A la marge,celle qui relie les pages

mardi 25 juillet 2023

L'arroseur arrosé (saison 4)

 

Le 7 janvier 1945, les conclusions du jury sont présentées au conseil du CRIF par son président :
Je me permets tout d’abord de vous rappeler que lorsqu’en est appelé à rendre la justice sous la forme où nous la rendons (car c’est plutôt un avis qu’un jugement que nous allons émettre), il faut se garder de toute passion et de toute tendance personnelle ; être extrêmement objectif et se placer non pas au jour où nous allons émettre ce jugement, mais à l’époque où les faits se sont passés, c’est-à-dire à un moment où ceux qui sont ici se trouvaient eux-mêmes sous l’oppression et même souvent – il faut bien le dire – plus tremblants que braves. Il faut donc apprécier avec une certaine indulgence les fautes qui ont pu être commises, même si ce sont des fautes qui ont eu des conséquences graves.
Il préconise aussi de[...] poser comme principe que si tel ou tel de ceux dont nous avons à apprécier aujourd’hui la conduite a consenti à entrer dans le conseil de l’UGIF, nous n’avons pas à déterminer s’il a ainsi commis une faute ou non ; nous recherchons seulement ceux qui, dans l’exercice de leurs fonctions, ont commis des fautes. [...] Et nous n’avons pas de mandat politique.
Le jury s’interroge sur les conditions dans lesquelles les enfants des maisons de l’UGIF ont été arrêtés, et semble dédouaner les responsables de l’UGIF en prétextant que comme chacun cherchait à se sauver il était difficile de réaliser une dispersion des enfants prétextant également les bombardements incessant et des moyens de transport défaillant.
Le jury poursuit:Quoi qu’il en soit, il y a peut-être eu une insuffisance de conception, mais elle ne peut pas constituer une faute positive qu’on puisse rechercher. Nous devons considérer qu’on ne peut incriminer ni les dirigeants de l’UGIF ni ceux qui étaient plus spécialement chargés des enfants. Par contre, en ce qui concerne l’affaire de Neuilly, il est certain que des responsabilités se trouvent engagées.
Pour conclure:[…] Je pense que nous pouvons conclure qu’il y a eu plus qu’une défaillance de la part de M. Edinger, mais une faute précise, faute qu’il ne nous appartient pas d’apprécier au point de vue pénal, et peut-être ne tombe-t-elle pas sous la définition du crime de collaboration. En tous les cas, ce n’est pas à nous à le dire ; ce serait éventuellement aux tribunaux de l’apprécier. [...] Nous estimons qu’il a commis une faute positive et que c’est au CRIF qu’il appartient de juger s’il estime à propos de le déférer aux tribunaux compétents.
En ce qui concerne le colonel Kahn, nous estimons qu’il s’est rendu complice de la faute commise par M. Edinger.
En ce qui concerne le Dr Schendel, nous estimons que son action paraît avoir été néfaste auprès de M. Edinger et qu’à cet égard il encourt une responsabilité.
Le 30 janvier 1945, le jury d’honneur transmet l’ensemble des documents qu’il a réunis au président du CRIF et exprime « avec la plus grande prudence [...] un conseil sur les conséquences de son appréciation ». Il lui apparaît que « l’ordonnance sur l’indignité nationale, en tant qu’elle vise l’atteinte à la liberté des Français, pourrait servir de base à une accusation ». Autre éventualité, plus clémente : l’exclusion de toute fonction communautaire, pour une durée à déterminer. Vis-à-vis de Mme Stern et du Dr Weill-Hallé, le jury d’honneur ne retient toutefois « ni faute positive ni défaillance à l’honneur ».
A suivre: l'intervention modératrice du président du CRIF
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