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mercredi 4 septembre 2024

Du Labour de Corbyn à LFI de Mélenchon, les médias contre la gauche (Part1)

 

Depuis des mois et des années, Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise sont la cible d’attaques permanentes des médias dominants. Depuis le 7 octobre 2023 et l’engagement de LFI et de son leader pour un cessez-le-feu permanent et contre le génocide à Gaza, ce niveau de guerre médiatique est monté d’un cran pour atteindre une intensité jamais vue. Les rubriques anti-LFI pleuvent. Les accusations d’antisémitisme et de dénigrement sont devenus des règles éditoriales.

Les dominants de ce temps médiatique sont terrifiés par l’homme du 10 avril 2022, ses 22% de voix obtenues, et la menace qu’il représente pour leur ordre. Ils déploient tous les procédés les plus crasses pour le conserver ainsi que leur statut de classe. Dans ce contexte, des voix s’élèvent, décortiquent le traitement médiatique et font s’éveiller des consciences.

C’est le cas de Thierry Labica, maître de conférences au département d’études anglophones de l’université Paris-Ouest Nanterre, avec lequel Acrimed, l’observatoire des médias, s’est entretenu. L’Insoumission.fr relaye dans ses colonnes cet entretien d’utilité publique et invite ses lecteurs à le partager sans modération. 

Acrimed : Depuis des mois, et même des années, Acrimed documente l’acharnement médiatique contre La France insoumise et singulièrement contre Jean-Luc Mélenchon. Sa volonté de rompre avec les orientations néolibérales, sécuritaires et atlantistes de la gauche de gouvernement lui valent, notamment depuis qu’il a supplanté le PS en 2017, l’hostilité de tous les médias, même « de gauche ». Avant de revenir sur les mésaventures médiatiques de Jeremy Corbyn, parvenu entre 2015 et 2020 à la tête du Labour avec un programme de rupture assez similaire à celui de LFI, pourrait-on remonter un peu dans le temps, dans les années 1980, pour voir comment les médias de gauche avaient réagi au thatchérisme ?

Thierry Labica : Dans les années 1960-1970, l’événement politique principal de l’année c’était le congrès syndical, où les responsables politiques se rendaient, où les politiques industrielles étaient négociées dans un cadre cogestionnaire, où les grandes annonces étaient faites. Une catégorie bien spécifique de journalistes couvrait ces congrès : les correspondants industriels. Et les correspondants industriels, c’était la fine fleur du journalisme politique. Or dans les années 1980, il se passe quelque chose d’assez important dans le champ de l’audiovisuel : il y a un mouvement de reflux de cette catégorie particulière de journalistes. Et ça a des conséquences très importantes dans le contexte de luttes du monde du travail contre la révolution désindustrielle thatchérienne. Le moment charnière et le mieux connu est celui de la grève des mineurs de 1984-1985, qui est vraiment un épisode seuil à tout point de vue, symbolique, économique, politique, etc. Les mineurs sont un emblème de l’histoire industrielle nationale et 1984, c’est le moment où le thatchérisme remet en question toutes les grandes institutions du compromis social d’après-guerre. Au même moment, dans les médias disparaissent les gens les plus qualifiés pour parler des conflits du monde du travail, des relations entre les syndicats et le gouvernement, avec une expertise sur la question des politiques industrielles, des négociations, des grèves, etc. Résultat : le discours désormais dominant construit la classe ouvrière désindustrialisée comme un milieu complètement relégué, voire criminel. Et cette disqualification, cette relégation symbolique des mineurs, en l’occurrence, c’est aussi quelque chose qui concerne l’ensemble du monde ouvrier, l’ensemble du monde syndical.

Cette criminalisation, elle est explicite lors de la grève de 1984, par exemple avec l’épisode d’Orgreave. Orgreave, c’est un lieu près de Sheffield où il y a eu un piquet de grève très, très important en juin 1984 qui a abouti à une bataille rangée. Or quand la BBC a montré les images de Orgreave, elle a inversé l’ordre du montage. C’est-à-dire qu’elle a montré les mineurs en train de caillasser la police, qui ensuite a chargé. Et finalement il y a eu des excuses après coup sur le mode : « On s’est trompés, on a monté la séquence à l’envers ! C’est la police qui a chargé en premier ». Les médias orientaient clairement leur couverture sur une responsabilité des mineurs dans la violence, le chaos, etc.

A suivre: Du Labour de Corbyn à LFI de Mélenchon, les médias contre la gauche(part2)



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