A la marge,celle qui relie les pages

lundi 15 juillet 2024

Un programme à appliquer en urgence.(part1)


 Nouveau Front Populaire – un programme à appliquer en urgence

« Le vote a été une humiliation écrasante pour Emmanuel Macron. Son mouvement a subi une sévère défaite« . C’est l’analyse faite par l’hebdomadaire The Economist, et de l’immense majorité des titres de presse internationaux, après le résultat des élections législatives en France, la défaite du RN et la victoire du Nouveau Front Populaire. Cette défaite, le chef de l’Etat refuse en bloc de la reconnaître pour garder le pouvoir que le vote des Français lui a retiré.

Dans le même temps, tous les représentants du macronisme et de l’ordre économique et médiatique continuent de faire feu de tout bois contre le programme du vainqueur. Bruno Le Maire, Patrick Martin, Aurore Bergé et leurs amis éditorialistes évoquent une « crise financière » en cas d’application du programme NFP. « Ceux qui critiquent notre programme sont les mêmes qui ont ruiné le pays. » leur a répondu Jean-Luc Mélenchon, rappelant que  » Bruno Le Maire a endetté le pays de 1000 milliards en 7 ans et ose nous donner des leçons. »

D’un côté Bruno Le Maire nous le promet, l’application du programme du Nouveau Front Populaire conduira à une « crise économique ». Patrick Martin, président du MEDEF, est plus catégorique, estimant que son application serait « fatale » à notre pays. De l’autre, l’audacieuse Aurore Bergé explique à Télématin que les Français ne « veulent pas » de l’application du programme porté par la première force politique du pays.

Pourtant, qui peut sérieusement prétendre que les Français, qui mettent systématiquement le pouvoir d’achat au cœur de leurs préoccupations, seraient devenus macronistes ? Comment croire que le peuple qui a refusé toutes les réformes de destruction sociale subies ces dernières années aurait voté NFP par accident ?

Il va, au contraire, de soi que les mesures sociales proposées par la gauche ont contribué à lui valoir l’adhésion des électeurs. Le SMIC à 1600 euros est la mesure qui fait le plus polémique et qui déclenche contre le Nouveau Front Populaire un tir de barrage de la droite et des médias de masse. Selon certains commentateurs prompts à accaparer les micros, cette augmentation mènerait inévitablement à la ruine des entreprises, des faillites en série et à la destruction de l’économie française.

Mais, face à une telle menace, si évidente, pourquoi le plus grand nombre des économistes ayant pris position dans le débat public l’a fait en soutien du NFP ? Sans doute parce qu’Aurore Bergé, Bruno Le Maire, Patrick Martin, les toutologues et autres essayistes ont plus en vue leur intérêt de classe que les sciences économiques.

La panique idéologique autour du SMIC à 1600 euros

Premièrement si le montant total du SMIC à 1600 euros apparaît élevé, il ne s’agirait d’une hausse que de 14%. Or, le salaire minimum n’a pas fait l’objet d’augmentations réelles depuis plus de dix ans ! Il ne faut, en effet, pas confondre les hausses du SMIC décidées par le politique et les augmentations prévues juridiquement en fonction de l’inflation, qui interviennent à échéance fixes. Ces dernières, hélas, sont très loin de permettre aux ménages d’être réellement protégés d’une conjoncture délétère. Sur l’année 2022-2023, par exemple, le SMIC a augmenté de 6,6%. Mais le coût de l’énergie, lui, avait explosé jusqu’à 23% tandis que les produits alimentaires de première nécessité avoisinaient une hausse de 7%.

De la même manière, sur les trois dernières années, l’inflation, tous produits confondus, est à 12,8% Mais il suffit de se reporter aux indices des prix de décembre 2023 et de décembre 2020 établis par l’INSEE pour constater que l’inflation cumulée sur l’alimentaire se situe à 23% tandis que l’inflation sur l’énergie atteint 44% ! Or les ménages les plus modestes concentrant davantage leurs dépenses sur les postes de première nécessité, il va de soi que la vie au SMIC s’est considérablement dégradée. Si l’on en doute, c’est que l’on ne s’est pas intéressé à la campagne lancée par la CGT en 2024, intitulée « #MaVieAuSmic », visant à recueillir les témoignages, souvent saisissants, de ces millions de ménages précaires.

Ainsi la nécessité sociale de l’augmentation du SMIC ne fait aucun doute, mais est-ce faisable ? Les arguments opposés sont de trois ordres : l’emploi en pâtirait, les entreprises n’auraient pas les moyens, et cela provoquerait un tassement des salaires. Pour ce qui est du premier point, il peut être écarté très rapidement : le gouvernement progressiste au pouvoir en Espagne a fait augmenter le salaire minimum de 54% en six ans sans aucun effet néfaste sur l’emploi, tandis qu’il a bondi de 12% au 1er octobre 2022 en Allemagne, là encore sans qu’un recul de l’emploi ne s’ensuive. Reste qu’il faut que les entreprises françaises puissent payer, mais ce point non plus ne pose pas de grand problème.

D’abord comme l’a souligné Eric Coquerel, il s’agit de réorienter les aides de l’État et les allégements fiscaux là où les emplois sont créés, et vers les entreprises en difficulté.

Mathilde Panot a proposé, le 11 juillet, l’application d’une forme de péréquation pour ce soutien aux secteurs en ayant le besoin. Il faut dire qu’en 2022 c’était 160 milliards d’euros d’aide aux entreprises distribués sans aucune contrepartie ! Qu’on en introduise et que, parmi celles-ci, on pense un critère tenant aux difficultés financières, particulièrement pour les TPE et PME ne pouvant suivre la hausse du SMIC, ne serait que justice. De même qu’il est tout à fait possible pour l’État d’encadrer des dispositifs de prêts à taux zéro pour répondre à des difficultés spécifiques.

A suivre: L’enjeu d’une relance de l’emploi par la consommation des ménages






Share:

Liberté de la Presse

La video du Jour

Jdidi

Calendrier

Vivre les Cultures du Monde

Cultures du Monde Arabe

Cinéma

Transparence Internationale

NEGAWATT

Wikipedia

Résultats de recherche