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vendredi 10 janvier 2025

Mort de Jean-Marie Le Pen : retour du RN à ses sources nazies

 Jean-Marie Le Pen le négationniste, Le Pen l’antisémite, Le Pen le raciste, Le Pen le tortionnaire, Le Pen le criminel de guerre, Le Pen l’homophobe… Les qualificatifs sont nombreux pour désigner Jean-Marie Le Pen, fondateur du FN/RN, décédé le 7 janvier dernier. Ils sont tous vrais. Le « diable de la République » a toujours assumé sa haine des juifs et des immigrés et de tous ceux ne correspondant pas à ses critères racistes.

Sur la guerre d’Algérie, il se montrait moins bavard sur son rôle sur place. Mais de nombreux témoignages le certifient : J-M. Le Pen a torturé des civils lors du conflit. Le livre de l’historien Fabrice Riceputi (Le Pen et la torture, 2023) est le dernier d’une longue série de documents, articles, ouvrages, qui démontrent le passé criminel du fondateur du FN.

On peut retenir que J-M Le Pen a fondé et dirigé le Front National de 1972 à 2011. Encore aujourd’hui, il fait figure d’autorité morale et politique auprès de plusieurs générations d’extrême droite : ses saillies réactionnaires et racistes en ont inspiré plus d’un, y compris parmi ceux qui veulent se distinguer du Rassemblement National actuel, mais aussi au sein du parti.

Pourtant, le discours dominant que l’on entend dans les médias mainstream (et qui vient du RN lui-même) est que le parti lepéniste se serait « dédiabolisé ». Lorsque Marine Le Pen prend la suite de son père en 2011, elle met en place ce récit selon lequel « son » FN n’aurait plus les excès de l’ancien FN. Les médias dominants gobent cette histoire : au cours des années 2010/2020, la « dédiabolisation » du FN/RN est vantée sur tous les plateaux.

Certains cadres du parti poussent le vice plus loin : le député Laurent Jacobelli ose dire que son parti était « antiraciste ». Encore mieux : le président du parti Jordan Bardella a affirmé que Jean-Marie Le Pen n’était pas antisémite ! Plus c’est gros, plus ça passe… Il avait quelques mois après refusé de reconnaître que son prédécesseur était antisémite, mais avait admis que ses propos l’étaient.

On avance ! Il semble cependant que tout ait été pardonné à Jean-Marie Le Pen sur son lit de mort. Tout le RN, des dirigeants nationaux aux militants locaux, ont rendu hommage au « grand homme ». Sans la moindre critique, la moindre nuance, l’appareil lepéniste a caché sous le tapis le passé de son fondateur, et son propre passé. Notre article.

Pourquoi Jean-Marie Le Pen était un nazi

Les nombreux propos de Jean-Marie Le Pen s’attaquant à des minorités sont nombreux, tellement qu’une liste exhaustive n’aurait pas de sens. On peut néanmoins citer les plus tristement célèbres. La saillie antisémite qui l’a fait connaître est évidemment celle du « point de détail » qu’auraient été les chambres à gaz lors de la Seconde Guerre mondiale, sur le plateau de RTL en 1987. L’effroi suite à ces propos négationnistes est international.

D’autres propos antisémites suivront pendant des années, jusqu’à sa mort : il avait encore accueilli chez lui un groupe de musique néonazi, après être apparu à un dîner antisémite. Il avait également qualifié les « sidaïques » (pour beaucoup homosexuels) de « lépreux ». En 1996, il avait assumé croire « à l’inégalité des races ».

Il ne s’est pas attendri en vieillissant, bien au contraire. Entre deux insultes racistes et/ou antisémites, il avait par exemple frappé une élue socialiste en 1998, ce qui lui vaudra 2 ans d’inéligibilité. À la même occasion, il avait coursé un opposant, le menaçant et le traitant de « pédé ».

Dans les années 2010, même après avoir passé la main à sa fille, il reste constant dans l’horreur : à la fin de sa trop longue vie, il cumulait 25 condamnations pour ses propos et actes racistes. Voilà le genre d’homme auquel une (trop) grande partie du petit monde politico-médiatique a rendu hommage.

Pour aller plus loin : RN-FN, historique d’un parti fondé par des Waffen-SS que certains veulent réhabiliter

De Bayrou aux néonazis, l’hommage à « l’adversaire » ou au « modèle politique »

Bien sûr, les premiers à avoir salué la mémoire du « Menhir » (surnom de Le Pen à l’extrême droite) sont les militants de l’extrême droite radicale, Identitaires ou Nationalistes-Révolutionnaires. Quoi de plus normal : le FN fondé en 1972 se voulait avant tout être une vitrine présentable d’une nébuleuse de groupuscules radicaux et violents.

Sur CNEWS, on pleure évidemment le fondateur du FN : pour Pascal Praud, il était un combattant « contre l’immigration […] et l’islam », au parcours hélas entaché par quelques « déclarations scandaleuses ».

Les médias non-bollorisés quant à eux pataugent dans une dépolitisation du personnage de Jean-Marie Le Pen. TF1 évoque ses nombreux « dérapages », à propos du « point de détail » ou de « l’inégalité des races », comme s’il n’avait pas fait exprès d’être raciste et antisémite. Alors que dans le même reportage, la chaîne interroge une journaliste qui confirme que ces « sorties de route » étaient en réalité tout à fait maîtrisées et faisaient partie de la stratégie de J-M Le Pen.

La Une de Paris Match est un cas d’école : on y voit le père Le Pen, le visage serein, sous-titré « Une histoire française » : la presse plus à droite que Libé dépeint un homme politique de premier plan, avec quelques casseroles, mais sans plus.

L’extrême centre s’est aussi répandu en hommages. La porte-parole du gouvernement l’a carrément cité dans le texte : « Mort, même l’ennemi a droit au respect », en référence à la réaction de J-M Le Pen au décès de Jacques Chirac en 2019. Étrange hommage…

La réaction du Premier ministre Bayrou est, une fois n’est pas coutume, à côté de la plaque. Il y loue le « combattant » qu’il était, renvoyant ses dizaines de condamnations et propos racistes au rang de « la polémique » comme simple outil politique. Comment dépolitiser le racisme et l’extrême droite, un exploit…

Dans le clan Le Pen, on pleure le patriarche

Unanimité côté RN : tout le monde regrette le « grand patriote », le « français amoureux de son pays », le « visionnaire ». Sa famille, Marine Le Pen en tête naturellement, regrette « Papa », le « guerrier »…sans parler de ses guerres (comme en Algérie) ou de ses combats politiques.

Le petit-fils par alliance, président du parti, ne tarit pas d’éloges à propos du « tribun du peuple », qui a « toujours servi la France », y compris sous uniforme militaire. Là encore, pas un mot sur les exactions commises sous ledit uniforme, rien sur les horreurs proférées par le « tribun » dans les médias ou en assemblée.

La horde de députés lepénistes a fait ses devoirs. Chacun s’est fendu d’un petit tweet d’hommage. Les mêmes qui pleurnichent à longueur de journée d’être traités injustement de racistes se précipitent pour honorer la mémoire d’un raciste et antisémite notoire.

Odoul a une pensée aux « militants de la première heure » du FN/RN. Comment lui dire que ces membres « de la première heure » sont en bonne partie des anciens nazis, collabos, ou terroristes de l’OAS ?

En 2011, quand elle a pris la tête du FN, Marine Le Pen assumait prendre « tout » le parti, avec son histoire, son héritage, y compris le plus ouvertement raciste. Quatorze ans plus tard, tous les hiérarques et les militants du RN accomplissent leur devoir de mémoire militant : ils rendent hommage à celui qui a été, depuis 50 ans, leur guide politique, du « point de détail » jusqu’à sa mort.

De quoi mettre à mal le narratif du « parti antiraciste » vendu par Jacobelli.

Sources:Alexis Poyard linsoumission

 

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