Et pour quoi ? Rien, comme l’ont démontré les députés LFI Eric Coquerel et Manuel Bompard en décryptant la « lettre de Bayrou » ayant servi de prétexte au PS pour sauver Emmanuel Macron et son Premier ministre. Le budget de M. Bayrou prévoit en effet 10 milliards de coupes budgétaires supplémentaires. Les socialistes le savaient-ils ? Sans aucun doute.
Le PS n’affronte pas seulement la fronde prolongée de ses militants, mais aussi celles de ses élus refusant le changement de logiciel, du NFP vers la Macronie. Hier, huit d’entre eux ont refusé de tourner le dos au NFP et à son programme. La capitulation du PS devant Bayrou pourrait bien signifier la disparition. Le NFP est resté uni dans la censure du Gouvernement de François Bayrou, rendant le Parti socialiste plus isolé que jamais. « La girouette votera la censure du budget car toute la gauche va l’y obliger. Au sommet et à la base », a analysé Jean-Luc Mélenchon cet après-midi
« En votant la censure, j’ai fait le choix de l’exigence et la clarté » – Ces élus PS qui refusent l’alliance de leur parti avec Bayrou et Macron
Le PS n’affronte pas seulement la fronde intense de ses militants, mais aussi celles de ses élus refusant le changement de logiciel, du NFP vers Macron. Huit d’entre eux ont refusé de tourner le dos au NFP et à son programme, hier, à l’instar de Philippe Naillet, député réunionnais, après avoir analysé les grands absents du discours de politique générale de Bayrou, citant les « services publics », la « crise du logement », « la vie chère en Outre-mer ».
Pour ce député des Outre-mer, la conclusion s’imposait d’elle-même : « En votant la censure, ça peut interroger certains camarades et je le comprends, j’ai fait le choix de l’exigence et la clarté », soulignant que « compte tenu du contexte budgétaire dégradé, que ce qui a été donné d’une main sera repris de l’autre ». Même son de cloche pour la socialiste Fatiha Keloua-Hachi qui confie : « Les avancées étaient insuffisantes et difficilement explicables : on attendait un gel de la réforme des retraites, puis de pouvoir soumettre un nouveau projet au Parlement ».
L’arnaque des propositions de Bayrou sur les retraites n’aura pas non plus échappé au député de la Drôme, Paul Christophle : « L’une des bases de la négociation, c’était la suspension de la réforme des retraites et sur ce sujet François Bayrou a préféré se tourner vers la droite ». Pour ces députés, ayant pourtant déjà fait le choix de refuser l’abrogation net au profit d’une obscure suspension, la ligne rouge était finalement franchie. Existerait-il des limites au reniement ?
Ce vendredi, le sénateur PS Alexandre Ouizille, a, lui aussi, vertement critiqué la décision de non-censure : « Si nous nous en restons là, nous nous trahirons » en faisant le constat du vide béant des soi-disant « concessions » accordées par Bayrou. Quelles concessions ? Sont-elles « remarquables » ou « réciproques » ? Les démonstrations du président de la commission des finances, le député LFI Eric Coquerel, et celles de Manuel Bompard, ont rappelé les faits.
« La lettre de Bayrou est un enfumage ! » a rappelé Eric Coquerel hier au micro de l’Insoumission, rappelant que « tout ce que reprend Bayrou en termes de dépenses, soi-disant « concédées » au PS étaient déjà dans le budget Barnier au moment de la censure. Il a repris dans cette liste ce qui avait déjà été gagné dans les précédentes discussions budgétaires ». Le président de la commission des finances a rappelé le fait majeur, passé sous silence par Bayrou dans sa lettre : les 10 milliards de coupes budgétaires supplémentaires prévues par Bayrou : « un budget pire que celui de M. Barnier ».
« Je rends ma carte » – La fronde hivernale des militants PS contre leur Direction s’ancre durablement
La fronde des militants PS face à la macronisation avancée de leur parti n’est pas un fait nouveau. En décembre, un mouvement de militants PS avait vivement protesté contre les négociations à l’Élysée. « On ne peut pas trahir le programme du NFP pour lequel nous sommes tous d’accord ! Si le PS va avec Retailleau ou Estrosi, je rendrai ma carte ! » déclarait Ahmid, militant socialiste depuis 5 ans, sur le marché d’Olympes de Gouges, à Pantin, un matin de décembre. Déjà, l’orientation vers les « concessions réciproques » avec les macronistes et les LR faisait des étincelles et fracturait encore un peu plus un parti dirigé par la cacophonie des courants.
Pour aller plus loin : « S’ils font ça, je rends ma carte ! » – Ces militants du PS qui annoncent leur départ en cas de coalition avec Macron
L’épisode des « concessions réciproques » et de la non censure a provoqué des indignations à raison, pour tous les électeurs NFP. Tous ont en mémoire le programme sur lequel les députés PS ont été élus. Exit les déclarations estivales de Faure à Blois qui déclarait : « Macron est prêt à vous dire que vous pourrez tout avoir, à la seule condition que vous rapportiez le scalp du NFP ». Terminé le serment du 8 juin 2023, ce moment où le Parti socialiste jurait de « tout faire » pour abroger la retraite à 64 ans. Au total, le Parti socialiste aura choisi de renier le NFP pour… adouber Bayrou, et sauve tous les membres de son gouvernement, de Valls à Retailleau, toute la ribambelle de racistes, génocidaires, et fossoyeurs des droits sociaux des salariés unis dans la dernière digue pour protéger le locataire de l’Elysée du départ anticipé réclamé par 64% des Français.
Les conséquences ont déjà été édictées par le secrétaire général du PS lui-même en octobre. Interrogé sur la non censure du RN ayant sauvé in extremis Michel Barnier, Olivier Faure déclarait alors : « Ceux qui refusent de voter la censure entrent en soutien du Gouvernement ». C’est dit. Malgré la gymnastique olympique de ses formules d’hier, Olivier Faure a bien acté une soutien sans participation au Gouvernement Bayrou. Sur les réseaux, l’archéologie redevient une activité de masse.
Des déclarations du premier secrétaire général ressortent à foison. Comme celle du 2 mars 2022 : « Les gens, quand ils voient Manuel Valls à la télévision, ils disent : c’est ça le PS. Et ils pensent que le PS c’est des gens qui sont juste en attente de trahir quelqu’un. Et qui pensent que, en fait, il y a toujours quelqu’un à trahir. ». Une prophétie auto-réalisatice.
Une chose est sûre : la capitulation du PS devant Bayrou pourrait bien signifier la disparition. Le NFP est resté uni dans la censure du Gouvernement de François Bayrou, rendant le Parti socialiste plus isolé que jamais. « La girouette votera la censure du budget car toute la gauche va l’y obliger. Au sommet et à la base », a analysé Jean-Luc Mélenchon cet après-midi.
Sources:Linsoumission(Sylvain Noël rédacteur en chef)