Il y a quelques mois, Caroline Yadan accusait Amnesty International de « manipulations et omissions » pour balayer le rapport de l’ONG accusant Israël de se rendre « coupable d’un génocide » à Gaza. Elle s’est aussi associée avec Aurore Bergé – députée coupable de parjure – pour porter une proposition de loi visant à condamner les « formes renouvelées de l’antisémitisme ». Dans son intervention de ce mardi, Caroline Yadan a redit le cœur de sa proposition : établir une équivalence entre l’antisémitisme et l’antisionisme dans le but avoué de museler toute forme d’expression, de sympathie ou de soutien aux peuples massacrés par Benjamin Netanyahu, à commencer les Gazaouis.
Qui est Caroline Yadan, première soutien de Netanyahu, juste en-dessous de Meyer Habib ?
Suppléante de Stanislas Guerini à l’Assemblée nationale, Caroline Yadan s’illustrait déjà avec une proposition de résolution visant à condamner « l’éducation à la haine des enfants palestiniens ». Résolution qu’elle entend déposer à nouveau malgré l’échec de son adoption.
Caroline Yadan est députée de Paris de 2022 à 2024. Devenue députée de la 8e circonscription des Français hors de France suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, elle succède à Meyer Habib (qui fait l’objet de plaintes de la Ligue des Droits de l’Homme pour injure publique aggravée et incitation à la haine raciale à l’encontre de la population gazaouie). Élue au second tour uniquement grâce au report des voix de la gauche unitaire qui pensait battre ainsi une extrême droite incarnée par son insupportable prédécesseur au cours d’un scrutin comptant près de 75 % d’abstention, elle crache ouvertement sur celles et ceux qui, pourtant, composent la moitié de son électorat.
Juriste et procédurière acharnée, elle lance des signalements pour apologie du terrorisme et attaque en justice quiconque ose porter une parole allant à l’encontre de la propagande de Netanyahu. Elle relaye des fakes news, associe systématiquement LFI aux actes antisémites commis dans le pays, s’en prend aux étudiants qui manifestent leur soutien à Gaza, aux journalistes, aux journaux, au chef de l’État, à l’ONU et même aux graffitis qui condamnent l’antisémitisme ! Elle œuvre pour faire lever l’immunité parlementaire de Rima Hassan et lui faire imposer des sanctions disciplinaires.
Fraîchement élue, elle prêche pour instaurer comme préalable à l’obtention de la nationalité française, l’obligation de signer une reconnaissance de l’État d’Israël. Une mesure directement inspirée des Allemands qui depuis des années ont érigé le soutien inconditionnel d’Israël en raison d’État.
Dans l’hémicycle et les médias, celle que l’on pourrait confondre avec une députée du Likoud (parti politique de Netanyahu) à la Knesset (chambre parlementaire israélienne) tant ses positions totalement dénuées d’humanisme semblent calquées en tous points dessus. Au point de nier les droits humains du peuple palestinien autant que le droit international et les sanctions prononcées à l’encontre du gouvernement israélien et de ses dirigeants. Pour se démarquer de l’innénarable Meyer Habib, le discours se voudrait plus techno, mais en réalité la pensée s’avère plus hermétique encore, se voulant toujours plus zélée vis-à-vis de la propagande et du soutien inconditionnel à Israël.
Elle appuie la demande de dissolution du Collectif Palestine Vaincra et s’imagine en croisade, pourfendeuse de la FI qu’elle aimerait faire dissoudre – on en rirait si l’incurie n’était si grave.
À ce sujet, un parallèle avec la volonté du gouvernement Netanyahu de dissoudre le parti communiste israélien s’avère d’ailleurs intéressant. Parce que le PC manifeste avec courage et ténacité son opposition à la guerre au Liban, à Gaza, tout autant qu’aux colonies illégales en Cisjordanie, le gouvernement aimerait bien faire taire les voix dissidentes et la grogne croissante de la population provoquée par ces vilains agitateurs.
En attendant d’y parvenir, le Parlement du pays qui se prétend la « seule démocratie du Moyen-Orient », ce que répète à loisir Yadan, a déjà exclu de ses rangs pour six long mois deux députés du PC israélien pour le seul tort d’avoir dénoncé les crimes de guerre de Netanyahu.
Une loi contre les formes renouvelées de l’antisémitisme
Évidement sur l’intitulé et l’intention qui consiste à lutter contre les formes renouvelées de l’antisémitisme, personne ne saurait rien avoir à dire : la lutte contre les discriminations et le racisme a toujours été au cœur des luttes de gauche et tout particulièrement de la FI. Le contenu mérite néanmoins qu’on s’y attarde.
Dans le journal Le Point, la députée dit avoir identifié trois axes essentiels de ces nouvelles formes de racisme : l’apologie du terrorisme, la négation de l’État d’Israël et la comparaison avec la Shoah. Elle voudrait criminaliser des expressions telles que « From the river to the sea », les cartes où Israël n’apparaît pas, et s’assurer « que Rima Hassan ne puisse plus impunément estimer que le Hamas est un mouvement de résistance » ou encore interdire toute comparaison entre le régime nazi et l’État d’Israël.
Passons sur le fait que l’apologie du terrorisme est déjà condamnée par la loi – avec les dérives qu’on connait depuis 2014 et l’inscription de ce délit dans le code pénal – et mettons au moins à son crédit que la couleur est clairement annoncée ! Il semble parfaitement assumée que cette loi cible les associations de soutien à la Palestine, les Insoumis et tout particulièrement Rima Hassan.
La députée ne parle aucunement de l’extrême droite et des actes avérés d’antisémitismes commis par leurs nervis. Seule la FI est mentionnée explicitement comme faisant « partie intégrante du problème par leur légitimation de la haine des juifs dans notre pays sous le couvert de l’antisionisme. ».
L’antisionisme, c’est quoi ?
Avant d’aller plus loin, un pas de côté pour définir l’antisionisme et situer ses origines s’avère nécessaire. Sophie Bessis dans un hors série du Monde diplomatique de 2024 explique qu’historiquement l’opposition au sionisme s’est forgée au début du siècle dernier dans les milieux libéraux juifs européens et fut portée par leurs intellectuels les plus éminent·es comme Freud, Einstein ou encore Hannah Arendt.
Sophie Bessis explique qu’à cette époque et sans pour autant nier leur judéité, les juifs d’Europe étaient assimilationnistes, se considérant d’abord de la nationalité de leur pays de naissance ou de résidence et s’inquiétaient des conséquences de la création d’un État juif sur des terres déjà peuplées. Le Bund (Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie) réclamait pour sa part la reconnaissance d’une nationalité culturelle juive au sein des pays où vivait la majorité des juifs du monde, le « yiddishland », avant que les criminels nazis ne mettent fin à son existence.
Aujourd’hui l’antisionisme revêt différentes formes. Posture politique, il se différencie en tous points de l’antisémitisme qui est un racisme et à ce titre, à condamner. Ces différentes formes vont de l’opposition aux politiques expansionnistes de colonisation des territoires palestiniens occupés (ce qui constitue un crime de guerre au regard du droit international), à la condamnation de l’apartheid raciste, en passant par sa forme la plus radicale qui va jusqu’à nier l’existence d’Israël, considéré comme illégitime car ayant dépossédé les palestiniens de leurs terres ancestrales.
D’autre formes prônent un retour aux frontières du 4 juin 1967, la constitution d’un État binational recouvrant toute l’ancienne Palestine historique, considérée comme seule solution possible au conflit israélo-palestinien, ou encore la solution d’un État unitaire mais qui serait alors celui de tous ses citoyens ; ce qui est contraire dans chacun de ces cas au fondement même du sionisme.
Sources:linsoumission.fr.
A suivre: Sionisme et antisémitisme, même combat ?