C’est le média d’extrême droite Frontières qui parle le premier de la proposition de loi insoumise. Loin d’être inconnu, Frontières est la suite directe de Livre Noir, qui a fait la campagne de Zemmour en 2022, et qui joue à fond son rôle de caisse de résonance d’extrême droite. Récemment, il s’est distingué par la « cartographie de l’extrême gauche », censée recenser les organisations plus à gauche que le PS pour résumer.
Une semaine plus tard, l’ensemble de l’extrême droite, mais aussi de la droite « classique » s’est emparé de cette panique morale. Évidemment le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau en a profité pour déverser, comme à son habitude, son torrent d’ordures sur les insoumis, mais on n’en attendait pas moins de lui.
Plus surprenant, quoique : la réaction de la députée macroniste et ancienne ministre Prisca Thévenot, qui accuse LFI d’être un mouvement « anti-France », un terme popularisé par l’écrivain antisémiteCharles Maurras au siècle dernier. Dans son cas, on peut parler de récidive : Thévenot a utilisé ce même mot en août dernier, encore contre LFI. Ironique et abject.
Dans une manipulation dégoûtante, la droite macroniste instrumentalise les victimes du terrorisme pour dénoncer la loi proposée par LFI, l’accusant dans un communiqué « d’abroger le délit d’apologie du terrorisme », de le supprimer purement et simplement. Or les députés macronistes ne semblent pas avoir lu le titre complet de la PPL, ni ses motifs. Le texte de LFI prévoit bien d’abroger ce délit… « du code pénal » ! Pour le déplacer dans le droit de la presse. Il est embêtant pour des représentants de la Nation de ne pas savoir lire ne serait-ce qu’un titre de texte.
Ainsi les droites semblent partagées dans leurs attaques contre LFI, entre la mauvaise foi et l’incompétence.
Le PS fait bloc… contre les insoumis
Le communiqué des députés macronistes cité plus haut s’adresse en effet aux présidents des groupes communiste, socialiste et écologiste, en appelant à leur « républicanisme ». Chez les socialistes, cet appel n’est pas resté lettre morte
Sans aucun doute, le PS et ses membres savent lire. Ils ont malheureusement fait preuve de mauvaise foi et d’hypocrisie. La députée européenne et présidente des Jeunes Socialistes (JS), Emma Rafowicz ouvre la marche aux régiments socialistes.
Vingt minutes après, le secrétaire du PS Olivier Faure, dans un post odieux, accuse LFI de vouloir abroger « purement et simplement le délit d’apologie du terrorisme », entre deux insultes. Montrons-lui cependant un peu d’empathie : le congrès du Parti Socialiste approche, sa place de Premier secrétaire est menacée, il se doit de dorloter son aile droite. Au nom du système des courants internes, Faure est prêt à remettre en cause le Nouveau Front Populaire, au nom de la sacro-sainte « démocratie » interne (et de sa place accessoirement) de l’appareil.
C’est ainsi qu’il faut lire également la proposition de Boris Vallaud, président des députés socialistes, d’un accord de « non-censure » avec la droite et le centre, après la chute éventuelle de Barnier, quitte à briser le NFP et son unité. Vallaud cherche aussi à cajoler l’aile droite du parti, la course aux petits chevaux bat son plein, au grand dam de l’union.
Le PS est regagné par ses démons à l’approche du congrès, les exorcismes de la NUPES et du NFP n’ont pas suffi, bien au contraire, en témoigne le retour de François Hollande à l’Assemblée Nationale.
Les dirigeants socialistes devraient réviser l’histoire de leur parti. Léon Blum lui-même avait alerté en son temps sur les lois d’exception, qui visaient alors à réprimer les anarchistes : « dès qu’on énonce qu’une loi ne sera appliquée qu’aux anarchistes, vous pouvez être certains que quelques années plus tard, elle sera appliquée à tout le monde ».
Comme l’a écrit Manuel Bompard dans la note de blog citée plus haut : « C’est facile de danser à la « Léon Boum » aux universités d’été du PS, mais manifestement plus compliqué de rester fidèle à ses principes ». Pour connaître les intentions profondes des insoumis derrière cette proposition de loi, il suffisait de savoir lire.
Sources:.linsoumission.fr (Alexis Poyard)