A la marge,celle qui relie les pages

samedi 29 juillet 2023

L'arroseur arrosé (saison 7)


Le 16 décembre 1946, le président du CRIF donne lecture d’un projet de jugement – qui sera publié finalement daté du 3 décembre – et qui se conclut ainsi :
Le CRIF confirme la décision du jury d’honneur en ce qui concerne le Dr Weill-Hallé et Mme Stern. Et réformant la décision du jury d’honneur en ce qui concerne M. Edinger, le colonel Kahn et M. Schendel, déclare qu’ils n’ont commis aucune faute positive de nature à entacher leur honneur.
Au sein même du CRIF, certains renâclent mais Léon Meiss refuse de rouvrir le dossier de l’UGIF. Et le 21 janvier 1947, il organise un vote qui entérine sa proposition, malgré l’avis contraire d’Henri Adam et Adam Rayski, tous deux communistes, de Faïwel Shrager, membre du Bund, de Fridmann, sioniste de gauche, et l’abstention d’André Weil et Abraham Alpérine. « Il est décidé que le CRIF ne prendra aucune initiative pour rendre public ce jugement. » Une copie sera envoyée aux intéressés.
Le débat n’est pas clos dans les milieux immigrés, comme en témoigne, entre autres, cette nouvelle lettre de l’Association des anciens internés et déportés juifs, en date du 20 mars 1947 :
[...] Nous considérons comme notre devoir de présenter l’affaire de l’UGIF devant l’opinion publique juive.
Nous espérons que le CRIF, organe représentatif central de toutes les organisations juives en France, se décidera enfin à publier tout le matériel et la documentation concernant cette affaire ainsi que le jugement porté par son jury d’honneur
 Le cas échéant, nous pouvons être amenés à faire appel à toutes les organisations juives et à prendre ensemble avec notre Association des déportés et internés juifs cette affaire en mains afin que justice soit faite
Quant à Marc Jarblum, il adresse le 2 avril 1947 une lettre à Léon Meiss pour protester contre le fait que le CRIF n’a pas réuni les membres de l’ancien jury d’honneur – dont lui-même persiste à trouver la décision « absolument juste »– s’il avait d’autres arguments à faire valoir ou des faits nouveaux à produire.
Une «amnistie » conclut un débat escamoté
En réponse, Léon Meiss use de l’argumentation précédemment utilisée : étant donné l’ampleur et la complexité de la question de l’UGIF, on a retenu le seul cas de la maison de Neuilly qui représentait un « cas-type ». Il serait encore plus difficile, trois ans après, de reprendre toute l’affaire. « Le CRIF n’est pas un tribunal officiel et n’a aucun droit », déclare-t-il, tout en arguant, de manière paradoxale, de l’autorité de la chose jugée pour ne pas recommencer l’instruction
Le 17 juin 1947 se déroule un débat très vif. Pour certains, tel Robert Kiefe, secrétaire général adjoint du Consistoire central, il est en effet impossible que le CRIF rouvre l’affaire car « il s’exposerait à toute une série de procès en diffamation », faute de pouvoir mettre en place un jury qui ait un véritable statut juridique. Pour Adam Rayski au contraire, « [...] cette lettre émane de couches de la population juive qui estiment à juste titre qu’elles ont certains droits. De plus, elle a été signée par des organisations dont la majeure partie siège au CRIF. Si, donc, le CRIF se refuse à reconsidérer le problème, il risque de perdre son autorité et d’ébranler la confiance que les déportés ont en lui ». Plusieurs membres du Conseil – Adam, Shrager, Grinberg – proposent qu’au moins, on mette en place un nouveau jury d’honneur chargé d’examiner les cas individuels des anciens membres de l’UGIF qui le désireraient.Sur le point d’être mis en minorité, Léon Meiss « ne voit d’autre solution qu’un travail historique. Il s’inclinera si c’est la volonté du CRIF mais demande des propositions pratiques ».
A suivre: Résultat du vote,jugement et remise en cause de celui-ci.
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