Augmenter les salaires en baissant les cotisations : comment tuer les retraites à petit feu
C’est une des mesures phares du programme du Rassemblement national depuis la présidentielle 2022. Pour répondre à la crise du pouvoir d’achat, créée notamment par des salaires qui stagnent malgré l’inflation galopante depuis deux ans, le RN propose d’augmenter les salaires des français de 10%.
En augmentant le SMIC, ou en indexant les salaires sur l’inflation comme le proposent LFI et le Nouveau Front populaire ? Non. Les députés lepénistes ont voté contre ces propositions à l’Assemblée nationale, main dans la main avec la macronie.
Pourquoi cette mesure est une arnaque
Il s’agit là d’une arnaque bien connue. Les cotisations patronales, que le RN nomme « charges » sont en réalité du salaire différé, qui permettent de financer les quatre branches de la Sécu (vieillesse, maladie, famille, accidents de travail – maladies professionnelles)… En bref, des services publics, non marchands, qui contribuent à l’intérêt général. Sur les 436 milliards d’euros de recettes de la Sécurité sociale, 40% proviennent des cotisations patronales. Près de la moitié. Elles sont la principale source de financement du système, et furent pensées par Ambroise Croizat et les membres du Conseil National de la Résistance comme un moyen de socialiser la richesse produite. Le financement des pensions de retraites repose notamment sur cette fiscalité essentielle.
En permettant au patronat d’augmenter les salaires tout en se soustrayant au financement de ce système, le RN organise le déficit des caisses de retraite. L’Institut Montaigne, qui évalue les propositions des différents partis politiques, estime en effet le coût net de cette mesure pour les finances publiques à 12 milliards d’euros nets en 2029. 12 milliards d’euros en moins pour la Sécurité sociale donc.
Or, le Rassemblement national et ses portes paroles ne cessent ces derniers jours de préparer l’opinion à la cure d’austérité qu’ils imposeraient au pays s’ils parvenaient au pouvoir. Nous vous en parlions déjà dans différents articles. Jordan Bardella a récidivé ce jeudi, lors d’un débat organisé par le MEDEF, déclarant notamment qu’il « décalera pas l’âge de départ à la retraite », puisqu’il veut « d’abord avoir connaissance des marges budgétaires qui sont en ma possession ».
Pour aller plus loin : Bardella à Matignon ? Voyage au bout de l’enfer
Voilà l’arnaque prévue par Bardella et Le Pen : donner d’une main pour reprendre de l’autre, et se préparer à achever nos services publics les plus précieux par la suite.
Sources:l'insoumission.fr