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jeudi 19 juin 2025

Retraites – Le COR défend la retraite jusqu’à 66 ans : l’arnaque du siècle

 Retraites. « There is no alternative. » C’était le mantra de Margaret Thatcher au Royaume-Uni dans les années 1980, pour justifier la casse de l’État social. Aujourd’hui, Emmanuel Macron et les technocrates du Conseil d’orientation des retraites (COR) reprennent le même discours, avec les mêmes objectifs : faire passer pour une fatalité budgétaire ce qui est un choix politique. À les entendre, la seule voie pour « sauver le système » serait de faire travailler les Français jusqu’à 66, voire 67 ans. Circulez, il n’y aurait pas d’alternative.

Le dernier rapport du COR, publié le 11 juin 2025, s’inscrit pleinement dans cette stratégie de communication. Malgré ses apparences techniques, il fonctionne comme un outil de légitimation idéologique. Ce n’est pas un document neutre. C’est un cadrage politique visant à tuer dans l’œuf toute perspective d’abrogation de la réforme de 2023, voire à préparer le terrain pour une nouvelle contre-réforme. Il est donc urgent de remettre les faits à leur place. 

Le rapport du COR : un système à l’équilibre, cadré à droite

Le Conseil d’orientation des retraites a rendu son rapport annuel le 11 juin dernier. Comme chaque année, il présente les perspectives financières du système à court, moyen et long terme, jusqu’en 2070. Et que montre-t-il ? À rebours du récit alarmiste relayé par le gouvernement et les médias, les conclusions du rapport sont claires : le système de retraite par répartition reste largement soutenable.

En 2024, le déficit s’élève à 1,7 milliard d’euros, soit 0,1 % du PIB. En 2030, il atteindrait 6,6 milliards (0,2 % du PIB), et 1,4 % du PIB à l’horizon 2070. Des montants modérés, surtout dans un pays qui consacre près de 1 600 milliards d’euros chaque année à ses dépenses publiques. Mieux encore : le poids des dépenses retraites dans la richesse nationale reste et restera stable, autour de 14 % du PIB, malgré le vieillissement de la population. Ce n’est donc pas une explosion des dépenses. Ainsi, le déficit provient d’un manque de recettes : elles se sont élevées à 13,9 % du PIB en 2024, mais elles devraient baisser de 0,1 point en 2030 et de 1,1 point en 2070. 

Derrière ces chiffres relativement rassurants, le COR a pourtant glissé un message politique lourd : pour garantir l’équilibre du système, il faudrait porter l’âge légal de départ à la retraite à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045, et 66,5 ans en 2070. Cette proposition, issue d’une pré-version du rapport fuitée dans la presse, a été vivement dénoncée par les syndicats, qui y ont vu une tentative manifeste d’instrumentalisation. À raison.

Depuis sa nomination, le nouveau président du COR, l’économiste néolibéral Gilbert Cette, ne cache pas son tropisme idéologique. Ex-président du groupe d’experts sur le Smic, fervent partisan de la flexibilisation du marché du travail, il a infléchi le ton du rapport dans un sens clairement favorable au gouvernement. Plusieurs passages problématiques, notamment un tableau classant les différentes pistes de financement en fonction de leur impact supposé sur la croissance, ont finalement été retirés de la version finale, sous la pression de plusieurs membres du COR.

Mais le mal est fait. Ce rapport, censé éclairer le débat public, écarte d’un revers de main toutes les pistes de recettes alternatives. Augmenter les cotisations patronales ? Mauvais pour la compétitivité. Augmenter les cotisations salariales ? Mauvais pour le pouvoir d’achat. Modérer les pensions ? Mauvais pour la demande. Seul horizon autorisé : travailler plus longtemps.

Une fois encore, le COR confond rigueur comptable et dogme néolibéral. Le déficit ne vient pas d’un « trou » structurel du système, mais de décisions politiques : le gel des effectifs dans la fonction publique, la généralisation de l’auto-entrepreneuriat, les exonérations massives de cotisations sociales non compensées. Rien que ces dernières représentent plus de 5 milliards d’euros par an, selon la Cour des comptes. Ce n’est donc pas le système qui dérape. Ce sont les politiques de désengagement de l’État et d’austérité salariale qui l’étouffent. Et cela, le COR 2025 ne le dit pas.

Pour aller plus loin : Retraites – La charge d’Éric Coquerel contre le rapport du COR

Non à 66 ans, oui à 60 ans : le combat continue

Le dernier rapport du COR, publié opportunément quelques jours après le vote à l’Assemblée nationale d’une résolution pour abroger la réforme des retraites de 2023, sert de justification politique pour enterrer ce débat démocratique. Le rapport ne se contente pas de constater un déficit modéré. Il affirme qu’il serait « nécessaire » de repousser l’âge de départ à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045, et jusqu’à 66,5 ans en 2070, pour « équilibrer structurellement » le système. Une préconisation jamais vue auparavant dans un document du COR.

Comme le rappelle Éric Coquerel, président de la commission des finances, le COR version 2025 marque une rupture brutale avec son rôle traditionnel d’organe de diagnostic pluraliste. L’orientation unilatérale du rapport est flagrante. Le nouveau président, Gilbert Cette, économiste néolibéral, parachève ainsi la reprise en main de l’institution après que son prédécesseur, Pierre-Louis Bras, a eu le tort de rappeler que le déficit des retraites provenait d’abord d’un problème de recettes, et non de dépenses. Cela lui a valu d’être débarqué de son poste par Élisabeth Borne, lorsqu’elle était Première ministre.

Surtout, le report de l’âge de départ n’a rien d’une solution miracle. La réforme de 2023 était censée rétablir l’équilibre, dixit le camp présidentiel. Pourtant, le déficit attendu reste de 6,6 milliards d’euros en 2030 (0,2 % du PIB), et pourrait grimper à 1,4 % du PIB en 2070. Preuve que travailler plus longtemps ne règle rien, surtout dans un pays où l’espérance de vie en bonne santé plafonne à 62 ans.

En réalité, retarder la retraite aggrave la précarité sociale. Quand le Royaume-Uni a repoussé l’âge légal à 66 ans, 200 000 personnes ont basculé dans la pauvreté. Aujourd’hui, un retraité britannique sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. En Allemagne, avec un âge légal à 65 ans, 20 % des retraités sont menacés de précarité, et 11 % des 65-74 ans sont contraints de cumuler avec un petit boulot. En France, 43 % des nouveaux retraités en 2020 étaient déjà sans emploi avant de liquider leurs droits.

Et ce n’est pas un hasard. Comme le souligne Éric Coquerel, forcer les gens à travailler plus longtemps ne crée pas de richesse si la productivité stagne. Or, entre 2019 et 2023, la productivité en France a chuté de 3,5 %, alors qu’elle progressait de 0,6 % par an en moyenne entre 2011 et 2019. Résultat : les entreprises n’embauchent pas davantage de seniors, et le recul de l’âge légal ne fait qu’alimenter le chômage et la précarité, transférant les coûts vers France Travail et l’Assurance maladie. La pression sociale et psychologique s’accroît, alors même que l’espérance de vie en bonne santé plafonne à 62 ans pour les hommes comme pour les femmes.

Il est donc urgent d’actionner d’autres leviers. L’économiste Michaël Zemmour le rappelle : abroger la réforme de 2023 coûterait 0,6 point de PIB d’ici 2032, soit environ 16 milliards d’euros, finançables par une hausse modérée des cotisations : 0,15 point par an pendant six ans, à répartir entre employeurs et salariés. C’est possible, raisonnable et juste.

Et pourquoi ne pas faire mieux ? Ramener l’âge légal à 60 ans avec 40 annuités pour carrière complète, comme le proposent les insoumis, coûterait 27 milliards d’euros. Garantir qu’aucune pension ne tombe sous le seuil de pauvreté pour les minima vieillesse, et pas en dessous du SMIC pour une carrière complète, coûterait 28 milliards d’euros supplémentaires. Un coût, oui. Mais un coût pour le droit à la dignité.

Les solutions de financement ne manquent pas. Avant même d’inventer de nouveaux prélèvements, il faut déjà arrêter d’assécher les recettes actuelles. Le COR lui-même pointe le désengagement de l’État dans les régimes publics. La Cour des comptes chiffre à 5,5 milliards d’euros par an le coût des exonérations de cotisations non-compensées pour la sécurité sociale.

Ensuite, comme le rappelle Coquerel, il faut également cesser d’encourager le recours massif à l’auto-entrepreneuriat, bien souvent un salariat déguisé, qui ne rapporte rien aux caisses sociales. Rien qu’en 2024, 716 200 créations d’entreprises ont été enregistrées sous le régime de microentrepreneur.

De même, il est temps d’arrêter de discréditer les hausses de recettes. Parmi ces pistes immédiatement mobilisables :
• Une hausse de 1 point des cotisations patronales déplafonnées rapporterait 13,8 milliards d’euros, selon la Cour des comptes ;
• Soumettre à cotisations les revenus issus des primes, de l’intéressement et de la participation dégagerait 2,2 milliards, auxquels s’ajouteraient 10 milliards supplémentaires si l’on y ajoutait dividendes et rachats d’actions ;
• Aligner la fiscalité des produits d’épargne retraite sur celle des salaires permettrait 6,4 milliards de recettes supplémentaires.

À ces leviers s’ajoutent ceux du programme de l’Avenir en commun, le programme des insoumis, capables de dégager plus de 60 milliards d’euros par an, pour financer les urgences sociales et écologiques :

  1. Taxer les superprofits des grandes entreprises liées aux crises (guerres, pandémies, spéculation) : 10 à 20 milliards par an.
  2. Instaurer un impôt universel sur les entreprises : 18 milliards.
  3. Un véritable impôt sur la fortune : 10 milliards.
  4. Réformer les droits de succession sur les très grands patrimoines : 5 à 10 milliards.
  5. Revoir certaines niches fiscales jugées injustes : 15 à 20 milliards.
  6. Rétablir une fiscalité progressive sur les revenus financiers : 2 milliards.
  7. Imposer l’égalité salariale femmes-hommes : 11 milliards de cotisations supplémentaires.
  8. Augmenter les salaires, ce qui générerait a minima 12 milliards de cotisations.
  9. Créer un million d’emplois dans la bifurcation écologique : 16 milliards de cotisations nouvelles.

À cela s’ajoutent 4 milliards d’économies sur les prestations sociales et le chômage, directement liées à un retour à la retraite à 60 ans.

Mais il faut aussi mettre fin à la logique punitive qui structure notre système actuel. Il est temps de supprimer la décote, ce mécanisme injuste qui pénalise les carrières hachées, les femmes, les précaires, les accidentés du travail. Une réforme progressiste doit garantir la retraite pour toutes et tous, sans punition ni condition impossible à remplir.

Car la retraite à 60 ans n’est pas une lubie comptable. C’est un projet de société. C’est permettre aux travailleuses et travailleurs de choisir leur fin de carrière, de vivre dignement après une vie d’efforts, de profiter de leur famille, de rejoindre des associations, de faire du sport, de transmettre un savoir, de se reposer, tout simplement. Ce droit à la retraite, n’a pas été volté : il a été conquis de haute lutte. Et c’est par la mobilisation que nous le défendrons.

La réforme Macron n’a ni majorité sociale, ni majorité parlementaire. Si le conclave échoue à l’abroger, ce qui est plus que probable, alors il faudra censurer le gouvernement Bayrou. Car la retraite n’est pas une variable d’ajustement budgétaire, c’est un pilier de notre modèle social, et qui peut être sauvé.

La retraite par capitalisation : pas de Bourse pour les vieux jours

Derrière le débat sur l’âge de départ se profile un autre projet bien plus sournois : celui de remettre en cause notre système solidaire de retraite par répartition, au profit d’un modèle fondé sur la capitalisation. Ce scénario est désormais ouvertement assumé par le Medef, qui profite du « conclave » lancé par François Bayrou pour glisser ses ambitions dans le débat. « Il n’y aura pas de sujet tabou », a dit le Haut-Commissaire. Tant mieux : parlons-en franchement.

Depuis 1946, la France repose sur un système par répartition. Ce modèle repose sur la solidarité intergénérationnelle : les cotisations des actifs financent les pensions des retraités. Chaque génération paie pour la précédente et se voit garantir, en retour, une pension équitable. C’est un système collectif, protecteur, où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses droits, en tenant compte des accidents de la vie : chômage, maternité, invalidité, carrières hachées.

La capitalisation, elle, repose sur une logique totalement inverse : chacun épargne individuellement pour sa retraite future. Ce capital est souvent confié à des fonds financiers privés censés le faire fructifier sur les marchés. Ce modèle existe déjà en France, mais reste marginal : seuls 16,6 % des ménages détenaient un produit d’épargne retraite en 2021. Et pour cause : quand les taux de remplacement restent élevés grâce au système actuel (près de 75 % pour la génération 1950), personne ne ressent le besoin d’aller jouer sa retraite en Bourse.
Les partisans de la capitalisation avancent trois arguments.

D’abord, que les rendements espérés sont supérieurs à ceux de la répartition : entre 2 % et 3 % par an dans certains pays. Ensuite, que ces capitaux massifs permettraient de doter la France de fonds de pension à l’américaine, capables d’investir à long terme dans l’économie. Enfin, que face au vieillissement démographique, la capitalisation offrirait une « solution durable » là où la répartition serait vouée au déficit, soi-disant.

Mais cette fable ne résiste pas à l’épreuve des faits. Premièrement, les fameux « rendements supérieurs » sont très incertains dans une économie vieillissante. Moins d’actifs, moins de croissance, moins de rendement du capital. Pour maintenir la promesse de gains, ces fonds devront investir dans des pays à forte dynamique démographique : autrement dit, les profits futurs ne financeront pas les écoles ou les hôpitaux, mais iront nourrir les marchés émergents. Un hold-up silencieux sur notre épargne, au détriment du développement national.

Deuxièmement, la capitalisation pose un problème de transition majeur. Passer d’un système solidaire à un système individualisé signifie qu’il faut financer les pensions des retraités actuels et les futurs droits par capitalisation. Ce « double paiement » coûterait au bas mot 20 milliards d’euros par an, rien que pour commencer à capitaliser à hauteur de 10 à 15 % du système. Un coût faramineux. Dans le contexte budgétaire actuel, cette transition serait soit financée par la dette publique (comme au Chili), soit par des privatisations (comme en Pologne dans les années 1990). Dans tous les cas, ce serait un transfert massif de richesse du public vers le privé. À choisir, investissons cet argent dans la santé, l’école ou la bifurcation écologique. Là, au moins, l’investissement profite à toutes et tous.

Troisièmement, la capitalisation renforce mécaniquement les inégalités. En Allemagne, le « plan Riester » lancé en 2001 devait compenser la baisse des retraites de base par des produits d’épargne subventionnés. Vingt ans plus tard, c’est un échec total : seuls 25 % des salariés ont souscrit, et les contrats « Riester » ne représentent que 5 % du revenu moyen des retraités. Résultat : les inégalités explosent. Le taux de pauvreté des plus de 65 ans atteint 20 %, et pourrait frôler 25 % en 2030. Les riches épargnent, les autres trinquent. À contrario, la France affiche l’un des taux les plus bas d’Europe : le système de retraite (par répartition) français protège plus efficacement que les autres ses retraités de la pauvreté.

Enfin, même dans sa version « douce », la capitalisation reste fondamentalement injuste. Encourager chacun à épargner suppose… d’avoir les moyens de le faire. Or les ouvriers, les jeunes précaires, les femmes aux carrières hachées n’ont souvent ni la stabilité ni les revenus pour épargner sur trente ans. La Cour des comptes a constaté que les dispositifs comme ceux issus de la loi Pacte sont surtout utilisés par les plus aisés, âgés, et les cadres de grandes entreprises. Résultat : les inégalités que l’on retrouve dans le monde du travail se retrouvent, démultipliées, à la retraite. Les riches spéculent pour des pensions dorées, pendant que les classes populaires s’enfoncent dans l’insécurité.

Certains affirment qu’avec assez de temps, les marchés « lissent » les risques. Peut-être. Mais à quel prix ? En Australie, après la crise de 2008, des milliers de retraités ont vu leur capital fondre et ont dû repousser leur départ en retraite. Et surtout : dans un modèle capitalisé, chacun devient responsable de ses pertes. Fini la retraite comme droit collectif : place à la retraite comme pari individuel.

Face à cette tentative de privatisation rampante, la fermeté est de mise : la retraite est un droit, pas un placement boursier. Ce n’est pas une loterie à la merci des krachs ou des fonds vautours. C’est un choix de société. Et le nôtre est clair : solidarité, répartition, dignité.

—————-

Derrière les chiffres du COR, c’est un projet politique qui se dessine : faire travailler les plus longtemps, pour gagner moins, et demain, les pousser vers la retraite par capitalisation. Ce modèle, déjà testé ailleurs, mène à plus de précarité, plus d’inégalités, plus d’insécurité. Face à cette offensive, un choix doit être fait : subir ou résister. La retraite par répartition est un droit. Un pilier de solidarité que beaucoup voudraient démolir au profit des marchés.

Les néolibéraux au pouvoir ont l’argent, les cabinets de conseil et les plateaux télé. Nous avons la force du nombre : 80 % des Français étaient opposés à la réforme des retraites, 93 % en comptant seulement les actifs. Le combat continue, dans la rue, dans les urnes, dans les esprits.

Sources:linsoumission.fr (Par Elias Peschier)





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mercredi 18 juin 2025

À Gaza, « un crime d’extermination et de génocide » : ce que révèle ce nouveau rapport de l’ONU

 Gaza. Dans un nouveau rapport publié le 10 juin 2025, la Commission d’enquête de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés accuse Israël de commettre à Gaza des crimes de guerre, mais aussi un crime contre l’humanité d’extermination. En visant écoles, lieux de culte et sites culturels, c’est tout un peuple qui est visé dans son identité, son histoire, et son avenir. Jeudi 13 mars, cette même commission avait qualifié les attaques « systématiques » d’Israël contre la santé sexuelle et reproductive à Gaza comme des « actes génocidaires ».

En dépit de cette énième alerte de l’ONU, qui complète les précédentes depuis plus d’un an et demi, les États occidentaux s’enferment dans un rapport de complicité avec le régime génocidaire israélien. 

Une campagne militaire contre la société civile

Le 10 juin 2025, la Commission d’enquête indépendante de l’ONU, présidée par Navi Pillay, rend public un rapport glaçant : les attaques israéliennes à Gaza ciblent délibérément des civils, des infrastructures éducatives, religieuses et culturelles, constituant à la fois des crimes de guerre et un crime contre l’humanité d’extermination.

L’ONU accuse l’armée israélienne d’avoir bombardé des écoles, y compris des établissements gérés par l’UNRWA, des mosquées historiques, des centres communautaires et des bibliothèques. Il ne s’agirait donc pas de « dommages collatéraux », mais d’une stratégie visant à anéantir les fondations sociales d’un peuple.

« Nous assistons à une campagne concertée pour oblitérer la vie palestinienne à Gaza», affirme Navi Pillay, soulignant que la destruction des infrastructures éducatives et culturelles empêche toute reconstruction possible de la société.

Le rapport dénonce également une intensification des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où des écoles sont perquisitionnées, des enseignants arrêtés, et des élèves terrorisés, notamment des filles.

Pour aller plus loin : Portrait – Olivier Rafowicz : porte-parole de l’armée israélienne en France, coqueluche des médias complices

Crimes de guerre et d’extermination : ce que dit l’ONU

Pour la Commission des droits de l’homme, les attaques ciblant délibérément des civils ou des infrastructures civiles protégées par le droit international, comme les écoles ou les lieux de culte, sont qualifiées de crimes de guerre selon les Conventions de Genève.

Mais le plus marquant dans ce rapport, c’est l’emploi du mot « extermination », rare dans le langage onusien. Il désigne ici une destruction systématique et massive de la population palestinienne, notamment à travers l’attaque de lieux vitaux à la survie physique et sociale. L’ONU parle d’un usage intentionnel de la force visant à détruire les conditions d’existence d’un peuple : eau, nourriture, santé, culture, éducation.

Plus de 90 % des établissements scolaires ont été détruits ou gravement endommagés à Gaza. Selon l’ONU, 658 000 enfants sont désormais privés d’école. Le rapport évoque également la destruction d’un patrimoine culturel millénaire, assimilée à une forme de « génocide culturel ».

Israël nie, mais la pression monte

Face à ces accusations, Israël dénonce un rapport « biaisé », et rappelle qu’il s’est retiré du Conseil des droits de l’homme de l’ONU en février 2025. Pour autant, la communauté internationale s’inquiète. Le Royaume-Uni a récemment imposé des sanctions contre deux ministres israéliens jugés responsables de l’escalade des violences.

De leur côté, plusieurs ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International confirment les conclusions de l’ONU. Elles dénoncent une stratégie militaire israélienne qui vise à rendre Gaza invivable : blocus alimentaire, pénurie d’eau, effondrement du système de santé, et destruction de toutes les structures éducatives.

Dans de nombreuses capitales, des rassemblements citoyens dénoncent la complaisance des chancelleries occidentales. Des juristes et experts du droit international demandent à ce que des procédures judiciaires soient engagées devant la Cour pénale internationale, pour que les responsables de ces crimes soient poursuivis.

Une société effacée : culture, religion, santé et éducation visées

Le rapport de la Commission d’enquête de l’ONU souligne que les attaques israéliennes ont visé non seulement les écoles, mais aussi les hôpitaux, les mosquées, les églises, les centres culturels et d’autres infrastructures civiles essentielles. Des sites religieux centenaires ont été réduits en poussière, des hôpitaux ont été bombardés alors qu’ils accueillaient encore des patients, et des lieux de mémoire ont été effacés du paysage gazaoui.

Cette destruction systématique de la vie civile va bien au-delà des dommages collatéraux. Elle s’inscrit dans une logique plus vaste : celle de l’anéantissement de l’identité collective. Comme le rappelle Navi Pillay, « l’éducation est un droit fondamental protégé par le droit international, y compris en temps de guerre ». Elle ajoute : « détruire l’école, c’est détruire la mémoire, la transmission, et la capacité d’un peuple à se relever ».

À cela s’ajoute un blocus total de Gaza, qui prive la population d’accès à l’eau potable, à la nourriture, à l’électricité et aux soins. Cette stratégie, qualifiée de punition collective, participe directement à l’accusation de crime contre l’humanité d’extermination.

Des chercheurs évoquent ici une forme d’« historicide » : l’effacement délibéré de la mémoire historique et culturelle d’un groupe, une mécanique déjà observée dans d’autres conflits asymétriques où la destruction culturelle accompagne la violence physique.

Refuser l’effacement

En qualifiant les attaques israéliennes de crimes de guerre et d’extermination, l’ONU pose un acte fort pour réaffirmer les règles du droit international et la qualification des crimes, nécessaire pour la poursuite des auteurs de ces crimes.

La France, comme tous les États membres de l’ONU, est aujourd’hui face à un choix : continuer à fermer les yeux, ou agir pour que ces crimes ne restent pas impunis. Ce que dit l’ONU, c’est que les droits humains ne peuvent être subordonnés à des alliances géopolitiques.

Refuser l’effacement de Gaza, c’est défendre le droit à l’éducation, à la mémoire, et à la dignité pour toutes les sociétés humaines.

Sources:linsoumission.fr (par Kaïs)











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mardi 17 juin 2025

Ventes d’armes : Marine Le Pen vole (encore une fois) au secours de Netanyahu

 Le Pen. Le salon du Bourget s’est ouvert ce lundi 16 juin. Des stands israéliens d’armement ont été fermés en raison du génocide en cours à Gaza. Des fermetures de « désapprobation » d’un Gouvernement qui refuse encore de reconnaître l’État de Palestine. Une décision insupportable pour Marine Le Pen, la première amie de Benjamin Netanyahu en France avec Jordan Bardella. Selon ses mots, cette fermeture de stands « démontre une volonté de nuire à un état allié de la France ». Une « discrimination inacceptable », dénonce-t-elle.

Alors que le peuple palestinien est massacré sous les bombes et tué par la famine par le blocus illégal de la bande de Gaza, l’extrême droite française renouvelle son plein soutien au Premier ministre Netanyahu et à ses ministres d’extrême droite.

Dernièrement, son ministre du Patrimoine a recommandé de « lancer une bombe atomique » sur Gaza et de « bombarder l’aide humanitaire ». Les ministres suprémacistes Ben Gvir et Smortich sont du même calibre. Les héritiers des génocidaires retrouvent leurs alliés génocidaires du présent. Une certaine cohérence. Face à ses voisins au Proche-Orient, Jean-Marie Le Pen a toujours défendu Israël.Pour l’extrême droite, Israël constitue l’avant-poste de l’Occident face à un Proche-Orient qu’elle exècre. Pas une seule critique émise, comme sa fille aujourd’hui, qui reprend tous les éléments de la propagande israélienne, maintes fois démentis par les ONG, les associations et les filiales de l’ONU dans la région.

Sur Twitter, Manuel Bompard a réagi : « Honteux : Le Pen voudrait que l’on vende au salon du Bourget les armes utilisées pour massacrer la population de Gaza. L’extrême-droite, toujours du côté des génocides ». À noter que certains stands israéliens restent eux ouverts, ce qui constitue là le vrai et seul scandale au regard des massacres toujours en cours à Gaza. Emmanuel Macron est « dur à suivre » a jugé Jean-Luc Mélenchon.

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Le Pen. Le salon du Bourget s’est ouvert ce lundi 16 juin. Des stands israéliens d’armement ont été fermés en raison du génocide en cours à Gaza. Des fermetures de « désapprobation » d’un Gouvernement qui refuse encore de reconnaître l’État de Palestine. Une décision insupportable pour Marine Le Pen, la première amie de Benjamin Netanyahu en France avec Jordan Bardella. Selon ses mots, cette fermeture de stands « démontre une volonté de nuire à un état allié de la France ». Une « discrimination inacceptable », dénonce-t-elle.

Alors que le peuple palestinien est massacré sous les bombes et tué par la famine par le blocus illégal de la bande de Gaza, l’extrême droite française renouvelle son plein soutien au Premier ministre Netanyahu et à ses ministres d’extrême droite.

Dernièrement, son ministre du Patrimoine a recommandé de « lancer une bombe atomique » sur Gaza et de « bombarder l’aide humanitaire ». Les ministres suprémacistes Ben Gvir et Smortich sont du même calibre. Les héritiers des génocidaires retrouvent leurs alliés génocidaires du présent. Une certaine cohérence. Face à ses voisins au Proche-Orient, Jean-Marie Le Pen a toujours défendu Israël.Pour l’extrême droite, Israël constitue l’avant-poste de l’Occident face à un Proche-Orient qu’elle exècre. Pas une seule critique émise, comme sa fille aujourd’hui, qui reprend tous les éléments de la propagande israélienne, maintes fois démentis par les ONG, les associations et les filiales de l’ONU dans la région.

Sur Twitter, Manuel Bompard a réagi : « Honteux : Le Pen voudrait que l’on vende au salon du Bourget les armes utilisées pour massacrer la population de Gaza. L’extrême-droite, toujours du côté des génocides ». À noter que certains stands israéliens restent eux ouverts, ce qui constitue là le vrai et seul scandale au regard des massacres toujours en cours à Gaza. Emmanuel Macron est « dur à suivre » a jugé Jean-Luc Mélenchon.

Rappelons qu’il y a trois semaines, l’Élysée a validé en secret la livraison de 14 tonnes de pièces de fusils mitrailleurs made in France à destination d’Israël. La mobilisation exemplaire des dockers du port de Fos-Marseille a empêché que ces armes soient chargées à bord d’un bateau en direction d’Israël. Notre brève.

Pour aller plus loin : « J’ai refusé de brûler des maisons » – 60 000 Israéliens refusent de rejoindre l’armée sur fond de grandes désertions

« Honteux : Le Pen voudrait que l’on vende au salon du Bourget les armes utilisées pour massacrer la population de Gaza. L’extrême-droite, toujours du côté des génocides » – Manuel Bompard


















Sources:linsoumission.fr










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lundi 16 juin 2025

EACOP : le projet écocidaire de Total en Afrique de l’Est, une véritable bombe climatique à retardement.

 EACOP. D’après le rapport du GIEC, plus aucun nouveau projet pétrolier et gazier ne doit voir le jour si l’on veut pouvoir espérer limiter l’augmentation de la température à +1,5 degré dans les années à venir. Pour les actionnaires de Total, seule compte l’augmentation des dividendes.

Aller à l’encontre des dernières directives du GIEC, de l’accord de Paris, du devoir de vigilance européen, du principe constitutionnel français de précaution, exproprier des populations de leurs terres et se les accaparer, menacer et faire réprimer des militants écologistes, détruire la faune et la flore dans des endroits protégés, créer une bombe à retardement climatique… La multinationale polluante qui a menti depuis des décennies sur le réchauffement climatique va toujours plus loin en finalisant cette année la construction du plus grand oléoduc au monde en Afrique de l’Est, en pleine nature sauvage. Son nom ? L’EACOP (East African Crude Oil Pipeline)

L’EACOP, un projet écocidaire dangereux qui se concrétise

Total prévoit la construction d’un oléoduc pour cette année en de l’Afrique de l’Est, un oléoduc géant de 1444 kilomètres afin de transporter du pétrole à travers l’Ouganda et la Tanzanie.

400 kilomètres de ce pipeline traverseront le lac Victoria. La multinationale française est l’instigatrice principale de ce projet. Depuis 2006, le pétrole situé en abondance sous le lac Victoria suscite la convoitise. L’oléoduc de TotalEnergies (qui détient 62 % des parts de ce projet) va donc traverser l’immense lac Victoria, et ses précieuses zones humides.

C’est l’un des projets d’extraction d’énergie fossile les plus titanesques en cours de réalisation. Un oléoduc chauffé battant tous les records, dans le but d’exporter du pétrole ougandais vers le monde entier. Afin de réaliser ce pipeline géant, TotalEnergies, les compagnies pétrolières nationales d’Ouganda et de Tanzanie et la Cnooc (une compagnie chinoise) ont créé une holding.

Celle-ci est détenue à 62 % par le français, à 30 % par les deux compagnies pétrolières locales et à 8 % par la compagnie chinoise. Le projet représente un investissement de 8,8 milliards d’euros. En raison de la nocivité du projet, 24 grandes banques se sont toutefois engagées à ne pas soutenir financièrement l’EACOP. (1)

Pour aller plus loin : Comment Total a fabriqué l’insouciance climatique depuis les années 1970

L’aire géographique concernée, un joyau de l’humanité déjà menacé

Plus grande étendue d’eau douce d’Afrique, deuxième plus grande étendue d’eau douce au monde et abritant une incroyable biodiversité, le lac Victoria partage ses rives entre la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya.

Plus de 40 millions de personnes dépendent quotidiennement de ce joyau de l’humanité avec de nombreux villages de pêche aux alentours. La plupart des habitant•es bordant le lac Victoria vivent de la pêche et de l’agriculture, quasiment en autarcie avec leurs embarcations, et se retrouvent totalement impuissants face à la réalisation de ce projet d’oléoduc. La biodiversité du lac est déjà menacée en raison de la surpêche et des rejets toxiques.

Les conséquences destructrices pour les populations

Un chantier immense qui va contraindre plus de 100 000 personnes à quitter leurs terres. Ce sont les terres de plus de 100 000 personnes qui sont menacées par ce projet géant. Avec la mise en place de délimitations et de bornes, de nombreuses familles, victimes de menaces, d’intimidations et d’arrestations, ne peuvent plus se rendre sur leurs terres. Des familles expropriées de leurs propres sols sans la moindre indemnisation.

L’un des risques majeurs de projet est la possibilité d’une contamination des deux plus grandes réserves d’eau douce d’Afrique de l’Est (les lacs Victoria et Albert). Conséquences ? cela pourrait empêcher l’accès à l’eau potable et à la nourriture pour plus de 40 millions de personnes. (2)

Pour aller plus loin : Super-profits : 20,5 milliards d’euros de bénéfices pour Total en 2022, nouveau record

Les conséquences destructrices sur la nature et le climat

400 puits de forage sont nécessaires pour donner vie au projet EACOP

Le projet prévoit la création de six champs pétrolifères ainsi que le forage d’environ 400 puits répartis sur 31 emplacements, dont une partie est située dans une aire naturelle protégée en Ouganda. L’objectif est d’extraire entre 190 et 220 000 barils par jour et de le transporter via ce qui sera le plus grand oléoduc chauffé au monde, si l’EACOP voit le jour.

L’estimation de la pollution fait froid dans le dos : 34 millions de tonnes de CO2 supplémentaires seront émises par an ! Des émissions équivalentes à 25 fois les émissions totales actuelles de l’Ouganda et de la Tanzanie.

16 aires naturelles protégées seront défigurées par l’EACOP

Les caractéristiques du pétrole du projet EACOP nécessitent en effet qu’il soit maintenu à 50 °C durant son transport. Sur son chemin, 16 aires naturelles protégées seront traversées. Concernant les aires naturelles mises en danger par l’EACOP, cela concerne notamment le Parc national des chutes d’eau de Murchinson en Ouganda.

Une menace pour les espèces animales

Lions, chimpanzés, antilopes, serpents, singes, zèbres, lions, hippopotames… Autant d’espèces qui s’épanouissent dans la zone concernée et que l’oléoduc va menacer. Une biodiversité très riche mis déjà en déclin avec un risque d’extinction d’espèces en augmentation. (3)

Une bombe climatique à retardement, illégale au regard du droit international, européen et français

Un projet contraire aux engagements internationaux

L’oléoduc géant en pleine nature sauvage va contrevenir à plusieurs grands engagements internationaux, il constitue une pollution supplémentaire qui va totalement à l’encontre des dernières directives du GIEC, qui plus est.

263 organisations de la société civile ont demandé aux agences de financement de ne pas soutenir ce projet d’oléoduc géant en raison des dommages écologiques et sociaux pour les populations concernées.

Il contrevient à la Convention sur la biodiversité et la Convention de Ramsar sur les zones humides en raison de la menace avérée contre les espèces animales. Le projet EACOP va à également à l’encontre de l’Accord de Paris pour le climat (COP21) dont l’objectif est de maintenir l’augmentation de la température moyenne en dessous de 2 degrés par rapport aux niveaux pré-industriels. L’accord de Paris implique de réduire drastiquement les émissions de CO2 notamment pour les compagnies pétrolières et non de les augmenter de 34 millions de tonnes par an.

Un projet qui ne respecte pas le principe de précaution. Ce principe entériné lors du sommet de Rio en 1992 déclare qu’il convient de prendre des mesures de gestion afin de prévenir des dommages potentiels graves sur l’environnement et la santé. Ce qui implique, par précaution, de ne pas prendre le risque de contaminer les eaux douces des deux lacs concernés. Un projet contraire au droit européen, donc.

Un projet contraire au devoir de vigilance et au principe de précaution

En 2022, le Parlement européen a voté une résolution en urgence dénonçant des violations des droits de l’homme, des actes d’intimidation et des risques immenses pour les communautés locales, l’environnement et le climat. Par l’adoption de cette résolution, le Parlement européen a notamment demandé à TotalEnergies de mettre fin aux forages et l’indemnisation des personnes expropriées.

Ainsi, la nouvelle directive européenne sur le devoir de vigilance, adoptée le 24 avril 2024 exige des entreprises (dont les multinationales) et de leurs partenaires de prévenir et de mettre fin à leurs activités en cas d’incidences négatives, réelles ou potentielles sur les droits humains et l’environnement, ce qui est le cas en l’espèce.(4)

Le principe de précaution pré-cité est devenu constitutionnel en droit français en 2007. Les inscriptions dans la Constitution de la règle verte et de la règle bleue proposées par La France Insoumise viendront renforcer l’arsenal juridique constitutionnel visant à prévenir toute atteinte potentielle à l’environnement.

Il est temps de faire payer les grands pollueurs. Par une régulation stricte des activités climaticides à l’heure où la planète brûle, le gouvernement français doit imposer à Total la fin de ce projet écocidaire, cesser de vouloir à tout prix satisfaire les désirs financiers hors-sol d’une poignée d’actionnaires, protéger les populations concernées et lutter réellement contre le réchauffement climatique en commençant par interdire tout nouveau projet écocidaire par les multinationales et grandes entreprises françaises.

Par Arthur Abbatucci

(1) https://www.stopeacop.net/ À souligner l’initiative pas d’argent, pas de pipeline de la
part de STOP EACOP
(2) Un risque avéré de contamination des eaux en cas de contamination d’après un
rapport des amis de la Terre, paru en 2022
(3) Selon un rapport de l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature) qui
incite à mettre en place des plans de sauvegarde de la biodiversité
(4) Directive 2024/1760

Sources:linsoumission.fr
















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samedi 14 juin 2025

« Toujours plus de prison » : comment Darmanin et Retailleau mêlent inefficacité, racisme et démagogie sécuritaire

 Les incidents du soir de la victoire du PSG ont été l’occasion pour le Gouvernement, en la personne de Gérald Darmanin, de se lancer dans un énième épisode de surenchère sécuritaire et carcérale. Pourtant, la France n’a jamais autant incarcéré de son histoire.

Avec ses 81 599 pour 62 363 places disponibles, elle bat son propre – et triste – record de surpopulation carcérale qui est notamment pointé du doigt par le Conseil de l’Europe. Mais surtout cette politique est inefficace, d’une « inefficacité documentée », comme l’a rappelé le député LFI Ugo Bernalicis, spécialiste sur les questions de sécurité et de justice. Voyons pourquoi ça ne marche pas et comment répondre à ces problèmes. Notre article.

Pourquoi il faut sanctionner

Quand on parle de prison, le réflexe est souvent de se les présenter remplies exclusivement de criminels. La réalité est qu’ils représentent environ 21 % des personnes condamnées détenues. Cette part est certes conséquente, mais ce serait une erreur de penser l’ensemble du système carcéral uniquement sur eux. Gardons notamment bien en tête que parmi les personnes incarcérées, près de la moitié d’entre elles le sont pour des vols, des infractions à la législation sur les stupéfiants ou des infractions routières.

À la façon des physiciens, considérons d’abord une expérience de pensée, c’est-à-dire un cas théorique qui nous permettra d’isoler et de mieux comprendre les grands principes à l’œuvre. Imaginons une personne qui aurait grandi toute sa vie dans un village sectaire isolé du reste du pays, sans internet ni radio ni télé. Imaginons maintenant que dans ce village tous les habitants aient développé une peur et une haine envers les vêtements de couleur violet. La première fois qu’il se rend dans la ville voisine, il rencontre quelqu’un vêtu d’un T-shirt de cette couleur, il l’agresse puis il est arrêté, jugé et déclaré coupable.

Une première question importante nous est posée : pourquoi faut-il le punir ? Après tout, quelque part on pourrait dire que tout son conditionnement ne pouvait l’amener qu’à cette réaction violente. Avait-il les moyens de réagir autrement ? La première réponse à cela est que nul n’est censé ignorer la loi. Il s’agit là de l’un des principes fondamentaux de la Justice qui permet d’assurer la cohésion de la société. 

À cela vient s’ajouter le principe moral et philosophique de la responsabilité personnelle qui est au cœur de l’idée humaniste et donc de la pensée politique de gauche. Cette pensée nous dit que chaque homme et chaque femme est auteur de soi-même et n’est donc pas complètement déterminé par son environnement ou sa condition sociale. C’est en vertu de ces deux principes que l’agresseur doit être sanctionné pour son acte.

Pour aller plus loin : Retailleau président des « Républicains » : l’extrême droitisation des conservateurs franchit une étape

Pourquoi se contenter de punir ne suffit pas

Mais un responsable politique ne mérite pas d’être appelé “responsable” s’il s’arrête à une sanction purement punitive. En effet, son devoir lui intime de tout faire pour qu’il y ait le moins de victimes possible et cela implique immédiatement deux choses. D’une part, il doit penser la peine de façon à minimiser les risques de récidives. D’autre part, il doit chercher à comprendre et à réduire les causes de passage à l’acte en amont.

Dans notre exemple, il serait par exemple irresponsable de se contenter d’enfermer l’agresseur pendant quelques mois et d’espérer les yeux fermés qu’à sa sortie, il soit en paix avec la couleur violette. De même, il faudrait évidemment intervenir d’une manière ou d’une autre sur l’isolation de ce village et y désamorcer la situation. 

Une troisième idée pourrait être d’augmenter drastiquement la peine en espérant créer un effet dissuasif. À première vue, cela semble logique. Mais, comme l’a rappelé Ugo Bernalicis sur LCP le 3 juin dernier : « un tas d’études en sciences humaines montrent que le choc carcéral qui est monté et mis en avant par la droite et l’extrême droite ne fonctionne pas dans son but de faire diminuer à la fois la récidive et à la fois le passage à l’acte ». Comme il le souligne ensuite, « aux US, on a incarcéré des tas de gens pour des durées extrêmement longues avec un impact nul voire négatif ».

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Les incidents du soir de la victoire du PSG ont été l’occasion pour le Gouvernement, en la personne de Gérald Darmanin, de se lancer dans un énième épisode de surenchère sécuritaire et carcérale. Pourtant, la France n’a jamais autant incarcéré de son histoire.

Avec ses 81 599 pour 62 363 places disponibles, elle bat son propre – et triste – record de surpopulation carcérale qui est notamment pointé du doigt par le Conseil de l’Europe. Mais surtout cette politique est inefficace, d’une « inefficacité documentée », comme l’a rappelé le député LFI Ugo Bernalicis, spécialiste sur les questions de sécurité et de justice. Voyons pourquoi ça ne marche pas et comment répondre à ces problèmes. Notre article.

Pourquoi il faut sanctionner

Quand on parle de prison, le réflexe est souvent de se les présenter remplies exclusivement de criminels. La réalité est qu’ils représentent environ 21 % des personnes condamnées détenues. Cette part est certes conséquente, mais ce serait une erreur de penser l’ensemble du système carcéral uniquement sur eux. Gardons notamment bien en tête que parmi les personnes incarcérées, près de la moitié d’entre elles le sont pour des vols, des infractions à la législation sur les stupéfiants ou des infractions routières.

À la façon des physiciens, considérons d’abord une expérience de pensée, c’est-à-dire un cas théorique qui nous permettra d’isoler et de mieux comprendre les grands principes à l’œuvre. Imaginons une personne qui aurait grandi toute sa vie dans un village sectaire isolé du reste du pays, sans internet ni radio ni télé. Imaginons maintenant que dans ce village tous les habitants aient développé une peur et une haine envers les vêtements de couleur violet. La première fois qu’il se rend dans la ville voisine, il rencontre quelqu’un vêtu d’un T-shirt de cette couleur, il l’agresse puis il est arrêté, jugé et déclaré coupable.

Une première question importante nous est posée : pourquoi faut-il le punir ? Après tout, quelque part on pourrait dire que tout son conditionnement ne pouvait l’amener qu’à cette réaction violente. Avait-il les moyens de réagir autrement ? La première réponse à cela est que nul n’est censé ignorer la loi. Il s’agit là de l’un des principes fondamentaux de la Justice qui permet d’assurer la cohésion de la société. 

À cela vient s’ajouter le principe moral et philosophique de la responsabilité personnelle qui est au cœur de l’idée humaniste et donc de la pensée politique de gauche. Cette pensée nous dit que chaque homme et chaque femme est auteur de soi-même et n’est donc pas complètement déterminé par son environnement ou sa condition sociale. C’est en vertu de ces deux principes que l’agresseur doit être sanctionné pour son acte.

Pour aller plus loin : Retailleau président des « Républicains » : l’extrême droitisation des conservateurs franchit une étape

Pourquoi se contenter de punir ne suffit pas

Mais un responsable politique ne mérite pas d’être appelé “responsable” s’il s’arrête à une sanction purement punitive. En effet, son devoir lui intime de tout faire pour qu’il y ait le moins de victimes possible et cela implique immédiatement deux choses. D’une part, il doit penser la peine de façon à minimiser les risques de récidives. D’autre part, il doit chercher à comprendre et à réduire les causes de passage à l’acte en amont.

Dans notre exemple, il serait par exemple irresponsable de se contenter d’enfermer l’agresseur pendant quelques mois et d’espérer les yeux fermés qu’à sa sortie, il soit en paix avec la couleur violette. De même, il faudrait évidemment intervenir d’une manière ou d’une autre sur l’isolation de ce village et y désamorcer la situation. 

Une troisième idée pourrait être d’augmenter drastiquement la peine en espérant créer un effet dissuasif. À première vue, cela semble logique. Mais, comme l’a rappelé Ugo Bernalicis sur LCP le 3 juin dernier : « un tas d’études en sciences humaines montrent que le choc carcéral qui est monté et mis en avant par la droite et l’extrême droite ne fonctionne pas dans son but de faire diminuer à la fois la récidive et à la fois le passage à l’acte ». Comme il le souligne ensuite, « aux US, on a incarcéré des tas de gens pour des durées extrêmement longues avec un impact nul voire négatif ».

image 62
https://x.com/Ugobernalicis/status/1930197942758957292

Ayant compris cela, des phrases comme « il ne faut pas chercher à comprendre car ce serait excuser », apparaissent pour ce qu’elles sont : soit de l’ignorance, soit de l’obscurantisme cynique et démagogue quand la personne qui la prononce est un/une responsable politique ou un/une journaliste dont c’est le métier de comprendre ces sujets. C’est malheureusement encore ce que nous avons pu voir sur l’émission de LCP la semaine dernière.

Alors qu’Ugo Bernalicis venait à peine d’aborder le sujet de « pourquoi ils passent à l’acte, peut-être pourrait-on s’intéresser aux causes », il a été immédiatement interrompu par le député Horizons Loïc Kervran pour lui demander si c’était « pour les excuser ? ». Question empreinte d’ignorance ou de démagogie, à vous de décider.

Agir sur les causes de passages à l’acte et limiter la récidive

Pour assurer la sécurité de la société, il est primordial d’agir de façon globale et en particulier sur les causes du passage à l’acte. C’est cette vision que porte LFI. Pour ne prendre qu’un exemple, le programme l’avenir en commun prévoit un plan ambitieux d’1 milliard d’euros pour lutter contre les Violences Sexistes et Sexuelles qui s’articule autour de plusieurs axes prioritaires : prévention, formation, soutien aux associations et hébergement des victimes.

En ce qui concerne les peines, les statistiques sont implacables. Manuel Bompard le rappelait sur TF1 le 4 juin dernier : « quand il y a une peine de prison ferme, vous avez à peu près 60 % de récidive, ça tombe à 34 % quand vous avez une peine avec sursis ».

Mais quand on y regarde de plus prêt, quelle surprise y a-t-il là ? Très loin du soi-disant « Club med » dénoncé par la droite et l’extrême droite, la prison est avant tout un lieu « d’inhumanité et de violence », pour reprendre les termes de la Ligue des Droits de l’Homme. Quant à l’isolement de longue durée qui peut être imposé aux personnes incarcérées, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) le qualifie carrément de « torture blanche ».

L’incarcération ne peut donc se justifier que dans les cas où elle est la seule solution pour préserver la sécurité de tous. Mais dans les autres cas, comment espérer qu’en plongeant une personne dans un environnement violent, où elle va souffrir, probablement perdre son emploi si elle en avait un et où elle va abimer, voire couper les liens avec ses proches, comment dans de telles conditions espérer que ça se passe mieux à la sortie ? Prenons un instant pour répéter ici que oui la justice se doit d’agir et de sanctionner, mais elle doit le faire dans le but de réparer et de minimiser la récidive.

C’est donc exactement l’inverse de ce que propose la droite et l’extrême droite qu’il faut faire. Il nous faut au contraire chercher à « dépasser l’horizon carcéral et à promouvoir la réparation et la réinsertion » à tout prix comme le propose l’AEC. En particulier, dés-incarcérer/ promouvoir d’autres peines pour limiter au maximum la récidive, embaucher des Conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation…

Lorsque l’on parle de prison, il est presque inévitable de ne pas citer la phrase de Victor Hugo “ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons”. Pour ne pas complètement déroger à cette coutume, en voici une autre version. Un peu moins jolie certes, mais qui a le mérite de résumer notre propos :  agissez sur les causes et fermez des prisons, vous réduirez le nombre de victimes.

Sources:linsoumission.fr








 

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jeudi 12 juin 2025

« Libérez la Palestine ! » – Rima Hassan et les prisonniers de Netanyahu ont fait parvenir des messages depuis leurs cellules

 L’eurodéputée insoumise Rima Hassan et les prisonniers de Netanyahu sont parvenus à envoyer des messages depuis leur centre de détention, lesquels ont été publiés ce soir sur les réseaux sociaux. Rima Hassan a été placée en cellule d’isolement après avoir écrit « Free Palestine » sur les murs de sa cellule. Elle a entamé une grève de la faim en protestation, tout comme Thiago Avila, équipier brésilien, membre de la Flottille de la liberté. D’autres messages sont parvenus aux équipes de Rima Hassan qui les ont relayés sur les réseaux sociaux. Sur un bout de papier de fortune, le journaliste français de Blast, Yanis Mhamdi a écrit « Journalism is not a crime ».

Sans un mot de condamnation, ne trouvant visiblement pas choquante cette situation, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a indiqué que les ressortissants français devraient être rapatriés entre jeudi et vendredi. Que la mobilisation pour leur libération ne faiblisse pas, tant qu’ils ne seront tous pas pleinement de retour. Marco Van Rennes, marin néerlandais, a appelé les gouvernements du monde à « agir maintenant pour s’opposer au régime d’apartheid israélien ». L’ingénieur français Pascal Maurieras a appelé les États européens à prendre des « sanctions concrètes : arrêt des ventes d’armes, arrêt des rapports diplomatiques, reconnaissance de l’État de Palestine, boycott économique et culturel de ce pays ».
Tous sont détenus illégalement dans les geôles de Netanyahu après avoir été arrêtés illégalement dans les eaux internationales. En France, François Bayrou a dit tout son mépris pour ces ressortissants français, accusant la flottille « d’instrumentalisation » en reprenant les éléments de langage de la propagande israélienne. La France insoumise a demandé à Emmanuel Macron d’agir en urgence pour leur libération immédiate et sans condition. Les insoumis demandent à être reçus par l’Élysée pour « afficher la solidarité des Français dans l’épreuve », comme l’a écrit Jean-Luc Mélenchon. Partout en France, la mobilisation s’amplifie. Ce samedi 14 juin, des manifestations sont prévues d’un bout à l’autre du pays. 

Rima Hassan a été placée en cellule d’isolement après avoir écrit « Free Palestine » sur les murs de sa cellule – Retranscription des messages écrits par les prisonniers de la Flottille de la Liberté

Rima Hassan nous a fait passer un message : elle a été placée en cellule d’isolement après avoir écrit « Free Palestine » sur les murs de sa cellule.

Elle a entamé une grève de la faim en protestation. Thiago Avila est également en grève de la faim.

Nous avons également reçu des messages des autres détenus à vous faire passer.

————————

Yanis Mhamdi, journaliste français : « Journalisme is not a crime. » (Le journalisme n’est pas un crime).

Pascal Maurieras, ingénieur français : « Bonjour des prisons israéliennes. Nous avons été arraisonnés sur le bateau Madleen à 110 miles nautiques de la côte de Gaza. C’est-à-dire en pleine (sic) eaux internationales. Il s’agit d’un acte de piraterie. Nous sommes habitués d’avoir à faire avec un État voyou.

Il est urgent que nos États européens prennent des sanctions concrètes contre Israël. Arrêt des ventes d’armes, arrêt des rapports diplomatiques, reconnaissance de l’État palestinien, boycott économique et culturel de ce pays.

Le fait qu’Israël soit pressé de venir arraisonner les bateaux toujours plus loin en mers internationales est la signification que la dénonciation du génocide en cours à Gaza est quelque chose qui les gêne au plus haut point.

Aussi, la mobilisation est de plus en plus forte pour combattre ce génocide, tant en France que dans le monde, ou des formes complémentaires.

La flottille se retrouve renforcée par la décision des camarades dockers de Fos-sur-Mer et de Gênes à ne pas charger les bateaux de matériel militaire à destination d’Israël.

La mobilisation des peuples pour dénoncer le génocide et combattre le blocus de Gaza marque le début de la victoire de l’Humanité. Aucune colonisation d’à venir. »

Marco Van Rennes, marin néerlandais : « Les gouvernements du monde ont échoué à garantir au Madleen un passage sécurisé, empêchant l’arrivée d’aide humanitaire à la population de Gaza, qui subit un nettoyage ethnique depuis 80 ans et un blocus illégal depuis 18 ans.

Afin d’empêcher un autre crime de guerre israélien, ils doivent maintenant agir en s’opposant au régime d’appartheid d’Israël et garantir un passage sécurisé au convoi Sumud, actuellement en Égypte.

Il est maintenant l’heure d’agir. Vive la Palestine livre ! » (traduit de l’anglais)

————————

On apprend ce jour que les ressortissants français devraient être rapatriés entre jeudi et vendredi. Restons mobilisés jusqu’eau retour de tous les membres de l’équipage.

Sources:linsoumission.fr










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dimanche 8 juin 2025

La Freedom Flotilla s’approche de la côte de Gaza, l’armée génocidaire prépare son raid

 

Freedom Flotilla. Dans moins de 24 heures, la flottille de la liberté arrivera dans les eaux territoriales palestiniennes, contrôlées et occupées illégalement par l’État colonial israélien. À son bord, l’euro-députée LFI Rima Hassan, la militante écologiste Greta Thunberg et d’autres militants de la cause palestinienne faisant honneur à l’Humanité par leur engagement complet et exemplaire pour faire cesser le génocide.

En moins de 48h, plus de 78 000 personnes ont participé à la campagne d’interpellation par mail lancée pour exiger le passage sécurisé du navire vers Gaza. Que fait la France ? Les ressortissants français à bord du navire ont appelé Emmanuel Macron à agir immédiatement pour garantir leur sécurité et assurer la protection du navire. Silence radio du côté de l’Élysée qui préfère livrer les pièces de fusils mitrailleurs qu’utilisent les commandos israéliens.

Pour aller plus loin : La Freedom Flotilla – Les complices du génocide s’acharnent contre l’initiative

La flottille et son équipage sont pourtant en danger immédiat. L’armée israélienne prévoit d’intercepter et de saisir le navire en déployant des bateaux lance-missiles et des commandos d’élite de la marine Shayetet 13. Sur Twitter, Rima Hassan a annoncé une prochaine et dernière vidéo pour « expliquer ce qu’Israël a très probablement nous faire ». L’eurodéputée LFI alerte sur la coupure d’internet par les commandos génocidaires en préalable de leur intervention, pour empêcher toute diffusion d’images. A Gaza, en France, et partout dans le monde, des millions de personnes suivent et soutiennent ce bateau de l’Humanité. Soutenez-les ! Notre brève.

Pour aller plus loin : Un petit bateau pour notre honneur

Sources:linsoumission.fr







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samedi 7 juin 2025

lettre à l’attention de Luiz Inácio Lula da Silva, Président de la république du Brésil

 

La rencontre avec le Président du Brésil a été très productive. La délégation insoumise a remis au Président une lettre et le rapport de Mathilde Hignet contre l’accord Mercosur. Aurélie Trouvé et Eric Coquerel ont reçu une invitation officielle en tant que présidents de commission pour une rencontre avec leurs homologues sur ce sujet pendant la période où le Président brésilien présidera le Mercosur. Le Président a dit qu’il entendait et approuvait notre préoccupation pour la paysannerie familiale française. La discussion a aussi montré un accord complet sur la façon de faire cesser le génocide à Gaza.
__________________________________________________________________________________

Jean-Luc Mélenchon

Fondateur de La France Insoumise

Luiz Inácio Lula da Silva

Président de la République fédérative du Brésil

Paris, 6 juin 2025

Monsieur le Président

Cher ami,

Je te souhaite à mon tour bienvenue en France.

Nous sommes heureux de ta venue et des discussions avec les autorités de notre pays pour

le bien de nos peuples.

Je te remercie de m’avoir proposé de venir à ta rencontre à l’occasion de ton passage à

Paris.

Nous avons particulièrement apprécié ta prise de position claire et franche sur notre sol

au secours du peuple palestinien martyrisé. Tu as dénoncé à juste titre le génocide

organisé par le premier ministre Benjamin Netanyahu. Nous croyons que plus il y aura de

voix de ta hauteur, qui s’exprime sans ambiguïté, plus grandes seront nos possibilités de

faire interrompre le massacre en cours. Les gouvernements qui regardent ailleurs sont

complices passifs pour la honte de l’humanité.

D’autre part, tes interventions me permettent de savoir combien tu es favorable à la

signature de l’accord Mercosur. Je crois que j’en comprends les raisons d’un point de vue

brésilien. J’ai pensé alors qu’il te serait utile de savoir pourquoi ici nous y sommes opposés

et combien la paysannerie familiale française craint cette signature et ses conséquences.

Il ne s’agit pas seulement de notre opposition au système de la libéralisation aveugle des

échanges commerciaux mondiaux. Nous avons eu l’occasion de voir combien il peut ruiner

nos pays. Dans chaque domaine d’activité, la politique du « moins cher » fait prévaloir des

productions au prix de la surexploitation des travailleurs et du saccage de la nature. Dans

ce domaine précis, couvert par l’accord Mercosur, se posent à nous des problèmes de santé

publique en plus d’une nouvelle et brutale mise en cause de notre souveraineté

alimentaire.

Je joint donc à ce mot un mémoire récapitulatif de nos arguments déjà défendus dans les

assemblées parlementaires nationale et européennes.

Certain de retenir ton attention sur notre point de vue, je te renouvelle l’expression de

notre respect pour ta haute mission au service du Brésil et de ma vive et fidèle amitié

personnelle.

Jean-Luc Mélenchon

_________________________________________________________________________________
Résumé des raisons pour lesquelles l’accord UE-Mercosur est aux yeux
de la France-Insoumise un accord néfaste pour les agricultures
familiales françaises.
L’UE prévoit de libéraliser totalement 82 % des importations agricoles en
provenance du Mercosur, le reste l’étant partiellement. En retour, les pays du
Mercosur suppriment 93 % de leurs lignes tarifaires pour les importations de
produits agroalimentaires.
Dans notre analyse, cette libéralisation des échanges tire vers le bas les prix à la
production dont dépend la rémunération des agriculteurs et aggrave leur
dépendance envers les marchés mondiaux. Du côté de l’UE, les quotas
d’importations à droits de douane très faibles ou nuls (99 000 tonnes de bœuf, 80
000 t de volaille 650 000 t d’éthanol par an) vont fortement déstabiliser les marchés
européens et la paysannerie familiale française .
De fait, cet accord met en péril des dizaines de milliers d’éleveurs en poussant à
l’agrandissement des exploitations agricoles. Il se fera contre la diversification
agricole des territoires, contre les agricultures vivrières, au profit de l’agrobusiness
d’exportation. Il mettra en péril notre souveraineté alimentaire.
Mais surtout, à nos yeux, l’accord tire vers le bas toutes les normes
environnementales et sociales. Nous ne croyons pas à l’argument des « clauses
miroir » (pour faire respecter les normes sanitaires et environnementales de
chacune des régions). Comment pourrait-il fonctionner face à des différentiels de
coûts liés aux normes sociales ou aux tailles d'entreprises ? Et enfin nous ne croyons
pas que les moyens de contrôle qu’il nécessiterait pour que cela soit efficace soient
jamais déployés compte tenu de leur coût pour les États.
L’accord UE-Mercosur est un accord néfaste pour notre industrie
Les gains éventuels seront concentrés sur quelques grandes multinationales
exportatrices, notamment les constructeurs automobiles allemands (Volkswagen,
BMW, Mercedes), grâce à la levée des droits de douane sud-américains. Ceci au
détriment - nous semble-t-il - de l’industrie sud-américaine. L'accord ne prévoit
aucune protection pour les filières industrielles sensibles (chimie, textile, acier…)
des deux côtés de l’Atlantique.
Là encore, cette libéralisation va tirer vers le bas les prix et toutes les normes
environnementales et sociales, et va augmenter la dépendance vis-à-vis de marchés
internationaux instables.
L’accord UE-Mercosur est un accord du passé, incompatible avec
l'urgence climatique
L’accord UE-Mercosur a été conçu dans les années 1990. Depuis, la crise climatique
s’est nettement amplifiée. Des millions d’hectares de forêts ont disparu. Cet accord
est donc à l’opposé de la crise actuelle que nous vivons et de la menace qu’elle
représente pour la survie de l’espèce humaine. Il repose sur une logique de
croissance des échanges carbonés, augmentant encore les émissions de gaz à effet
de serre alors que nous devons les réduire drastiquement. Il encourage la
déforestation, les transports longue distance, l’agriculture intensive.
Il poussera encore davantage à la conversion de la forêt amazonienne et du Cerrado,
en faveur des terres pour alimenter le cheptel bovin d’exportation.
L’accord UE-Mercosur est un déni de démocratie
L’accord, échappe au débat parlementaire et affaiblit la souveraineté des peuples en
la transférant à des organes technocratiques.





















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