Gaza, ces distributions alimentaires qui tournent en « massacres à la chaîne »

 

À Gaza, les distributions alimentaires causent des « massacres à la chaîne », selon les mots de Médecins sans frontières, ciblant la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). C’est à elle que la distribution de l’aide alimentaire à Gaza a été confiée, alors que le blocus de l’enclave palestinienne est toujours en cours. Cette fondation privée est contrôlée par deux sociétés militaires privées américaines et a le soutien du régime de Netanyahu. Ses pratiques, à rebours du droit international humanitaire, ont rapidement été dénoncées par l’ONU : exclusion des plus vulnérables, déplacements forcés pour accéder à l’aide humanitaire…

Aujourd’hui, les agences humanitaires, dont l’OCHA et l’UNRWA estiment que 85 % de l’aide reste inaccessible à la majorité des Gazaouis, notamment aux personnes âgées, enfants, blessés ou déplacés. Plus de 500 personnes ont été tuées et près de 4 000 blessées, alors qu’elles se rendaient à ces distributions, selon Médecins sans frontières.

« Les quatre sites de distribution, tous situés dans des zones entièrement contrôlées par les forces israéliennes après que les habitants en ont été déplacés de force, ont la taille d’un terrain de football et sont entourés de postes d’observation, de talus de terre et de barbelés. Leur entrée clôturée ne permet qu’un seul point d’accès », explique Aitor Zabalgogeazkoa, coordinateur des urgences de MSF à Gaza. Comment se passe une telle distribution ? « Les travailleurs de GHF déposent les palettes et les caisses de nourriture et ouvrent les clôtures avant de laisser des milliers de personnes entrer en même temps pour se battre jusqu’au dernier grain de riz », dénonce Aitor Zabalgogeazkoa.

Ce ne sont pas des distributions d’aide, c’est un piège mortel » – Hani Abu Soud, un habitant de Gaza

Une population en proie à la famine, dont les membres ne savent pas s’ils sortiraient vivants d’une distribution alimentaire. « Si les gens arrivent trop tôt et s’approchent des points de contrôle, ils se font tirer dessus. S’ils arrivent à l’heure, mais qu’il y a trop de monde et qu’ils sautent par-dessus les talus et les barbelés, ils se font tirer dessus ». S’ils arrivent en retard, ils ne devraient pas être là car c’est une « zone évacuée », ils se font tirer dessus. », souligne le coordinateur des urgences de MSF à Gaza. Le sadisme de Netanyahu est diabolique.

Pour aller plus loin : Portrait – Amichai Eliyahu : ce ministre génocidaire de Netanyahu, protégé par l’Occident, qui veut rayer Gaza de la carte

« Beaucoup de gens ont été directement pris pour cible. Ce ne sont pas des distributions d’aide, c’est un piège mortelIls allaient nous tuer un par un. Nous avions faim, nous essayions simplement de nourrir nos enfants. Que pouvais-je faire d’autre ? Un sac de lentilles coûte environ 30 à 40 shekels [6 à 10 euros]. Nous n’avons pas cet argent. La mort, c’est tout ce qu’on peut s’acheter. », témoigne Hani Abu Soud, un habitant de Gaza, à Al-Mawasi, auprès de Médecins sans frontières.

En attaquant de manière « préventive » l’Iran, en violation totale du droit internationale, Netanyahu a permis que son génocide à Gaza soit davantage invisibilisé, plus que ce qu’il n’était déjà dans les médias dominants. Pourtant, il le poursuit, toujours avec la complicité des pays occidentaux, dont la France. Les mesures à décréter pour sortir de cette complicité avec Netanyahu sont connues : embargo sur les armes livrées à Tsahal, reconnaissance immédiate de l’État de Palestine et suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. Les insoumis les défendent depuis de très longs mois. Petit à petit, elles ont été acceptées et reprises par une partie du spectre politique. Quand Macron sortira-t-il la France de cette complicité morbide ?

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Sources:linsoumission.fr






 

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vendredi 27 juin 2025

Pesticides : risque augmenté de leucémie et neuroblastome chez l’enfant dans les régions de vignobles

 Pesticides. Un risque augmenté de leucémie. On ne compte plus les études scientifiques qui montrent un risque augmenté de leucémie chez l’enfant en raison de pesticides. Une quantité importante de pesticides est dispersée dans nos régions viticoles. Comme ces pesticides consistent à tuer des petites espèces vivantes, sans surprise, ils peuvent être dangereux pour les espèces humaine et animales. Mais démontrer qu’un pesticide isolé répandu sur les terres agricoles est dangereux pour la santé humaine n’est pas évident.

Nos sociétés industrielles dispersent sur la terre, dans l’air, dans l’eau de multiples produits chimiques. Un produit isolé peut avoir une faible toxicité, mais combiné à d’autres produits, une toxicité majeure. De plus, la toxicité dans les grandes espèces est souvent observée à long terme, après de multiples expositions et l’accumulation progressive dans le corps de ces produits, rendant difficile une preuve de causalité entre pathologie et un pesticide. D’où le grand mérite des études scientifiques qui trouvent des méthodes pour pallier ces difficultés.

Alors que leur dangerosité est reconnue, la loi Pesticides, dite « loi Duplomb », ré-autorise des pesticides interdits depuis 2018 et met en danger la santé des citoyens, des agriculteurs et des enfants. Une manifestation est prévue ce dimanche 29 juin, à partir de 14 heures, place des Invalides à Paris. Notre article.

Les pesticides augmentent le risque de leucémie et neuroblastome chez l’enfant

     En 2023, une étude de l’Institut national de la santé et de recherche médicale (INSERM) et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a montré que le risque qu’un enfant développe une leucémie augmentait de façon linéaire avec la densité de vignoble dans un rayon de 1000 m autour du lieu de résidence (Voir le communiqué de l’INSERM). Pour chaque augmentation de 10 % de la densité de vignes, l’étude montre une augmentation de 5 à 10 % du risque de tous les types de leucémies pédiatriques (Ref 1). Avec une méthodologie similaire, la même équipe a de plus montré une augmentation de 5 % du risque de neuroblastome pédiatrique pour une augmentation de 10 % de la densité de vignes (Ref 2).

L’explication probable est que plus la densité de vignes proche du lieu de résidence est élevée, plus l’exposition prénatale et postnatale aux pesticides des enfants est élevée. Et plusieurs études ont montré que les pesticides augmentent le risque de leucémie chez l’enfant (Ref 3). De plus, ce sont des leucémies graves de mauvais pronostic qui sont induites par l’exposition prénatale et/ou postnatale aux pesticides (Ref 4). Enfin, notons que les premières études d’accumulation de ces substances toxiques dans le corps humain, notamment d’enfants, commencent à sortir (Voir étude INSERM/CHU Poitiers à l’initiative de la Ligue contre le cancer).

Contexte national sur cancer et pesticides en 2025

Les études scientifiques résumées ci-dessus s’inscrivent dans une actualité de plus en plus inquiétante :

– Une hausse majeure de l’incidence de cancers chez les adolescents et jeunes adultes en France et dans le monde, tel que montrée en autre par l’étude de Santé Publique France de 2025. Le cancer colorectal a progressé de 1,43 % par an, soit une augmentation totale de près de 30 % sur la période 2000-2020. Le cancer du sein a augmenté de 1,60 % par an, représentant une hausse de plus de 35 % en 20 ans. Le cancer du rein a connu une explosion de plus de 120 %, avec une progression annuelle de 4,51 %. Les glioblastomes, tumeurs cérébrales de très mauvais pronostic, ont triplé en 20 ans, avec une augmentation de 6,11 % par an. L’incidence du lymphome de Hodgkin a progressé de 1,86 % par an, soit une hausse totale de près de 40 %. Enfin, les liposarcomes, des cancers rares des tissus mous, ont augmenté de 3,68 % par an, atteignant plus de 90 % de hausse en deux décennies.

– Le cancer redoutable du pancréas augmente de 3 % par an en France chez les adultes et une étude récente (voir notre synthèse) a montré un lien direct avec l’exposition aux pesticides, notamment le soufre par pulvérisation, le mancozèbe et le glyphosate.

– Le fond d’Indemnisation des victimes de pesticides reconnaît la validité de ces études et commence à indemniser des familles victimes de pesticides : leucémie, malformations génétiques.

Mais malgré toutes ces alertes, les gouvernements néolibéraux, notamment en France, remettent en cause les quelques avancées en ré-autorisant le glyphosate, en affaiblissant les agences réglementaires, en proposant de réintroduire des produits éminemment dangereux, en favorisant l’ouverture du marché européen à des produits agricoles contaminés (Mercosur, Ceta, …). L’exemple récent de la proposition de loi Duplomb illustre cette folie : ré-autoriser l’acétamipride, un néonicotinoïde extrêmement dangereux, contre l’avis de toutes les instances scientifiques et de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) !

Comment arrêter cette folie ? 

La France insoumise propose un programme détaillé et équilibré financièrement pour une agriculture écologique, qui nourrit la population et ceux qui en vivent. Ce programme a été actualisé début 2025.

Par les Insoumis du Pic Saint Loup (Hérault)

Références

1. Association between Residential Proximity to Viticultural Areas and Childhood Acute Leukemia Risk in Mainland France: GEOCAP Case-Control Study, 2006-2013. Matthieu Mancini, Denis Hémon, Perrine de Crouy-Chanel, Laurence Guldner, Laure Faure, Jacqueline Clavel, Stéphanie Goujon. Environ Health Perspect. 2023 Oct;131(10). Télécharger l’article.

2. Residential proximity to vines and risk of childhood embryonal tumours in France – GEOCAP case-control study, 2006-2013. Danielle Awounou, Matthieu Mancini, Brigitte Lacour, Perrine de Crouy-Chanel, Isabelle Aerts, Véronique Minard-Colin, Gudrun Schleiermacher, Arnauld Verschuur, Sandra Guissou, Emmanuel Desandes, Laurence Guldner ; Jacqueline Clavel, Stéphanie Goujon. Environ Res. 2024 Jan 1;240.

3. Pesticides as a potential independent childhood leukemia risk factor and as a potential confounder for electromagnetic fields exposure. A Nguyen, C M Crespi, X Vergara, L Kheifets. Environ Res. 2023 Dec 1;238.

4. Pre- and Postnatal Exposures to Residential Pesticides and Survival of Childhood Acute Lymphoblastic Leukemia. Seema Desai, Libby M Morimoto, Alice Y Kang, Mark D Miller, Joseph L Wiemels, Lena E Winestone, Catherine Metayer. Cancers (Basel). 2025 Mar 14;17(6):978. Télécharger l’article

Sources:linsoumission.fr







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mercredi 25 juin 2025

Municipales à New York : Zohran Mamdani dessine la victoire de la stratégie de l’union populaire

 Zohran Mamdani. En novembre 2024, le retour au pouvoir de Donald Trump fut permis par le choix des Démocrates d’abandonner leur base populaire pour tenter de plaire à un électorat de centre-droit. Un échec total. Pourtant, ce 24 juin 2025, les Démocrates de New York ont choisi Zohran Mamdani, socialiste de 33 ans, comme candidat de leur parti à l’élection municipale de novembre prochain.

Ces résultats, encore inimaginables il y a quelques mois, sont en contraste total avec la stratégie démocrate adoptée jusqu’ici, et avec les premiers mois de la présidence Trump II. L’Insoumission se penche aujourd’hui sur les raisons d’un tel résultat, sur la stratégie de campagne de Zohran Mamdani, et sur les perspectives d’une telle victoire pour l’avenir de la ville la plus peuplée des États-Unis.

Une victoire inédite dans une ville de 8 millions d’habitants

Un peu avant minuit, quelques centaines de militants se retrouvent pour attendre les résultats d’une primaire qui a attiré une attention nationale depuis quelques semaines. Les partisans de Zohran Mamdani, à l’annonce de l’arrivée en tête de leur candidat, éclatent de joie. Le candidat ouvertement socialiste dans le pays de Trump obtiendrait 43,5 % des voix, loin devant son adversaire centriste Andrew Cuomo (36 %), dans le premier décompte d’une primaire que tous les pronostics annonçaient très serrée

Rapidement, l’ancien gouverneur de l’État de New York a admis sa défaite, laissant la voie libre au jeune représentant à l’Assemblée de l’État de New York pour l’élection de novembre. Comment expliquer un tel retournement de situation ?

New York est une ville de 8 millions d’habitants, la plus peuplée et la plus riche, mais aussi la plus chère, de tout le pays. Dans cette agglomération où toutes les classes sociales, toutes les origines et tous les âges se croisent, faire campagne, ne serait-ce que pour une primaire en vue d’une élection municipale, n’est pas de tout repos. Dès le début de sa campagne, Zohran Mamdani a insisté sur la nécessité de faire campagne dans « tous les cinq arrondissements de la ville » (le Bronx, Manhattan, Staten Island, Brooklyn et le Queens).

Une campagne partout et tout le temps, avec tout le monde. 8 millions d’habitants, et à peu près 1 million d’électeurs attendus pour cette primaire. Une campagne qui commence à six heures le matin et finit souvent autour de minuit. Dans son discours de victoire devant ses militants enflammés, Zohran Mamdani a insisté sur la diversité qui a permis de fructifier sa campagne : « Nous avons gagné de Jackson Heights à Port Richmond. Nous avons gagné de Maspet à Chinatown. Nous avons gagné parce que les New-Yorkais se sont battus pour une ville abordable, où ils peuvent faire plus que simplement s’en sortir. »

Pour aller plus loin : Trump, guerre commerciale et techno-féodalisme : quand l’empire en déclin contre-attaque

Il a aussi rappelé la nature de la coalition ayant permis cette victoire inédite : « Ce n’est pas ma victoire. C’est notre victoire. C’est la victoire de la tantine bangladaise, qui a fait du porte-à-porte jusqu’à ce que ses pieds et ses mains commencent à lâcher. C’est la victoire du jeune de 18 ans qui a voté pour la toute première fois. C’est la victoire de l’oncle gambien qui s’est reconnu dans une campagne pour la ville qu’il aime tant. »

Il est vrai que cette campagne a vu s’agréger des dizaines de profils différents : jeunes, moins jeunes, étudiants, jeunes travailleurs, chauffeurs de bus et de taxi, petits commerçants, militants des droits civiques et LGBTI… Une mosaïque nécessaire dans ce melting-pot géant que sont les États-Unis.

Peu après la confirmation de la victoire de Mamdani, Jean-Luc Mélenchon, qui lui avait apporté son soutien en avril dernier, a tweeté : « À New York, Zohran Mamdani gagne la primaire démocrate pour la mairie. Il a fait un score bien supérieur aux prévisions des sondages. Opposé au génocide des Palestiniens, il est évidemment déjà accusé d’antisémitisme. Il l’a emporté face à un ponte de « centre-gauche » soutenu par les chefs locaux du Parti Démocrate tricheur qui avaient consacré 20 millions de dollars (20 !) pour faire perdre un candidat de gauche radicale aux primaires pour des législatives. Aux États-Unis aussi le “sorpasso” (que la gauche radicale l’emporte sur le PS tradi) est commencé. »

 Clémence Guetté, députée et co-présidente de l’institut La Boétie, a quant à elle affirmé : « Zohran Mamdani, le candidat allié des insoumis à la mairie de New York, vient de remporter la primaire démocrate locale. C’est une excellente nouvelle. La gauche de rupture gagne du terrain partout. Elle doit conquérir des villes pour changer la vie. » Les fruits d’une campagne en contraste total avec ce que les Démocrates avaient fait jusqu’ici dans cette ville.

À New York, une campagne populaire axée sur les questions sociales et contre le fascisme

En novembre 2024, la ville de New York, tout en votant majoritairement pour Kamala Harris, avait voté plus favorablement pour Donald Trump qu’en 2020. Comment expliquer que ce revirement vers la droite ne se soit pas reflété dans les résultats de cette primaire ? Zohran Mamdani et son équipe de campagne partaient de loin.

À l’annonce de sa candidature dans le quartier du Queens (Astoria – Long Island City) qu’il représente à l’Assemblée de l’État, en octobre 2024, peu de gens misaient sur lui. Le jeune Zohran Mamdani, immigré musulman né en Ouganda de parents indiens, s’est pourtant battu sans relâche pour se faire connaître. La clé : une bonne stratégie de communication sur des mesures fédératrices. Autrement dit, une campagne d’union populaire sur un programme de rupture.

Très tôt, Zohran Mamdani a choisi de faire campagne sur un programme de rupture, ancré à gauche. Compliqué dans un pays où les critiques faites au capitalisme n’ont pas de traduction politique concrète ?

Pas vraiment dans ce cas-là, ce qui a pu en étonner plus d’un. « Faire campagne pour rendre cette ville abordable » rétorqua donc sans cesse Zohran, jusqu’à sa victoire. Sa campagne s’est axée autour de… mesures principales : la gratuité des bus, le gel des loyers pour deux millions de logements sous contrôle municipal, la gratuité des services de prise en charge de l’enfance (crèches et garderies) et la mise en place dans chaque arrondissement d’au moins un supermarché sous contrôle municipal.

Le but derrière tout cela : rendre la vie moins chère dans une ville où les prix font de plus en plus fuir les habitants. En plus de ces mesures, Zohran Mamdani n’a jamais caché, ni atténué, son opposition fervente à Donald Trump, comme il l’a rappelé devant ses militants le soir de sa victoire : New York doit être une ville « où le maire devrait utiliser son pouvoir pour rejeter le fascisme de Donald Trump. Pour arrêter les agents d’ICE qui déportent nos voisins. Et pour gouverner notre ville comme un modèle pour le Parti Démocrate. Un parti où l’on se bat sans se cacher pour les travailleurs ».

Quelques semaines plus tôt, Brad Lander, contrôleur des finances de la ville de New York, candidat à la même primaire et allié de Zohran Mamdani, avait été arrêté par les services d’ICE (Immigration and Customs Enforcement, c’est-à-dire les services fédéraux de l’immigration) en marge d’un procès pour déterminer le statut légal de la présence d’Edgardo, un jeune New-Yorkais menacé d’expulsion. La violence raciste de la politique migratoire de Donald Trump s’est donc immiscée jusqu’au sein de la campagne municipale.

La stratégie de campagne de Zohran Mamdani n’est pas sans rappeler celle de Jean-Luc Mélenchon et des Insoumis. À ce titre, le fondateur de la France insoumise avait apporté son soutien au jeune candidat lors de sa visite auprès des Democratic Socialists of America de la ville de New York, en avril dernier.

À ce titre, le jeune socialiste a mené sans relâche une campagne d’union populaire sur un programme de rupture, tant vis-à-vis de la politique de Donald Trump, que de celle des futurs prédécesseurs de Zohran Mamdani à la mairie de New York. Un exemple parmi d’autres : l’augmentation de 9 % des loyers pour les logements sous contrôle municipal décidée par Eric Adams, actuel maire de New York et candidat à sa succession sans l’étiquette démocrate.

La campagne du futur maire de New York a aussi été marquée par un usage appuyé des réseaux sociaux, notamment Twitter et TikTok, un moyen efficace de faire passer rapidement des messages courts sur les mesures de son programme. Chaque jour, plusieurs vidéos, plusieurs tweets, étaient postés afin de tenir au courant des actualités de la campagne, des moyens de payer pour les mesures annoncées dans son programme, et des passages du candidat dans différents programmes diffusés à la télévision ou sur internet. Une médiatisation qui lui a valu bien des quolibets de la part de ses détracteurs, jusqu’à s’abaisser au racisme le plus crasse.

Zohran Mamdani, le diable incarné aux yeux de la droite américaine

Prenez garde ! Un candidat de gauche en mesure de l’emporter arrive ! La campagne de la primaire démocrate de New York a vu s’abattre sur Zohran Mamdani les attaques les plus bêtes et racistes à l’encontre de sa personne ou de ses soutiens.

En raison de son soutien sans faille à la Palestine, bien avant les attaques du 7 octobre 2023 par le Hamas, le jeune futur maire de New York fut traité de tous les noms, jusqu’à être attaqué sur sa religion. L’extrême droite américaine avertissait ainsi sur les dangers de l’arrivée d’un musulman socialiste à la tête de l’hôtel de ville de la Big Apple, sans cacher une islamophobie dégoûtante et à peine dissimulée.

Ce phénomène s’est observé jusqu’en France, où l’odieuse Caroline Fourest, sans aucun fondement, accuse Mamdani d’être « un candidat violemment anti-sioniste et proche des Frères [musulmans, ndlr] ». Bref, des attaques qui rappellent celles à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot, Rima Hassan, ou Aly Diouara, pour leur soutien à la Palestine ou pour leur appartenance supposée à une religion.

Le Parti Démocrate ne s’est pas montré imperméable à ce genre de méthodes. Ainsi, la campagne d’Andrew Cuomo, ancien gouverneur de l’État de New York et longtemps donné gagnant avant même la tenue du vote, ne s’est pas retenue de diffuser un visuel de Zohran Mamdani où sa barbe était épaissie et assombrie, notamment pour attiser un imaginaire raciste et islamophobe.

Ce même racisme s’est exprimé lors des débats autour de l’adhésion de Mamdani au mouvement « BDS » (Boycott, Divest, Sanctions) contre les produits israéliens, ou de son appel à un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et de la reconnaissance d’un État de Palestine. Zohran Mamdani s’est aussi engagé à arrêter Benjamin Netanyahu s’il venait à fouler le sol de sa ville, bien que les États-Unis ne soient pas signataires du Statut de Rome.

Tweet du 12 juin 2025 : « Andrew Cuomo a peur de perdre, donc ses donateurs veulent que vous me craigniez. Son SuperPAC [comité de soutien financier, ndlr] vient d’envoyer un tract où ma barbe a été artificiellement épaissie et assombrie. C’est de l’islamophobie pure et dure — le genre de racisme qui explique pourquoi les milliardaires MAGA soutiennent sa campagne. »

Andrew Cuomo a en effet passé la campagne à critiquer Zohran Mamdani et son programme – et à le rendre effrayant – au lieu de proposer un programme adapté aux besoins des habitants. Cette opposition entre la nouvelle génération, plus progressiste, et l’ancien establishment représenté par Cuomo s’est parfaitement illustrée pendant cette campagne.

Dans tout autre pays, ces deux candidats ne seraient pas membres du même parti politique. Pourtant, cette primaire a été l’occasion de confronter deux projets viscéralement opposés pour l’avenir de New York, mais aussi vis-à-vis de la direction que devrait prendre le Parti Démocrate suite au retour au pouvoir de Donald Trump.

Pour rappel, Andrew Cuomo est l’ancien gouverneur de l’État de New York (2011-2021), contraint de démissionner suite à des accusations de harcèlement sexuel par d’anciennes collaboratrices et différentes élues de l’État de New York. Son bilan à la tête de l’État lui a aussi valu bien des critiques : coupes budgétaires dans les transports et la santé, gestion catastrophique des patients atteints de COVID lors du premier confinement… Cet antagonisme entre Mamdani et Cuomo s’est illustré parfaitement lors d’une apostrophe de Mamdani à l’encontre de l’ancien gouverneur et actuel perdant de la primaire, à l’occasion du deuxième débat en vue de la primaire.

Critiqué pour son supposé manque d’expérience politique, Zohran Mamdani répondit à Andrew Cuomo : « Je n’ai jamais eu à démissionner en disgrâce, je n’ai jamais fait de coupes à Medicaid [système d’aide de santé aux plus âgés et aux plus modestes, ndlr], je n’ai jamais volé des centaines de millions de dollars à la MTA [réseau de transport de New York], je n’ai jamais harcelé les treize femmes qui m’ont accusé de harcèlement sexuel, je ne les ai jamais traînées au tribunal pour obtenir leurs analyses gynécologiques, et je n’ai jamais fait ces choses parce que je ne suis pas vous, Monsieur Cuomo. »

Un portrait au vitriol dressé par celui qui a d’énormes chances d’être élu prochain maire de New York en novembre prochain.

Une leçon pour le Parti Démocrate ? Perspectives et remise en question pour mieux affronter Donald Trump

Cette victoire d’un candidat jeune, socialiste et progressiste en vue de diriger la ville la plus peuplée du pays est un message fort pour la direction actuelle du Parti Démocrate. En novembre 2024, la défaite de Kamala Harris s’était notamment expliquée par l’abandon total de la base historique du Parti Démocrate par la candidate : les jeunes, les classes populaires et les travailleurs. Une campagne démocrate bien trop républicaine.

Les résultats de cette primaire doivent donc servir de message pour l’avenir du Parti Démocrate, notamment en vue des élections de mi-mandat de novembre 2026, qui décideront de la composition de la Chambre des représentants et du Sénat pour les années 2027-2029. Zohran Mamdani s’est hissé en tête, en déjouant tous les pronostics, en s’assurant de la mobilisation des jeunes et des classes populaires. La même recette qui avait permis à Alexandria Ocasio-Cortez de détrôner le député sortant du quatorzième district de New York en 2018, après une campagne fortement médiatisée.

En somme, cette victoire est la concrétisation d’une stratégie bien connue : l’union populaire sur un programme de rupture.

Sources:linsoumission.fr (par Bastien)







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mardi 24 juin 2025

Décryptage – Proposition de loi de programmation énergétique à l’Assemblée : un Gouvernement à la merci du lobbying d’extrême droite

 Loi de programmation énergétique. La proposition de loi « portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie » déposée par le sénateur Gremillet est débattue depuis le 16 juin à l’Assemblée nationale et sera soumise au vote ce mardi 24 juin 2025. Ainsi, cette année, le texte de loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) n’est pas portée par le Gouvernement, mais bien par un sénateur, en raison de la faiblesse du Gouvernement à imposer ses textes de loi dans une Assemblée nationale morcelée.

Le fait donc que ce texte soit une « proposition » émanant d’un sénateur et non un « projet » de loi venant du pouvoir exécutif n’en fait pas moins un « sous-marin gouvernemental ». Ainsi, un élu Horizons reconnaissait en mai que « Chaque mois, on a le droit à un projet de loi déguisé ». À noter que cette pratique permet de ne pas soumettre la proposition de loi à une étude d’impact préalable, ni à un contrôle de constitutionnalité à priori du Conseil d’État. Voici pour la forme.

Ce texte remet en cause la souveraineté énergétique du pays et organise une rupture d’approvisionnement en énergie pour les années à venir. Dans cette loi, le RN a notamment fait passer un moratoire immédiat sur toutes les énergies renouvelables. Cela concerne 100 000 emplois dans le pays. L’extrême droite a même fait adopter la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim. L’Insoumission décrypte pour vous les enjeux et rapports de force inhérents à ce texte de loi. Notre article.

« Nouveau nucléaire » et technologies douteuses : le programme gouvernemental

Cette « programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) » doit poser les grandes orientations de la politique énergétique française sur la période 2025-2035. Les enjeux pour le Gouvernement français sont d’abord d’acter la relance du « nouveau nucléaire » annoncé en grandes pompes par l’Élysée à Belfort en 2022. Il s’agit de lancer son programme de construction de six premiers réacteurs nucléaires « EPR2 » à horizon 2038 (prévu auparavant pour 2035) (Élysée, 17 mars 2025) puis de huit autres EPR2 ainsi que quinze réacteurs modulaires dits « small modular reactors » (SMR) à horizon 2050.

Les mêmes SMR dont la pertinence opérationnelle n’a pas encore été prouvée à ce jour (LCP, 16 juin 2025). Pour l’exécutif, il s’agit également de supprimer l’objectif global de production d’énergies renouvelables au profit d’une énergie dite « décarbonée », incluant le nucléaire et les énergies fossiles associant des technologies de captage et de stockage de carbone (dites CCUS, ces technologies visent à extraire le carbone de l’atmosphère et à l’enfouir sous terre ou sous les océans afin de baisser sa concentration dans l’atmosphère).

Problème de taille concernant ces technologies : personne ne connaît leurs effets géologiques à long terme ! Autre souci : si les réservoirs venaient à fuir, d’immenses quantités de carbone se déverseraient dans les océans ou l’atmosphère. Tout cela pour continuer à produire sans cesse sans se soucier de l’environnement et du changement climatique. En bref, il s’agit d’un texte répondant au lobby du nucléaire et au techno-solutionnisme pur et irresponsable pour le business-as-usual.

Loi de programmation énergétique : le désastre d’un moratoire sur les énergies renouvelables

Sur le plan strictement politique, le Gouvernement Bayrou est sous surveillance du Rassemblement national cherchant à dictant ses sujets. Rien que sur la question des retraites (sachant que le RN ne défend pas lui-même le retour à l’âge légal de 60 ans dans son programme), Marine Le Pen a feint une opposition de façade et prétendu que « si le chemin que M. Bayrou montre continue à être une impasse, nous censurerons » (BFMTV, 18 juin 2025).

Une déclaration assez vague pour faire trembler un Gouvernement Bayrou dépendant de la droite sénatoriale afin de faire passer la majorité de ses textes, et qui se jette aux bottes du RN à chaque occasion. Pour la PPE, ça ne manque pas ! La tenue des débats à l’Assemblée nationale prend une tournure tragique : alors qu’il avait été rejeté en commission, l’article de relance du nucléaire a de nouveau été voté dans un amendement par le parti d’extrême droite, utilisant dix-sept « délégations pour raisons sanitaires » prétendant que les députés absents seraient malades (Reporterre, 20 juin 2025).

Pire encore : un amendement instaurant un moratoire concernant tout projet d’énergies renouvelables (éolien et solaire), déposé par Les Républicains (LR) a bénéficié de voix des partisans d’Eric Ciotti et du RN. Qui de mieux en effet qu’un lobbyiste du nucléaire dans le costume d’un député pour défendre cette politique (Mediapart, 20 juin 2025) ? Tremble alors Bayrou : pris au piège par des décisions contraires à ce que souhaitait le Gouvernement sur les renouvelables, il s’est tout de même engagé à prendre en compte celles-ci (Le Monde, 20 juin 2025).

La France Insoumise avait pourtant bataillé en Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale afin de rejeter l’article 3 prévoyant la relance du « nouveau nucléaire », de fixer plusieurs objectifs de développement des énergies renouvelables (ENR), notamment l’objectif de 18 Gigawatts (GW) d’éolien en mer en 2035 correspondant à la demande du Syndicat des énergies renouvelables ou encore en instaurant de meilleurs objectifs climatiques (fixation d’un objectif de réduction de l’empreinte carbone française, fixation d’un objectif contraignant de 50% de réductions d’émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990).

La relance du nucléaire ainsi que le moratoire sur les énergies renouvelables ne sont en réalité par compatibles avec l’urgence climatique. L’Élysée prévoit en des réacteurs EPR2 pour 2038 (sans compter les retards…) alors qu’il fait déjà 37°C à Paris au printemps, et que l’objectif de limitation de 1,5°C de la température planétaire avant 2050 est désormais infranchissable (Le Monde, 19 juin 2025). Ainsi, seules les énergies renouvelables peuvent se substituer efficacement et rapidement aux énergies fossiles.

De plus, en légitimant les technologies de stockage et de capture du carbone (CCUS), on sape les efforts à apporter en termes de sobriété et d’efficacité énergétique. En effet, si l’on peut produire sans cesse en s’enfermant dans le mirage de la capture du carbone, pourquoi investir dans des technologies plus performantes et penser en termes de sobriété ?

Pour aller plus loin : EACOP : le projet écocidaire de Total en Afrique de l’Est, une véritable bombe climatique à retardement

Des solutions politiques basées sur la science existent

Dans son étude Futurs énergétiques, le gestionnaire français du réseau de transport de l’électricité, RTE dessine un scénario de mix électrique reposant à 100 % sur des énergies renouvelables en 2050. Cette sortie programmée devrait être inscrite dans la PPE devrait alors pousser au maximum de leur production les énergies photovoltaïques, éoliennes, hydrauliques et marines. En réalité, trois scénarii de cette étude sur six prévoient la sortie du nucléaire en 2050 ou en 2060. Le scénario Négawatt datant de 2022 prévoit quant à lui une sortie possible du nucléaire en 2045 et un mix électrique composé à 96% d’énergies renouvelables en 2050.

Enfin, RTE concluait qu’« atteindre la neutralité carbone en 2050 est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables » (RTE, février 2022). La neutralité carbone étant elle-même un concept critiqué, il reste qu’une baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre et la viabilité de nos infrastructures énergétiques sur le temps longs doivent nécessairement passer par une hausse de la production d’énergies renouvelables, et un objectif de sobriété énergétique.

Le vote solennel du texte à l’Assemblée aura lieu le 24 juin 2025, avant une seconde lecture par le Sénat les 8 et 9 juillet. Cette semaine, le « bloc central » a pu briller par son absence, ne semblant une fois de plus pas se rendre compte de l’importance de ce texte dans la lutte contre le changement climatique, et ainsi le simple respect d’un droit constitutionnel énoncé par l’article 1er de la Charte de l’environnement : Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé. À l’heure d’une canicule exceptionnelle frappant le pays, il a plus que jamais besoin d’orientations claires en matière énergétique.

Ainsi la France Insoumise vise des objectifs concrets dans son programme : mise en place d’un pôle public de l’énergie assurant la maîtrise publique de la production et la fourniture d’énergie à des prix réglementés, sortie progressive des énergies fossiles et nucléaire et atteinte de la neutralité carbone à horizon 2050, objectif d’au moins 44% d’énergies renouvelables en 2030 et 100% à horizon 2050, objectifs intermédiaires chiffrés de développement des ENR par filière à horizon 2030.

Alors que les nouveaux décrets d’application de la PPE sont très attendus par la filière renouvelable afin que ses acteurs puissent sécuriser leurs investissements, le Gouvernement piétine une fois de plus, soumis aux menaces perpétuelles d’une extrême droite se posant en lobbyiste du nucléaire, du charbon, du pétrole.

Sources:linsoumission.fr         ( Alain Bloyé)





















 
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samedi 21 juin 2025

Qu'est-ce que le CumCum ?

Définition

Le CumCum est une pratique "d'optimisation fiscale" qui permet à des détenteurs étrangers d'actions d'entreprises françaises cotées d'échapper à l'imposition sur les dividendes.  Le terme vient de l’expression latine "cum dividend" (avec dividende), qui s'oppose à "ex dividend" (sans dividende). Le but est d'éviter la retenue à la source sur les dividendes, qui s'applique aux investisseurs étrangers mais pas aux institutions financières locales.

Enjeux liés au CumCum

Pertes fiscales :La pratique du CumCum engendre pour les Etats des pertes significatives sur le plan fiscal, puisqu'elle empêche le prélèvement normal des impôts sur les dividendes. En France, selon des estimations récentes, cette pratique coûterait entre 1 et 3 milliards d'euros par an. À l’échelle européenne, les pertes seraient encore plus importantes, atteignant potentiellement plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Enjeux juridiques et réglementaires :Le "CumCum" est à la limite de la légalité. Bien qu’il ne soit pas forcément illégal, il est souvent perçu comme un abus de droit fiscal, c’est-à-dire une utilisation des règles fiscales à des fins contraires à leur esprit. De nombreuses enquêtes ont été ouvertes en Europe. En France, les autorités fiscales et judiciaires ont intensifié les contrôles et les redressements fiscaux, mais le gouvernement s'oppose pour l'instant à l'instauration de mesure visant à interdire la pratique.

Au niveau européen, les administrations fiscales ont accru leur vigilance sur les transactions autour des périodes de versement des dividendes et les échanges d'informations entre Etats a été renforcé pour repérer les pratiques abusives. Toutefois, c'est le manque d’harmonisation des régimes fiscaux entre les États membres de l'UE qui est l'un des facteurs clé permettant l'existence des pratiques de CumCum et pour l'heure, les efforts pour agir sur cette question sont encore insuffisants.

La dérive de l'état et des banques expliquée par ce sénateur.

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jeudi 19 juin 2025

Retraites – Le COR défend la retraite jusqu’à 66 ans : l’arnaque du siècle

 Retraites. « There is no alternative. » C’était le mantra de Margaret Thatcher au Royaume-Uni dans les années 1980, pour justifier la casse de l’État social. Aujourd’hui, Emmanuel Macron et les technocrates du Conseil d’orientation des retraites (COR) reprennent le même discours, avec les mêmes objectifs : faire passer pour une fatalité budgétaire ce qui est un choix politique. À les entendre, la seule voie pour « sauver le système » serait de faire travailler les Français jusqu’à 66, voire 67 ans. Circulez, il n’y aurait pas d’alternative.

Le dernier rapport du COR, publié le 11 juin 2025, s’inscrit pleinement dans cette stratégie de communication. Malgré ses apparences techniques, il fonctionne comme un outil de légitimation idéologique. Ce n’est pas un document neutre. C’est un cadrage politique visant à tuer dans l’œuf toute perspective d’abrogation de la réforme de 2023, voire à préparer le terrain pour une nouvelle contre-réforme. Il est donc urgent de remettre les faits à leur place. 

Le rapport du COR : un système à l’équilibre, cadré à droite

Le Conseil d’orientation des retraites a rendu son rapport annuel le 11 juin dernier. Comme chaque année, il présente les perspectives financières du système à court, moyen et long terme, jusqu’en 2070. Et que montre-t-il ? À rebours du récit alarmiste relayé par le gouvernement et les médias, les conclusions du rapport sont claires : le système de retraite par répartition reste largement soutenable.

En 2024, le déficit s’élève à 1,7 milliard d’euros, soit 0,1 % du PIB. En 2030, il atteindrait 6,6 milliards (0,2 % du PIB), et 1,4 % du PIB à l’horizon 2070. Des montants modérés, surtout dans un pays qui consacre près de 1 600 milliards d’euros chaque année à ses dépenses publiques. Mieux encore : le poids des dépenses retraites dans la richesse nationale reste et restera stable, autour de 14 % du PIB, malgré le vieillissement de la population. Ce n’est donc pas une explosion des dépenses. Ainsi, le déficit provient d’un manque de recettes : elles se sont élevées à 13,9 % du PIB en 2024, mais elles devraient baisser de 0,1 point en 2030 et de 1,1 point en 2070. 

Derrière ces chiffres relativement rassurants, le COR a pourtant glissé un message politique lourd : pour garantir l’équilibre du système, il faudrait porter l’âge légal de départ à la retraite à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045, et 66,5 ans en 2070. Cette proposition, issue d’une pré-version du rapport fuitée dans la presse, a été vivement dénoncée par les syndicats, qui y ont vu une tentative manifeste d’instrumentalisation. À raison.

Depuis sa nomination, le nouveau président du COR, l’économiste néolibéral Gilbert Cette, ne cache pas son tropisme idéologique. Ex-président du groupe d’experts sur le Smic, fervent partisan de la flexibilisation du marché du travail, il a infléchi le ton du rapport dans un sens clairement favorable au gouvernement. Plusieurs passages problématiques, notamment un tableau classant les différentes pistes de financement en fonction de leur impact supposé sur la croissance, ont finalement été retirés de la version finale, sous la pression de plusieurs membres du COR.

Mais le mal est fait. Ce rapport, censé éclairer le débat public, écarte d’un revers de main toutes les pistes de recettes alternatives. Augmenter les cotisations patronales ? Mauvais pour la compétitivité. Augmenter les cotisations salariales ? Mauvais pour le pouvoir d’achat. Modérer les pensions ? Mauvais pour la demande. Seul horizon autorisé : travailler plus longtemps.

Une fois encore, le COR confond rigueur comptable et dogme néolibéral. Le déficit ne vient pas d’un « trou » structurel du système, mais de décisions politiques : le gel des effectifs dans la fonction publique, la généralisation de l’auto-entrepreneuriat, les exonérations massives de cotisations sociales non compensées. Rien que ces dernières représentent plus de 5 milliards d’euros par an, selon la Cour des comptes. Ce n’est donc pas le système qui dérape. Ce sont les politiques de désengagement de l’État et d’austérité salariale qui l’étouffent. Et cela, le COR 2025 ne le dit pas.

Pour aller plus loin : Retraites – La charge d’Éric Coquerel contre le rapport du COR

Non à 66 ans, oui à 60 ans : le combat continue

Le dernier rapport du COR, publié opportunément quelques jours après le vote à l’Assemblée nationale d’une résolution pour abroger la réforme des retraites de 2023, sert de justification politique pour enterrer ce débat démocratique. Le rapport ne se contente pas de constater un déficit modéré. Il affirme qu’il serait « nécessaire » de repousser l’âge de départ à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045, et jusqu’à 66,5 ans en 2070, pour « équilibrer structurellement » le système. Une préconisation jamais vue auparavant dans un document du COR.

Comme le rappelle Éric Coquerel, président de la commission des finances, le COR version 2025 marque une rupture brutale avec son rôle traditionnel d’organe de diagnostic pluraliste. L’orientation unilatérale du rapport est flagrante. Le nouveau président, Gilbert Cette, économiste néolibéral, parachève ainsi la reprise en main de l’institution après que son prédécesseur, Pierre-Louis Bras, a eu le tort de rappeler que le déficit des retraites provenait d’abord d’un problème de recettes, et non de dépenses. Cela lui a valu d’être débarqué de son poste par Élisabeth Borne, lorsqu’elle était Première ministre.

Surtout, le report de l’âge de départ n’a rien d’une solution miracle. La réforme de 2023 était censée rétablir l’équilibre, dixit le camp présidentiel. Pourtant, le déficit attendu reste de 6,6 milliards d’euros en 2030 (0,2 % du PIB), et pourrait grimper à 1,4 % du PIB en 2070. Preuve que travailler plus longtemps ne règle rien, surtout dans un pays où l’espérance de vie en bonne santé plafonne à 62 ans.

En réalité, retarder la retraite aggrave la précarité sociale. Quand le Royaume-Uni a repoussé l’âge légal à 66 ans, 200 000 personnes ont basculé dans la pauvreté. Aujourd’hui, un retraité britannique sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. En Allemagne, avec un âge légal à 65 ans, 20 % des retraités sont menacés de précarité, et 11 % des 65-74 ans sont contraints de cumuler avec un petit boulot. En France, 43 % des nouveaux retraités en 2020 étaient déjà sans emploi avant de liquider leurs droits.

Et ce n’est pas un hasard. Comme le souligne Éric Coquerel, forcer les gens à travailler plus longtemps ne crée pas de richesse si la productivité stagne. Or, entre 2019 et 2023, la productivité en France a chuté de 3,5 %, alors qu’elle progressait de 0,6 % par an en moyenne entre 2011 et 2019. Résultat : les entreprises n’embauchent pas davantage de seniors, et le recul de l’âge légal ne fait qu’alimenter le chômage et la précarité, transférant les coûts vers France Travail et l’Assurance maladie. La pression sociale et psychologique s’accroît, alors même que l’espérance de vie en bonne santé plafonne à 62 ans pour les hommes comme pour les femmes.

Il est donc urgent d’actionner d’autres leviers. L’économiste Michaël Zemmour le rappelle : abroger la réforme de 2023 coûterait 0,6 point de PIB d’ici 2032, soit environ 16 milliards d’euros, finançables par une hausse modérée des cotisations : 0,15 point par an pendant six ans, à répartir entre employeurs et salariés. C’est possible, raisonnable et juste.

Et pourquoi ne pas faire mieux ? Ramener l’âge légal à 60 ans avec 40 annuités pour carrière complète, comme le proposent les insoumis, coûterait 27 milliards d’euros. Garantir qu’aucune pension ne tombe sous le seuil de pauvreté pour les minima vieillesse, et pas en dessous du SMIC pour une carrière complète, coûterait 28 milliards d’euros supplémentaires. Un coût, oui. Mais un coût pour le droit à la dignité.

Les solutions de financement ne manquent pas. Avant même d’inventer de nouveaux prélèvements, il faut déjà arrêter d’assécher les recettes actuelles. Le COR lui-même pointe le désengagement de l’État dans les régimes publics. La Cour des comptes chiffre à 5,5 milliards d’euros par an le coût des exonérations de cotisations non-compensées pour la sécurité sociale.

Ensuite, comme le rappelle Coquerel, il faut également cesser d’encourager le recours massif à l’auto-entrepreneuriat, bien souvent un salariat déguisé, qui ne rapporte rien aux caisses sociales. Rien qu’en 2024, 716 200 créations d’entreprises ont été enregistrées sous le régime de microentrepreneur.

De même, il est temps d’arrêter de discréditer les hausses de recettes. Parmi ces pistes immédiatement mobilisables :
• Une hausse de 1 point des cotisations patronales déplafonnées rapporterait 13,8 milliards d’euros, selon la Cour des comptes ;
• Soumettre à cotisations les revenus issus des primes, de l’intéressement et de la participation dégagerait 2,2 milliards, auxquels s’ajouteraient 10 milliards supplémentaires si l’on y ajoutait dividendes et rachats d’actions ;
• Aligner la fiscalité des produits d’épargne retraite sur celle des salaires permettrait 6,4 milliards de recettes supplémentaires.

À ces leviers s’ajoutent ceux du programme de l’Avenir en commun, le programme des insoumis, capables de dégager plus de 60 milliards d’euros par an, pour financer les urgences sociales et écologiques :

  1. Taxer les superprofits des grandes entreprises liées aux crises (guerres, pandémies, spéculation) : 10 à 20 milliards par an.
  2. Instaurer un impôt universel sur les entreprises : 18 milliards.
  3. Un véritable impôt sur la fortune : 10 milliards.
  4. Réformer les droits de succession sur les très grands patrimoines : 5 à 10 milliards.
  5. Revoir certaines niches fiscales jugées injustes : 15 à 20 milliards.
  6. Rétablir une fiscalité progressive sur les revenus financiers : 2 milliards.
  7. Imposer l’égalité salariale femmes-hommes : 11 milliards de cotisations supplémentaires.
  8. Augmenter les salaires, ce qui générerait a minima 12 milliards de cotisations.
  9. Créer un million d’emplois dans la bifurcation écologique : 16 milliards de cotisations nouvelles.

À cela s’ajoutent 4 milliards d’économies sur les prestations sociales et le chômage, directement liées à un retour à la retraite à 60 ans.

Mais il faut aussi mettre fin à la logique punitive qui structure notre système actuel. Il est temps de supprimer la décote, ce mécanisme injuste qui pénalise les carrières hachées, les femmes, les précaires, les accidentés du travail. Une réforme progressiste doit garantir la retraite pour toutes et tous, sans punition ni condition impossible à remplir.

Car la retraite à 60 ans n’est pas une lubie comptable. C’est un projet de société. C’est permettre aux travailleuses et travailleurs de choisir leur fin de carrière, de vivre dignement après une vie d’efforts, de profiter de leur famille, de rejoindre des associations, de faire du sport, de transmettre un savoir, de se reposer, tout simplement. Ce droit à la retraite, n’a pas été volté : il a été conquis de haute lutte. Et c’est par la mobilisation que nous le défendrons.

La réforme Macron n’a ni majorité sociale, ni majorité parlementaire. Si le conclave échoue à l’abroger, ce qui est plus que probable, alors il faudra censurer le gouvernement Bayrou. Car la retraite n’est pas une variable d’ajustement budgétaire, c’est un pilier de notre modèle social, et qui peut être sauvé.

La retraite par capitalisation : pas de Bourse pour les vieux jours

Derrière le débat sur l’âge de départ se profile un autre projet bien plus sournois : celui de remettre en cause notre système solidaire de retraite par répartition, au profit d’un modèle fondé sur la capitalisation. Ce scénario est désormais ouvertement assumé par le Medef, qui profite du « conclave » lancé par François Bayrou pour glisser ses ambitions dans le débat. « Il n’y aura pas de sujet tabou », a dit le Haut-Commissaire. Tant mieux : parlons-en franchement.

Depuis 1946, la France repose sur un système par répartition. Ce modèle repose sur la solidarité intergénérationnelle : les cotisations des actifs financent les pensions des retraités. Chaque génération paie pour la précédente et se voit garantir, en retour, une pension équitable. C’est un système collectif, protecteur, où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses droits, en tenant compte des accidents de la vie : chômage, maternité, invalidité, carrières hachées.

La capitalisation, elle, repose sur une logique totalement inverse : chacun épargne individuellement pour sa retraite future. Ce capital est souvent confié à des fonds financiers privés censés le faire fructifier sur les marchés. Ce modèle existe déjà en France, mais reste marginal : seuls 16,6 % des ménages détenaient un produit d’épargne retraite en 2021. Et pour cause : quand les taux de remplacement restent élevés grâce au système actuel (près de 75 % pour la génération 1950), personne ne ressent le besoin d’aller jouer sa retraite en Bourse.
Les partisans de la capitalisation avancent trois arguments.

D’abord, que les rendements espérés sont supérieurs à ceux de la répartition : entre 2 % et 3 % par an dans certains pays. Ensuite, que ces capitaux massifs permettraient de doter la France de fonds de pension à l’américaine, capables d’investir à long terme dans l’économie. Enfin, que face au vieillissement démographique, la capitalisation offrirait une « solution durable » là où la répartition serait vouée au déficit, soi-disant.

Mais cette fable ne résiste pas à l’épreuve des faits. Premièrement, les fameux « rendements supérieurs » sont très incertains dans une économie vieillissante. Moins d’actifs, moins de croissance, moins de rendement du capital. Pour maintenir la promesse de gains, ces fonds devront investir dans des pays à forte dynamique démographique : autrement dit, les profits futurs ne financeront pas les écoles ou les hôpitaux, mais iront nourrir les marchés émergents. Un hold-up silencieux sur notre épargne, au détriment du développement national.

Deuxièmement, la capitalisation pose un problème de transition majeur. Passer d’un système solidaire à un système individualisé signifie qu’il faut financer les pensions des retraités actuels et les futurs droits par capitalisation. Ce « double paiement » coûterait au bas mot 20 milliards d’euros par an, rien que pour commencer à capitaliser à hauteur de 10 à 15 % du système. Un coût faramineux. Dans le contexte budgétaire actuel, cette transition serait soit financée par la dette publique (comme au Chili), soit par des privatisations (comme en Pologne dans les années 1990). Dans tous les cas, ce serait un transfert massif de richesse du public vers le privé. À choisir, investissons cet argent dans la santé, l’école ou la bifurcation écologique. Là, au moins, l’investissement profite à toutes et tous.

Troisièmement, la capitalisation renforce mécaniquement les inégalités. En Allemagne, le « plan Riester » lancé en 2001 devait compenser la baisse des retraites de base par des produits d’épargne subventionnés. Vingt ans plus tard, c’est un échec total : seuls 25 % des salariés ont souscrit, et les contrats « Riester » ne représentent que 5 % du revenu moyen des retraités. Résultat : les inégalités explosent. Le taux de pauvreté des plus de 65 ans atteint 20 %, et pourrait frôler 25 % en 2030. Les riches épargnent, les autres trinquent. À contrario, la France affiche l’un des taux les plus bas d’Europe : le système de retraite (par répartition) français protège plus efficacement que les autres ses retraités de la pauvreté.

Enfin, même dans sa version « douce », la capitalisation reste fondamentalement injuste. Encourager chacun à épargner suppose… d’avoir les moyens de le faire. Or les ouvriers, les jeunes précaires, les femmes aux carrières hachées n’ont souvent ni la stabilité ni les revenus pour épargner sur trente ans. La Cour des comptes a constaté que les dispositifs comme ceux issus de la loi Pacte sont surtout utilisés par les plus aisés, âgés, et les cadres de grandes entreprises. Résultat : les inégalités que l’on retrouve dans le monde du travail se retrouvent, démultipliées, à la retraite. Les riches spéculent pour des pensions dorées, pendant que les classes populaires s’enfoncent dans l’insécurité.

Certains affirment qu’avec assez de temps, les marchés « lissent » les risques. Peut-être. Mais à quel prix ? En Australie, après la crise de 2008, des milliers de retraités ont vu leur capital fondre et ont dû repousser leur départ en retraite. Et surtout : dans un modèle capitalisé, chacun devient responsable de ses pertes. Fini la retraite comme droit collectif : place à la retraite comme pari individuel.

Face à cette tentative de privatisation rampante, la fermeté est de mise : la retraite est un droit, pas un placement boursier. Ce n’est pas une loterie à la merci des krachs ou des fonds vautours. C’est un choix de société. Et le nôtre est clair : solidarité, répartition, dignité.

—————-

Derrière les chiffres du COR, c’est un projet politique qui se dessine : faire travailler les plus longtemps, pour gagner moins, et demain, les pousser vers la retraite par capitalisation. Ce modèle, déjà testé ailleurs, mène à plus de précarité, plus d’inégalités, plus d’insécurité. Face à cette offensive, un choix doit être fait : subir ou résister. La retraite par répartition est un droit. Un pilier de solidarité que beaucoup voudraient démolir au profit des marchés.

Les néolibéraux au pouvoir ont l’argent, les cabinets de conseil et les plateaux télé. Nous avons la force du nombre : 80 % des Français étaient opposés à la réforme des retraites, 93 % en comptant seulement les actifs. Le combat continue, dans la rue, dans les urnes, dans les esprits.

Sources:linsoumission.fr (Par Elias Peschier)





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mercredi 18 juin 2025

À Gaza, « un crime d’extermination et de génocide » : ce que révèle ce nouveau rapport de l’ONU

 Gaza. Dans un nouveau rapport publié le 10 juin 2025, la Commission d’enquête de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés accuse Israël de commettre à Gaza des crimes de guerre, mais aussi un crime contre l’humanité d’extermination. En visant écoles, lieux de culte et sites culturels, c’est tout un peuple qui est visé dans son identité, son histoire, et son avenir. Jeudi 13 mars, cette même commission avait qualifié les attaques « systématiques » d’Israël contre la santé sexuelle et reproductive à Gaza comme des « actes génocidaires ».

En dépit de cette énième alerte de l’ONU, qui complète les précédentes depuis plus d’un an et demi, les États occidentaux s’enferment dans un rapport de complicité avec le régime génocidaire israélien. 

Une campagne militaire contre la société civile

Le 10 juin 2025, la Commission d’enquête indépendante de l’ONU, présidée par Navi Pillay, rend public un rapport glaçant : les attaques israéliennes à Gaza ciblent délibérément des civils, des infrastructures éducatives, religieuses et culturelles, constituant à la fois des crimes de guerre et un crime contre l’humanité d’extermination.

L’ONU accuse l’armée israélienne d’avoir bombardé des écoles, y compris des établissements gérés par l’UNRWA, des mosquées historiques, des centres communautaires et des bibliothèques. Il ne s’agirait donc pas de « dommages collatéraux », mais d’une stratégie visant à anéantir les fondations sociales d’un peuple.

« Nous assistons à une campagne concertée pour oblitérer la vie palestinienne à Gaza», affirme Navi Pillay, soulignant que la destruction des infrastructures éducatives et culturelles empêche toute reconstruction possible de la société.

Le rapport dénonce également une intensification des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où des écoles sont perquisitionnées, des enseignants arrêtés, et des élèves terrorisés, notamment des filles.

Pour aller plus loin : Portrait – Olivier Rafowicz : porte-parole de l’armée israélienne en France, coqueluche des médias complices

Crimes de guerre et d’extermination : ce que dit l’ONU

Pour la Commission des droits de l’homme, les attaques ciblant délibérément des civils ou des infrastructures civiles protégées par le droit international, comme les écoles ou les lieux de culte, sont qualifiées de crimes de guerre selon les Conventions de Genève.

Mais le plus marquant dans ce rapport, c’est l’emploi du mot « extermination », rare dans le langage onusien. Il désigne ici une destruction systématique et massive de la population palestinienne, notamment à travers l’attaque de lieux vitaux à la survie physique et sociale. L’ONU parle d’un usage intentionnel de la force visant à détruire les conditions d’existence d’un peuple : eau, nourriture, santé, culture, éducation.

Plus de 90 % des établissements scolaires ont été détruits ou gravement endommagés à Gaza. Selon l’ONU, 658 000 enfants sont désormais privés d’école. Le rapport évoque également la destruction d’un patrimoine culturel millénaire, assimilée à une forme de « génocide culturel ».

Israël nie, mais la pression monte

Face à ces accusations, Israël dénonce un rapport « biaisé », et rappelle qu’il s’est retiré du Conseil des droits de l’homme de l’ONU en février 2025. Pour autant, la communauté internationale s’inquiète. Le Royaume-Uni a récemment imposé des sanctions contre deux ministres israéliens jugés responsables de l’escalade des violences.

De leur côté, plusieurs ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International confirment les conclusions de l’ONU. Elles dénoncent une stratégie militaire israélienne qui vise à rendre Gaza invivable : blocus alimentaire, pénurie d’eau, effondrement du système de santé, et destruction de toutes les structures éducatives.

Dans de nombreuses capitales, des rassemblements citoyens dénoncent la complaisance des chancelleries occidentales. Des juristes et experts du droit international demandent à ce que des procédures judiciaires soient engagées devant la Cour pénale internationale, pour que les responsables de ces crimes soient poursuivis.

Une société effacée : culture, religion, santé et éducation visées

Le rapport de la Commission d’enquête de l’ONU souligne que les attaques israéliennes ont visé non seulement les écoles, mais aussi les hôpitaux, les mosquées, les églises, les centres culturels et d’autres infrastructures civiles essentielles. Des sites religieux centenaires ont été réduits en poussière, des hôpitaux ont été bombardés alors qu’ils accueillaient encore des patients, et des lieux de mémoire ont été effacés du paysage gazaoui.

Cette destruction systématique de la vie civile va bien au-delà des dommages collatéraux. Elle s’inscrit dans une logique plus vaste : celle de l’anéantissement de l’identité collective. Comme le rappelle Navi Pillay, « l’éducation est un droit fondamental protégé par le droit international, y compris en temps de guerre ». Elle ajoute : « détruire l’école, c’est détruire la mémoire, la transmission, et la capacité d’un peuple à se relever ».

À cela s’ajoute un blocus total de Gaza, qui prive la population d’accès à l’eau potable, à la nourriture, à l’électricité et aux soins. Cette stratégie, qualifiée de punition collective, participe directement à l’accusation de crime contre l’humanité d’extermination.

Des chercheurs évoquent ici une forme d’« historicide » : l’effacement délibéré de la mémoire historique et culturelle d’un groupe, une mécanique déjà observée dans d’autres conflits asymétriques où la destruction culturelle accompagne la violence physique.

Refuser l’effacement

En qualifiant les attaques israéliennes de crimes de guerre et d’extermination, l’ONU pose un acte fort pour réaffirmer les règles du droit international et la qualification des crimes, nécessaire pour la poursuite des auteurs de ces crimes.

La France, comme tous les États membres de l’ONU, est aujourd’hui face à un choix : continuer à fermer les yeux, ou agir pour que ces crimes ne restent pas impunis. Ce que dit l’ONU, c’est que les droits humains ne peuvent être subordonnés à des alliances géopolitiques.

Refuser l’effacement de Gaza, c’est défendre le droit à l’éducation, à la mémoire, et à la dignité pour toutes les sociétés humaines.

Sources:linsoumission.fr (par Kaïs)











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mardi 17 juin 2025

Ventes d’armes : Marine Le Pen vole (encore une fois) au secours de Netanyahu

 Le Pen. Le salon du Bourget s’est ouvert ce lundi 16 juin. Des stands israéliens d’armement ont été fermés en raison du génocide en cours à Gaza. Des fermetures de « désapprobation » d’un Gouvernement qui refuse encore de reconnaître l’État de Palestine. Une décision insupportable pour Marine Le Pen, la première amie de Benjamin Netanyahu en France avec Jordan Bardella. Selon ses mots, cette fermeture de stands « démontre une volonté de nuire à un état allié de la France ». Une « discrimination inacceptable », dénonce-t-elle.

Alors que le peuple palestinien est massacré sous les bombes et tué par la famine par le blocus illégal de la bande de Gaza, l’extrême droite française renouvelle son plein soutien au Premier ministre Netanyahu et à ses ministres d’extrême droite.

Dernièrement, son ministre du Patrimoine a recommandé de « lancer une bombe atomique » sur Gaza et de « bombarder l’aide humanitaire ». Les ministres suprémacistes Ben Gvir et Smortich sont du même calibre. Les héritiers des génocidaires retrouvent leurs alliés génocidaires du présent. Une certaine cohérence. Face à ses voisins au Proche-Orient, Jean-Marie Le Pen a toujours défendu Israël.Pour l’extrême droite, Israël constitue l’avant-poste de l’Occident face à un Proche-Orient qu’elle exècre. Pas une seule critique émise, comme sa fille aujourd’hui, qui reprend tous les éléments de la propagande israélienne, maintes fois démentis par les ONG, les associations et les filiales de l’ONU dans la région.

Sur Twitter, Manuel Bompard a réagi : « Honteux : Le Pen voudrait que l’on vende au salon du Bourget les armes utilisées pour massacrer la population de Gaza. L’extrême-droite, toujours du côté des génocides ». À noter que certains stands israéliens restent eux ouverts, ce qui constitue là le vrai et seul scandale au regard des massacres toujours en cours à Gaza. Emmanuel Macron est « dur à suivre » a jugé Jean-Luc Mélenchon.

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Le Pen. Le salon du Bourget s’est ouvert ce lundi 16 juin. Des stands israéliens d’armement ont été fermés en raison du génocide en cours à Gaza. Des fermetures de « désapprobation » d’un Gouvernement qui refuse encore de reconnaître l’État de Palestine. Une décision insupportable pour Marine Le Pen, la première amie de Benjamin Netanyahu en France avec Jordan Bardella. Selon ses mots, cette fermeture de stands « démontre une volonté de nuire à un état allié de la France ». Une « discrimination inacceptable », dénonce-t-elle.

Alors que le peuple palestinien est massacré sous les bombes et tué par la famine par le blocus illégal de la bande de Gaza, l’extrême droite française renouvelle son plein soutien au Premier ministre Netanyahu et à ses ministres d’extrême droite.

Dernièrement, son ministre du Patrimoine a recommandé de « lancer une bombe atomique » sur Gaza et de « bombarder l’aide humanitaire ». Les ministres suprémacistes Ben Gvir et Smortich sont du même calibre. Les héritiers des génocidaires retrouvent leurs alliés génocidaires du présent. Une certaine cohérence. Face à ses voisins au Proche-Orient, Jean-Marie Le Pen a toujours défendu Israël.Pour l’extrême droite, Israël constitue l’avant-poste de l’Occident face à un Proche-Orient qu’elle exècre. Pas une seule critique émise, comme sa fille aujourd’hui, qui reprend tous les éléments de la propagande israélienne, maintes fois démentis par les ONG, les associations et les filiales de l’ONU dans la région.

Sur Twitter, Manuel Bompard a réagi : « Honteux : Le Pen voudrait que l’on vende au salon du Bourget les armes utilisées pour massacrer la population de Gaza. L’extrême-droite, toujours du côté des génocides ». À noter que certains stands israéliens restent eux ouverts, ce qui constitue là le vrai et seul scandale au regard des massacres toujours en cours à Gaza. Emmanuel Macron est « dur à suivre » a jugé Jean-Luc Mélenchon.

Rappelons qu’il y a trois semaines, l’Élysée a validé en secret la livraison de 14 tonnes de pièces de fusils mitrailleurs made in France à destination d’Israël. La mobilisation exemplaire des dockers du port de Fos-Marseille a empêché que ces armes soient chargées à bord d’un bateau en direction d’Israël. Notre brève.

Pour aller plus loin : « J’ai refusé de brûler des maisons » – 60 000 Israéliens refusent de rejoindre l’armée sur fond de grandes désertions

« Honteux : Le Pen voudrait que l’on vende au salon du Bourget les armes utilisées pour massacrer la population de Gaza. L’extrême-droite, toujours du côté des génocides » – Manuel Bompard


















Sources:linsoumission.fr










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lundi 16 juin 2025

EACOP : le projet écocidaire de Total en Afrique de l’Est, une véritable bombe climatique à retardement.

 EACOP. D’après le rapport du GIEC, plus aucun nouveau projet pétrolier et gazier ne doit voir le jour si l’on veut pouvoir espérer limiter l’augmentation de la température à +1,5 degré dans les années à venir. Pour les actionnaires de Total, seule compte l’augmentation des dividendes.

Aller à l’encontre des dernières directives du GIEC, de l’accord de Paris, du devoir de vigilance européen, du principe constitutionnel français de précaution, exproprier des populations de leurs terres et se les accaparer, menacer et faire réprimer des militants écologistes, détruire la faune et la flore dans des endroits protégés, créer une bombe à retardement climatique… La multinationale polluante qui a menti depuis des décennies sur le réchauffement climatique va toujours plus loin en finalisant cette année la construction du plus grand oléoduc au monde en Afrique de l’Est, en pleine nature sauvage. Son nom ? L’EACOP (East African Crude Oil Pipeline)

L’EACOP, un projet écocidaire dangereux qui se concrétise

Total prévoit la construction d’un oléoduc pour cette année en de l’Afrique de l’Est, un oléoduc géant de 1444 kilomètres afin de transporter du pétrole à travers l’Ouganda et la Tanzanie.

400 kilomètres de ce pipeline traverseront le lac Victoria. La multinationale française est l’instigatrice principale de ce projet. Depuis 2006, le pétrole situé en abondance sous le lac Victoria suscite la convoitise. L’oléoduc de TotalEnergies (qui détient 62 % des parts de ce projet) va donc traverser l’immense lac Victoria, et ses précieuses zones humides.

C’est l’un des projets d’extraction d’énergie fossile les plus titanesques en cours de réalisation. Un oléoduc chauffé battant tous les records, dans le but d’exporter du pétrole ougandais vers le monde entier. Afin de réaliser ce pipeline géant, TotalEnergies, les compagnies pétrolières nationales d’Ouganda et de Tanzanie et la Cnooc (une compagnie chinoise) ont créé une holding.

Celle-ci est détenue à 62 % par le français, à 30 % par les deux compagnies pétrolières locales et à 8 % par la compagnie chinoise. Le projet représente un investissement de 8,8 milliards d’euros. En raison de la nocivité du projet, 24 grandes banques se sont toutefois engagées à ne pas soutenir financièrement l’EACOP. (1)

Pour aller plus loin : Comment Total a fabriqué l’insouciance climatique depuis les années 1970

L’aire géographique concernée, un joyau de l’humanité déjà menacé

Plus grande étendue d’eau douce d’Afrique, deuxième plus grande étendue d’eau douce au monde et abritant une incroyable biodiversité, le lac Victoria partage ses rives entre la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya.

Plus de 40 millions de personnes dépendent quotidiennement de ce joyau de l’humanité avec de nombreux villages de pêche aux alentours. La plupart des habitant•es bordant le lac Victoria vivent de la pêche et de l’agriculture, quasiment en autarcie avec leurs embarcations, et se retrouvent totalement impuissants face à la réalisation de ce projet d’oléoduc. La biodiversité du lac est déjà menacée en raison de la surpêche et des rejets toxiques.

Les conséquences destructrices pour les populations

Un chantier immense qui va contraindre plus de 100 000 personnes à quitter leurs terres. Ce sont les terres de plus de 100 000 personnes qui sont menacées par ce projet géant. Avec la mise en place de délimitations et de bornes, de nombreuses familles, victimes de menaces, d’intimidations et d’arrestations, ne peuvent plus se rendre sur leurs terres. Des familles expropriées de leurs propres sols sans la moindre indemnisation.

L’un des risques majeurs de projet est la possibilité d’une contamination des deux plus grandes réserves d’eau douce d’Afrique de l’Est (les lacs Victoria et Albert). Conséquences ? cela pourrait empêcher l’accès à l’eau potable et à la nourriture pour plus de 40 millions de personnes. (2)

Pour aller plus loin : Super-profits : 20,5 milliards d’euros de bénéfices pour Total en 2022, nouveau record

Les conséquences destructrices sur la nature et le climat

400 puits de forage sont nécessaires pour donner vie au projet EACOP

Le projet prévoit la création de six champs pétrolifères ainsi que le forage d’environ 400 puits répartis sur 31 emplacements, dont une partie est située dans une aire naturelle protégée en Ouganda. L’objectif est d’extraire entre 190 et 220 000 barils par jour et de le transporter via ce qui sera le plus grand oléoduc chauffé au monde, si l’EACOP voit le jour.

L’estimation de la pollution fait froid dans le dos : 34 millions de tonnes de CO2 supplémentaires seront émises par an ! Des émissions équivalentes à 25 fois les émissions totales actuelles de l’Ouganda et de la Tanzanie.

16 aires naturelles protégées seront défigurées par l’EACOP

Les caractéristiques du pétrole du projet EACOP nécessitent en effet qu’il soit maintenu à 50 °C durant son transport. Sur son chemin, 16 aires naturelles protégées seront traversées. Concernant les aires naturelles mises en danger par l’EACOP, cela concerne notamment le Parc national des chutes d’eau de Murchinson en Ouganda.

Une menace pour les espèces animales

Lions, chimpanzés, antilopes, serpents, singes, zèbres, lions, hippopotames… Autant d’espèces qui s’épanouissent dans la zone concernée et que l’oléoduc va menacer. Une biodiversité très riche mis déjà en déclin avec un risque d’extinction d’espèces en augmentation. (3)

Une bombe climatique à retardement, illégale au regard du droit international, européen et français

Un projet contraire aux engagements internationaux

L’oléoduc géant en pleine nature sauvage va contrevenir à plusieurs grands engagements internationaux, il constitue une pollution supplémentaire qui va totalement à l’encontre des dernières directives du GIEC, qui plus est.

263 organisations de la société civile ont demandé aux agences de financement de ne pas soutenir ce projet d’oléoduc géant en raison des dommages écologiques et sociaux pour les populations concernées.

Il contrevient à la Convention sur la biodiversité et la Convention de Ramsar sur les zones humides en raison de la menace avérée contre les espèces animales. Le projet EACOP va à également à l’encontre de l’Accord de Paris pour le climat (COP21) dont l’objectif est de maintenir l’augmentation de la température moyenne en dessous de 2 degrés par rapport aux niveaux pré-industriels. L’accord de Paris implique de réduire drastiquement les émissions de CO2 notamment pour les compagnies pétrolières et non de les augmenter de 34 millions de tonnes par an.

Un projet qui ne respecte pas le principe de précaution. Ce principe entériné lors du sommet de Rio en 1992 déclare qu’il convient de prendre des mesures de gestion afin de prévenir des dommages potentiels graves sur l’environnement et la santé. Ce qui implique, par précaution, de ne pas prendre le risque de contaminer les eaux douces des deux lacs concernés. Un projet contraire au droit européen, donc.

Un projet contraire au devoir de vigilance et au principe de précaution

En 2022, le Parlement européen a voté une résolution en urgence dénonçant des violations des droits de l’homme, des actes d’intimidation et des risques immenses pour les communautés locales, l’environnement et le climat. Par l’adoption de cette résolution, le Parlement européen a notamment demandé à TotalEnergies de mettre fin aux forages et l’indemnisation des personnes expropriées.

Ainsi, la nouvelle directive européenne sur le devoir de vigilance, adoptée le 24 avril 2024 exige des entreprises (dont les multinationales) et de leurs partenaires de prévenir et de mettre fin à leurs activités en cas d’incidences négatives, réelles ou potentielles sur les droits humains et l’environnement, ce qui est le cas en l’espèce.(4)

Le principe de précaution pré-cité est devenu constitutionnel en droit français en 2007. Les inscriptions dans la Constitution de la règle verte et de la règle bleue proposées par La France Insoumise viendront renforcer l’arsenal juridique constitutionnel visant à prévenir toute atteinte potentielle à l’environnement.

Il est temps de faire payer les grands pollueurs. Par une régulation stricte des activités climaticides à l’heure où la planète brûle, le gouvernement français doit imposer à Total la fin de ce projet écocidaire, cesser de vouloir à tout prix satisfaire les désirs financiers hors-sol d’une poignée d’actionnaires, protéger les populations concernées et lutter réellement contre le réchauffement climatique en commençant par interdire tout nouveau projet écocidaire par les multinationales et grandes entreprises françaises.

Par Arthur Abbatucci

(1) https://www.stopeacop.net/ À souligner l’initiative pas d’argent, pas de pipeline de la
part de STOP EACOP
(2) Un risque avéré de contamination des eaux en cas de contamination d’après un
rapport des amis de la Terre, paru en 2022
(3) Selon un rapport de l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature) qui
incite à mettre en place des plans de sauvegarde de la biodiversité
(4) Directive 2024/1760

Sources:linsoumission.fr
















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