A la marge,celle qui relie les pages

mercredi 26 juillet 2023

L'arroseur arrosé (saison 5)


 L'intervention modératrice du président du CRIF

Il faut attendre le 10 octobre 1945 pour qu’un échange de vues soit formellement organisé entre les membres du jury d’honneur et le conseil du CRIF, que son président incite d’emblée à la mesure :

M. Meiss exhorte les membres du conseil à réfléchir profondément avant de juger non seulement une institution mais des hommes. Il demande que chacun prenne conscience de sa responsabilité avant de prendre une décision motivée, qu’on apporte à l’étude de ce dossier un esprit d’humanité et de justice afin d’éviter des fautes graves

Le débat se poursuit le 15 octobre 1945 et les avis qui s’expriment quant à la sentence à rendre vont du blâme, qu’on ferait largement connaître dans les milieux juifs, jusqu’à la transmission des dossiers au procureur de la République. Certains demandent également que « l’affaire entière de l’UGIF soit discutée et qu’un jugement d’ensemble soit rendu ». De nouveau, Léon Meiss plaide pour la modération, exprimant clairement ses réticences.

Le 29 octobre 1945, il est proposé à chaque personne mise en cause de fournir au CRIF des explications écrites. Ce que chacun fait, sur un ton variant de la volonté de convaincre à la colère. Le Dr Weill-Hallé tient à rappeler qu’il n’a continué à siéger au conseil de l’UGIF que « pour respecter le vœu de [son] neveu André Baur ». Kurt Schendel s’étonne que les conclusions du jury d’honneur, présentées en janvier, lui soient communiquées dix mois plus tard et déplore de se voir traité en accusé alors qu’il se considérait uniquement comme témoin dans cette instruction ; il annonce une nouvelle lettre par laquelle il rappellera aussi précisément que possible son attitude « devant le drame concernant les enfants, drame au cours duquel [il] estime en [s] on âme et conscience n’avoir commis aucune faute». Il en va de même pour Juliette Stern, qui exprime son incompréhension et sa tristesse Quant au colonel Kahn, il s’indigne avec vigueur contre ce qu’il considère comme un abus de pouvoir de la part du CRIF :’’

Considérant que c’est non seulement sans aucun droit, mais en violation des textes qui réglementent tous pouvoirs juridictionnels ou d’enquête, que vous vous êtes attribué indûment des pouvoirs, je vous mets par la présente en demeure d’avoir à me faire connaître, sous huitaine, d’une part le statut juridique du CRIF, ainsi que le texte en vertu duquel ce « Conseil représentatif » s’attribue un pouvoir d’enquête. Faute par vous de le faire sous huitaine, je serais à mon regret dans l’obligation de saisir la juridiction compétente de l’usurpation de pouvoir par vous effectuée et du délit de diffamation résultant des agissements de la commission d’enquête que vous avez cru devoir présider.''

Plus sereinement, le président Edinger annonce, le 18 décembre, qu’il a des arguments solides à présenter pour sa défense mais que ceux-ci sont « trop importants et confidentiels » pour être transmis par écrit, et il sollicite un rendez-vous pour la mi-janvier. La rencontre a lieu en effet le 16 janvier 1946 et donne lieu à un procès-verbal qui figure dans les archives du CRIF. Tout en explicitant son attitude dans l’« affaire de Neuilly » – il a accepté d’ordonner le retour des enfants dispersés car il redoutait, sinon, des représailles contre les internés de Drancy et même contre l’ensemble des Juifs se trouvant encore à Paris –, Georges Edinger suggère au conseil du CRIF de retracer l’historique de l’activité de l’UGIF dans son ensemble :’’Il convient en effet, pour juger une entreprise, d’établir un bilan général et d’exposer des faits positifs et objectifs. J’émets l’opinion qu’aucun grief ne peut m’être adressé d’une façon spéciale Il est possible que certaines erreurs aient été commises, mais elles l’ont toujours été de bonne foi et sans arrière-pensée.’’


Cette propositions elle avait été suivie, aurait-elle pu calmer les esprits des opposants à l’UGIF qui, à nouveau,s’enflammaient?


A suivre:des points de vue diamétralement opposés.



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