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lundi 3 juin 2024

Reconnaissance de l'Etat palestinien:comment la France a renoncé.

L'Etat palestinien:le renoncement.

Palestine. Depuis bientôt 20 ans, les présidents français successifs renoncent à soutenir pleinement la reconnaissance de l’État palestinien. Comment en est-on arrivé là ? De l’embargo sur les armes destinées à Israël par De Gaulle jusqu’à l’altercation de Jacques Chirac avec les soldats israéliens à Jérusalem, en passant par la tiédeur infinie de Nicolas Sarkozy et François Hollande sur le sujet, jusqu’à Emmanuel Macron aujourd’hui. Ce dernier déclare que la reconnaissance de l’État palestinien n’est « pas un tabou pour la France » le 16 février 2024. Une phrase pour se faire bien voir ? Sans aucun doute.

Car depuis, plus rien. Plus de 40 000 Palestiniens ont été tués par l’armée de Benjamin Netanyahu. Le 22 mai, le chef de la diplomatie français précise la position de la France : « pas un tabou », mais pas le bon moment. Pourtant, 146 pays reconnaissent l’État palestinien. Ce mercredi 22 mai 2024, l’Espagne s’est jointe à la Norvège et à l’Irlande dans leur engagement à reconnaître l’État palestinien. Malte ou la Slovénie pourraient leur emboîter le pas. Sans la France, qui depuis plusieurs mois déjà, s’est ridiculisée sur la scène internationale, en tournant définitivement le dos à sa ligne politique historique au Proche-Orient. Notre article.

De Charles de Gaulle à Jacques Chirac, la France en défenseuse des droits des Palestiniens

Suite à la Seconde Guerre mondiale et à la création de l’État d’Israël, la relation entre la France et l’État hébreu est forte. Deux raisons : le souvenir du drame de la Shoah est prégnant, d’une part, la France voit d’un très mauvais œil tout ce qui touche de près ou de loin au nationalisme arabe, d’autre part. Pour rappel, la guerre d’Algérie commence en novembre 1954. Si une coopération nucléaire se lance, le Général de Gaulle y mettra un terme à son arrivée au pouvoir en 1958.

La guerre des Six-jours constitue un tournant majeur. L’État d’Israël la déclenche en détruisant les armées syrienne et égyptienne. De Gaulle prononce un embargo sur les armes destinées à l’État hébreu. Le 27 novembre 1967, « il déclare que l’occupation qu’Israël va mettre en place dans les Territoires palestiniens va susciter une répression, qui sera à l’origine d’une résistance, qui sera qualifiée de terrorisme, et donc des violences », rappelle Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). La rupture stratégique est consommée. Georges Pompidou restera sur cette ligne stratégique.

Par la suite, Valéry Giscard d’Estaing participe en 1979 à une réunion de la C.E.E (Communauté Économique Européenne, ndlr) avec l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Au cours de cette réunion est édictée la déclaration de Venise, qui reconnaît le droit des Palestiniens à l’autonomie gouvernementale. On peut y voir inscrit noir sur blanc la promotion de « deux principes universellement acceptés par la communauté internationale : le droit d’exister en sécurité de tous les États de la région, dont Israël, et la justice pour les peuples, ce qui implique la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien ».

De même sous François Mitterrand, qui embrassera la continuité de cette position. Devant la Knesset, (chambre parlementaire unique en Israël, ndlr), le président Mitterrand plaide pour l’autodétermination du peuple palestinien. « En 1989, il autorise la venue de Yasser Arafat en France, qui déclare que la charte de l’OLP appelant à la destruction d’Israël est « caduque » », écrit Pascal Boniface.

Puis, en 1995, Jacques Chirac succède à Mitterrand à l’Élysée. Une scène restera célèbre : son altercation avec des soldats israéliens l’empêchant de circuler librement à Jerusalem. « What do you want? Me to go back to my plane and go back to France? » (« Qu’est-ce que vous voulez ? Que je retourne dans mon avion pour rentrer en France ? », leur avait-il lancé. « La France était autrefois le pays occidental le plus populaire en Palestine », souligne ainsi le directeur de l’IRIS.

Pour approfondir/Source : « La France était autrefois le pays occidental le plus populaire en Palestine », La Croix, Pascal Boniface, 25/10/2023.

À partir de juillet 2005, la France entre dans une grande période de renoncement vis-à-vis de la Palestine

Et Chirac renonce. Après la guerre en Irak, Jacques Chirac veut réconcilier la France avec les États-Unis, allié indéfectible de l’État israélien. À partir de 2005, Chirac, doit affronter une « campagne aux États-Unis et en Israël sur l’antisémitisme en France qui expliquerait son activisme en faveur de la Palestine », raconte Pascal Boniface. Le chef de l’État cesse ses critiques vis-à-vis de l’État hébreu. En visite officielle en France en juillet 2005, le premier ministre israélien, Ariel Sharon, lui décerne un « brevet de lutte contre l’antisémitisme ».

Par la suite, Nicols Sarkozy ne prendra aucune initiative en faveur de la reconnaissance de l’État palestinien. François Hollande, s’il l’avait inscrite dans son programme, l’abandonnera dès l’été qui suivra son élection, devant son premier discours devant les ambassadeurs. Fait notable, le 2 décembre 2014, l’Assemblée vote à une large majorité une résolution invitant la France à reconnaître l’État de Palestine (339 contre 151 des voix).

« La solution des deux États, promue avec constance par la France et l’Union européenne, suppose la reconnaissance de l’État de Palestine aux côtés de celui d’Israël », peut-on lire dans la résolution. Le texte affirme aussi « l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit » avec l’établissement d’un État palestinien aux côtés d’Israël, « sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux États ». Problème, cette résolution n’avait aucune valeur contraignante. À aucun moment, durant le reste de son triste quinquennat, François Hollande ne s’en saisit.

À noter d’ailleurs que les arguments sont les mêmes contre ceux qui défendent la cause palestinienne depuis des années. Il se faut replonger dans les débats à l’époque. Meyer Habib, déjà député à l’époque, vocifère dans l’hémicycle. L’extrême droite estime que ceux qui défendent cette résolution « embrassent le Hamas, le terrorisme ». La droite, lâche à souhait, se cache derrière des arguments bas de plafond. « Je n’aime pas ces résolutions qui n’ont aucun impact, qui ne changent rien », explique Laurent Wauquiez, à l’époque député UMP (ex-LR).

Sources:l'Insoumission.fr  (Nadim Février).






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