Quand Bernard Arnault vient pleurer à propos d’une taxe supplémentaire, en revanche, le gouvernement lui présente ses excuses. « Je comprends sa colère », a déclaré la porte-parole du gouvernement. « Quand vous avez un grand entrepreneur qui exprime ce genre d’inquiétude, il faut écouter », renchérit le ministre de l’Europe. Dire que Bernard Arnault a multiplié sa fortune en 4 ans grâce à un certain Emmanuel Macron…
200,3 milliards de dollars : voilà le magot colossal que possède Bernard Arnault. En 2024, son entreprise LVMH a réalisé 12,55 milliards d’euros de bénéfices. Dans les débats en cours sur le budget, les parlementaires ont limité à un an une taxe sur les entreprises. Elle coûterait 800 millions d’euros à LVMH. Bernard Arnault ose venir chouiner et faire du chantage à la délocalisation, alors que 27 % des filiales de LVMH se situent dans des paradis fiscaux. Quelle indécence.
Bernard Arnault, patriote en carton, vient chouiner contre la politique du pays sans lequel il ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui
Bernard Arnault est à la fois un héritier et un patriote en carton. Comme 80 % des milliardaires d’aujourd’hui, il est loin de s’être fait tout seul : c’est un fils à papa, dont la France a largement contribué au succès. Avec un échec aux États-Unis au milieu des années 1980, Bernard Arnault rachète le groupe Boussac, qui comprend Conforama, le Bon Marché et surtout Dior.
Comme le rappelle Frustration Magazine, à l’époque, « le groupe est en difficulté financière et Arnault est sélectionné par l’État français pour le sauvegarder : il s’engage à maintenir l’emploi en échange d’un total d’un milliard de francs d’aides publiques ». Après avoir bien profité de l’argent public, il fait passer le nombre d’employés du groupe d’environ 16 000 à 8 000, et garde dans son giron Dior. Sur ces bases, il construira LVMH.
Si LVMH et les produits de luxe constituent le noyau de son empire, la famille Arnault a étendu son conglomérat à de nombreux secteurs, notamment celui des médias. Par cette tactique classique des milliardaires, il a étendu son influence. Il a ainsi racheté de nombreux journaux comme Le Parisien, Les Echos, Radio Classique notamment.
Bernard Arnault a bénéficié tout au long de sa carrière et de la crise d’aides massives de l’État. Le groupe a en effet été biberonné au chômage partiel « au sein de Sephora et des médias Les Echos et Le Parisien, ainsi qu’en Italie et en Allemagne (notamment pour Bulgari, Christian Dior et Louis Vuitton) » comme l’indique Attac. Sans compter les grasses aides d’État aux médias que touche ce bon samaritain. Dans la même ligne, LVMH a également grassement profité du Crédit d’Impôt pour la compétitivité des entreprises (CICE) de François Hollande. En bref, pas vraiment de quoi se plaindre.
Pour aller plus loin : Bernard Arnault, milliardaire magnat du luxe et des médias
200,3 milliards de dollars : voilà le magot colossal que possède Bernard Arnault. En 2024, LVMH a réalisé 12,55 milliards d’euros de bénéfices. Dans les débats en cours sur le budget, les parlementaires ont limité à un an une taxe sur les entreprises. Elle coûterait 800 millions d’euros à LVMH, sur une année ; et celui-ci ose de plaindre, tout en faisant du chantage à la délocalisation aux Etats-Unis ? « Les milliardaires sont prêts à trahir la patrie qui a fait leur richesse. Ils ne sont RIEN sans les travailleurs. Assez de laxisme contre les milliardaires vautours : contrôle fiscal, sanction », tonne l’insoumis Antoine Léaument.
Cet homme est un des plus riches et des plus puissants du monde, il a poussé de toute son influence pour qu’Emmanuel Macron ne nomme pas quelqu’un issu du Nouveau Front Populaire à Matignon, suite à sa victoire aux dernières législatives. À Bernard Arnault, comme aux autres milliardaires, cela ne leur suffit plus. En témoigne le soutien désormais sans failles des milliardaires de la Silicon Valley (Musk, Zuckerberg, Bezos) à Donald Trump. À défaut de n’avoir seulement pu gérer leurs multinationales, ils veulent dorénavant beaucoup plus : le pouvoir politique, plus seulement le pouvoir économique.
Les plus riches n’ont jamais été aussi riches : qu’attend-on pour les faire partager leur argent ?
Sous Macron, les plus riches ne sont jamais aussi bien portés. 5 milliardaires possèdent davantage que 27 millions de Français. En 2024, la France comptait 147 milliardaires en 2024. Les 500 fortunes du pays battent des records. Elles ont doublé leur fortune depuis 2017, atteignant un pactole global de… 1228 milliards d’euros. En 2017, c’était 570 milliards. En 2020, 731 milliards. Depuis 2020, les quatre milliardaires français les plus riches et leurs familles – la famille Arnault, la famille Bettencourt Meyers, Gérard et Alain Wertheimer – ont vu leur fortune augmenter de 87 % depuis 2020. Dans le même temps, la richesse cumulée de 90 % des Français a baissé.
Les dernières nouvelles économiques concernant les plus riches ne sont pas venues atténuer ce phénomène de gavage suprême. En témoigne ce qui se trame au sein du CAC 40. En 2024. Les 40 plus grandes entreprises françaises ont versé à leurs actionnaires… près de 100 milliards d’euros ! Très exactement, 98,2 milliards d’euros.
Il faut reconnaître au CAC 40 sa régularité : chaque année depuis 2018, à l’exception de 2020 (année Covid), ses actionnaires se sont enrichis davantage. TotalEnergies reste la plus généreuse vis-à-vis de ses actionnaires (14,6 milliards d’euros), suivie de la multinationale LVMH (6,9 milliards d’euros), coucou Bernard Arnault, et 6,7 milliards d’euros distribués par le constructeur automobile Stellantis (salutations à son ex-PDG, Carlos Tavares, qui s’est allégrement gavé en milliards).
Pour aller plus loin : « La France est un paradis fiscal : 2 % d’impôt seulement pour les 380 familles » : l’alerte de l’économiste Gabriel Zucman
Selon une récente note du ministère des Finances, les revenus des ultra-riches s’envolent et les inégalités se creusent davantage, sur les 20 dernières années. Qui aurait pu prédire ? Pour arriver à cette conclusion, les auteurs de l’étude ont scruté en détail les déclarations de revenus depuis 2003. Ils se sont concentrés ainsi sur 40 700 foyers fiscaux, aux revenus les plus élevés, c’est-à-dire les 0,1 % de la population. Cela signifie gagner au moins 463 000 euros par an, en moyenne 1 million d’euros. Des sommes déjà inimaginables pour la quasi-totalité des Français. Ainsi, entre 2003 et 2022, le revenu annuel des 40 700 ménages les plus riches a plus que doublé (+ 119 %).
La progressivité de l’impôt à la française ne remplit pas son rôle. L’étude décrit comment le taux réel d’imposition s’est alourdi sur les 50 % des Français les plus pauvres. « En même temps », celui-ci a été baissé pour les 0,1 % les plus riches, passant de 29,3 % à 25, 7 %. Pire, selon l’économiste Gabriel Zucman, reconnu pour ses travaux sur les inégalités sociales et les paradis fiscaux, les 380 familles les plus riches du pays (les 0,001 %) payent… 2 % d’impôts. Vous avez bien lu.
À tous ceux qui chouinent sur l’enfer fiscal de la France pour mieux préserver leurs propres intérêts, qu’ils mettent le nez dans les chiffres, avant de comprendre que la France est un paradis fiscal pour les milliardaires. Quand 8 millions de personnes ont besoin de l’aide alimentaire pour se nourrir, que 9 millions sont pauvres et que 330 000 personnes sont sans-abris, on partage et on ne fait le patriote en carton.
Sources:linsoumission.fr (Par Nadim Février)