A la marge,celle qui relie les pages

lundi 28 avril 2025

Les médias bourgeois en ordre de bataille pour nier l’islamophobie.

 Des médias de Bolloré aux journaux de Bernard Arnault, de BFM TV aux plateaux de Martin Bouygues, chaque jour est une occasion supplémentaire pour constater la partialité des médias dominants et leur acharnement contre la France insoumise.    

Indignations sélectives, censure, criminalisation des voix de la paix, choix partiaux des invités et sujets traités, désinformation, invectives constantes envers le mouvement insoumis… Telle est la réalité du journalisme de cour et d’éditorialistes d’extrême droite prêts à tout pour imposer leur agenda idéologique et conserver une place au chaud.

Meurtre islamophobe d’Aboubakar : les médias bourgeois en ordre de bataille pour nier la haine anti-musulmans en France

Ce vendredi 25 avril, dans la mosquée de La Grand-Combe (Gard), Aboubakar a été sauvagement tué de plusieurs dizaines de coups de couteaux. Un crime islamophobe filmé par son auteur ayant répété à deux reprises « Je l’ai fait (…), ton Allah de merde ». Jeune homme d’une vingtaine d’années et installé à La Grand-Combe depuis quelques années, Aboubakar était venu comme chaque semaine faire le ménage dans la mosquée avant la prière du vendredi, quand il a été sauvagement assassiné.

Deux semaines plus tôt, deux femmes ont été étranglées au sol à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), tabassées par trois personnes et traitées de « sales arabes ». Chaque jour, des agressions racistes se produisent dans le silence médiatique.

Pendant ce temps, au gouvernement et sur les plateaux des médias dominants, on en vient à nier l’existence même de l’islamophobie et d’une haine systémique des musulmans. Pire, de Bruno Retailleau à CNEWS, de BFMTV à Franceinfo, on l’alimente.

Ainsi sur BFMTV, depuis les premières heures de la publicisation de l’évènement, on jette toutes ses forces pour éviter de caractériser ce meurtre pour ce qu’il est : un crime islamophobe. Ainsi pour Dominique Rizet, le « consultant police-justice » de la chaîne, « ce n’est qu’un cas isolé » duquel aucune analyse politique globale n’est donc à tirer, un cas qu’il faudrait ignorer. À la place, sur la chaîne de Robert Saadé, on préfère fantasmer sans savoir de ce dont on parle sur la propagande gouvernementale au sujet des Frères musulmans.

Pour le service public, sur Franceinfo, l’évènement est classé dans la rubrique « faits-divers ».

Pire encore sur CNEWS, alors que l’on hurle à une prétendue récupération politique de l’événement pour mieux l’invisibiliser, on va jusqu’à nier tout à fait l’existence d’une haine anti-musulmans en France. Ainsi, deux jours après le meurtre islamophobe d’Aboubakar, la chroniqueuse régulière de CNEWS Véronique Jacquier nie l’islamophobie ambiante du pays :  « Si on est factuel, je ne connais pas une femme qui porte le voile en France, qui se fasse agresser parce que justement elle porte le voile. Donc on sait bien que notre pays n’est pas islamophobe. »

Meurtre atroce dans une sale de prière, mosquées incendiées la veille du ramadan, agressions verbales et physiques, discriminations à l’embauche ou au logement : tout cela est devenu si banal. Si banal que la droite et l’extrême droite préfèrent le nier dans un négationnisme pur et simple d’une réalité qui contrevient à leurs obsessions et à leurs fantasmes. 

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jeudi 24 avril 2025

Le gouvernement des juges, mythe et réalités.

Cinq ans de prison dont trois avec sursis, cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate : dans l’affaire dite des assistants du Front national (FN) au Parlement européen, le ministère public a pris des réquisitions strictes à l’égard de Mme Marine Le Pen. Elles ont suscité de vives réactions chez des responsables politiques ou des commentateurs qui, en canon, au gré des circonstances, rabâchent la ritournelle du « gouvernement des juges » (1). Certes on peut s’inquiéter d’éventuels abus d’une autorité publique sans attenter à la séparation des pouvoirs. Mais, en l’espèce, les véhémentes critiques contre le parquet visent moins la nature politique du procès ou l’insuffisance des garanties contre le risque de détournement de la procédure que le principe même d’une pénalisation de faits commis dans l’exercice des fonctions d’élu ; les tribunaux se substitueraient au peuple souverain, seul juge de la probité de ses mandataires.

On connaît la chanson. On comprend moins qu’elle ne suscite pas la réprobation générale. Le tour pris, une fois encore, par le débat amène à se poser cette question, plutôt que celle d’un éventuel coup de force judiciaire contre Mme Le Pen et le Rassemblement national (RN). Comment des responsables politiques peuvent-ils vouloir s’affranchir ainsi de toute responsabilité au titre de leurs illégalismes hors une hypothétique sanction électorale ? La norme constitutionnelle ne dispose-t-elle pas que la loi « doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse (2) » ?

Il y a là, de toute évidence, un passage en force. Ou plus exactement un mythe : car, en réalité, comme tous les mythes, la rhétorique du gouvernement des juges a vocation à rendre indiscutable une représentation du monde social. En l’occurrence, à présenter l’extension des pouvoirs des juridictions — la condamnation de responsables politiques ou la censure de leurs décisions — comme nécessairement abusive, pour légitimer sa contestation, c’est-à-dire la contestation de l’émancipation du pouvoir juridictionnel.

Au fondement du mythe ? Deux tendances historiques, réelles et interdépendantes, qui prévalent depuis la Libération en France, comme ailleurs. D’une part, la primauté de la loi se trouve remise en cause par le développement du contrôle de constitutionnalité — avec, dans l’Hexagone, l’instauration en 1974 de la saisine parlementaire du Conseil constitutionnel, puis en 2010 de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) — ainsi que par l’affirmation de la supériorité du droit européen et conventionnel sur la loi nationale, consacrée par la Cour de cassation dès 1975 et admise par le Conseil d’État depuis 1989 (3).

D’autre part, on doit constater un mouvement d’émancipation relative du pouvoir judiciaire par rapport au pouvoir exécutif. Inféodés au gouvernement depuis le Premier Empire, les juges recouvrent peu à peu leur indépendance à partir de la seconde moitié du XXe siècle (4). Les réformes engagées à la Libération pour renforcer les structures de l’État de droit aboutissent à l’adoption d’un statut plus protecteur des ingérences des autres pouvoirs. La création de l’École nationale de la magistrature (ENM) en 1958 et l’affirmation du syndicalisme judiciaire dans les années 1970 permettent la constitution d’un corps professionnel doté d’une conscience et d’une éthique spécifiques, voué à l’application indépendante de la loi (5). L’institution contemporaine d’un corps de magistrats des juridictions administratives permet à cette autre justice de prendre progressivement quelque distance avec l’administration dont elle juge les litiges. Enfin, la dynamique d’intégration de notre droit à l’ordre juridique européen confère aux juridictions un puissant levier d’émancipation progressive du pouvoir exécutif.

La rhétorique du gouvernement des juges constitue, précisément, une réaction à ce double mouvement. La formule apparaît pour la première fois en 1921, sous la plume du publiciste Édouard Lambert (6). L’auteur cherche alors à mettre en garde ses contemporains contre les risques de l’introduction en France du contrôle de constitutionnalité tel qu’il l’a vu pratiquer par la Cour suprême des États-Unis d’Amérique. Toutefois, c’est avant tout parce qu’il voit dans ce contrôle l’instrument d’un maintien des positions les plus conservatrices au sein de la société — et notamment d’une véritable obstruction à la mise en œuvre, à la fin du XIXe siècle, d’une législation plus protectrice des droits des travailleurs — que Lambert dénonce la limitation de l’action du législateur.

Émancipation des magistrats

Les subtilités de son analyse ne résistent pas à sa diffusion et moins encore à son appropriation par les classes dirigeantes. Très vite, la dénonciation du gouvernement des juges désigne, d’une façon générale, l’usurpation supposée de la volonté populaire. En 1945, le socialiste André Philip affirme ainsi que « la souveraineté appartient au peuple, non aux juges (7) ». En 1948, Charles de Gaulle lui fait écho : « En France, la meilleure Cour suprême, c’est le peuple (8). » Nul hasard si, dix ans plus tard, la Constitution de la Ve République rabaisse le pouvoir judiciaire au rang de simple « autorité » et attribue le pouvoir de contrôle de constitutionnalité non à une cour mais à un conseil, chargé de veiller à ce que le Parlement n’empiète pas sur les attributions du pouvoir exécutif (9). Alors que dans les années 1970 on dénonce de prétendus « juges rouges », au cours de la période récente c’est « la brutalité de l’autorité judiciaire à l’égard des responsables politiques » que pourfend, comme d’autres tenants du mythe, le polémiste Jean-Éric Schoettl dans La Démocratie au péril des prétoires (Gallimard, 2022).

En résumé, le mythe recode l’émancipation des magistrats — réelle — en entreprise — systématique, nécessaire — de remise en cause de la souveraineté populaire. En Turquie, en Israël, en Hongrie, en Pologne ou encore en Italie, cette dénonciation de la subversion judiciaire caractérise des gouvernements ou des mouvements politiques aux dispositions autoritaires. En France, la défiance envers le pouvoir juridictionnel trouve moins sa source dans l’amour de la loi que dans la vieille tradition bonapartiste sur laquelle se bâtit, pour partie, notre ordre juridique (10). On ne conçoit le juge, au mieux, que comme un auxiliaire du pouvoir exécutif et de sa puissante administration. Davantage que celle du citoyen, on défend la souveraineté d’une puissance publique libérée de toute entrave, notamment le respect des droits fondamentaux des personnes.

Ainsi la rhétorique du gouvernement des juges exprime-t-elle, d’abord et avant tout, une opposition réactionnaire à l’émancipation d’un pouvoir juridictionnel voué à la préservation des libertés. Pour s’en convaincre, il suffit de rentrer dans le détail des dangers que ferait courir le gouvernement des juges à la démocratie selon M. Schoettl. Impossible, déplore l’ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel dans son livre à charge, de « suspendre (…) ou plus simplement (…) mettre fin » à la participation de la France à la convention européenne des droits de l’homme ; de « placer en rétention administrative les radicalisés » ; de « déchoir les djihadistes de la nationalité française » ; de « plafonner les flux migratoires »…

Bien sûr, la prégnance de la tradition bonapartiste dans notre culture politique ne suffit pas à expliquer la vivacité contemporaine du mythe. Car, derrière la charge menée contre l’indépendance effective des juges, il y a une question essentielle, celle de la légitimité de leur intervention dans une société démocratique ; autrement dit, au-delà de la disqualification a priori du contrôle juridictionnel des gouvernants, une nécessaire réflexion sur les conditions et les modalités d’exercice du pouvoir des juges — en particulier, son contrôle par le peuple au nom duquel la justice est rendue. Or, alors même qu’elle prétend s’y atteler, la rhétorique du gouvernement des juges a pour effet — sinon pour objet — d’empêcher la formulation d’une réponse claire, et viable, à cette interrogation.

En portant sa charge contre l’entreprise historique de responsabilisation des classes dirigeantes devant la justice, elle conduit en outre à occulter des formes bien réelles, et très contemporaines, d’empiètement du pouvoir juridictionnel sur la souveraineté des citoyens. Des formes constituant un singulier gouvernement par le juge, c’est-à-dire l’utilisation de l’outil juridictionnel pour mettre en place des politiques publiques sans les soumettre préalablement à la délibération démocratique.

Promulguée en 1980 par le régime fasciste du général Augusto Pinochet, la Constitution chilienne charge la Cour suprême de veiller au respect de dispositions qui rendent quasi impossible la nationalisation de l’exploitation des ressources minières et énergétiques ou la mise en place de services publics dignes de ce nom, notamment en matière éducative (11). Plus près de nous, les traités communautaires laissent à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) le soin de veiller à leur application et, notamment, au respect de la liberté « fondamentale » de circulation des biens et des capitaux. À l’initiative du pouvoir politique, donc, les juges contribuent à une forme de verrouillage, à travers une jurisprudence qui rejette comme illégale toute proposition alternative en matière économique et sociale (12).

Ces dernières années, on a aussi observé la mise en œuvre de stratégies dites de lawfare contre des forces progressistes en Espagne, en Argentine, au Brésil ou encore au Pérou, soit l’instrumentalisation à des fins coercitives de l’appareil juridictionnel, comme outil de répression ou de vengeance politique (13). Mais, au-delà de ces coups de force, de la connivence sociale et professionnelle à l’intimidation plus ou moins explicite, nombreux restent les vecteurs d’influence du pouvoir exécutif sur le cours de la justice : ils lui permettent d’exercer une autre forme de gouvernement par le juge ; indirecte et insidieuse, elle n’en produit pas moins d’effets, favorisant le prononcé de décisions favorables à ses orientations au détriment des garanties des justiciables, qu’il s’agisse de la validation d’une loi répressive par le Conseil constitutionnel, de la dissolution d’une association par le juge administratif, ou encore de la condamnation de supposés émeutiers par le juge pénal.

À l’institution d’une autre justice, vouée à la protection des droits et libertés de tous les citoyens, l’émancipation pleine et entière du pouvoir juridictionnel reste donc la condition nécessaire. Qui en rien ne fait obstacle à la souveraineté populaire.

Vincent Sizaire

Magistrat, maître de conférences associé à l’université Paris Nanterre, auteur de Gouverner les juges. Pour un pouvoir judiciaire pleinement démocratique, La Dispute, Paris, 2024.

Sources:Le Monde Diplomatique Décembre 2024 page 3.

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mercredi 23 avril 2025

Marseille : licenciés pour avoir nourri des sans-abris, quatre salariés ripostent

 Licenciés pour solidarité. À Marseille, l’entreprise SSP, prestataire des enseignes Starbucks et Prêt à Manger à l’aéroport de Marseille-Provence, jette des travailleurs comme des invendus. Quatre employés ont été mis à la porte pour avoir nourri des sans-abris. Un rassemblement est prévu ce vendredi 25 avril, à 11h30, dans l’aéroport de Marseille-Provence pour exiger leur réintégration. 

Licencié après 30 ans de travail pour un simple acte d’humanité

À l’aéroport Marseille-Provence, quatre employés de Starbucks et Prêt à Manger viennent d’être licenciés pour « faute grave » par la multinationale SSP. La faute en question ? Avoir distribué des invendus alimentaires à des sans-abris et personnels précaires plutôt que de les jeter. « Perdre son job pour une bonne action, on ne comprend pas », témoigne Sabri, 30 ans de maison.

Pourtant, la loi anti-gaspillage de 2020 oblige justement ces enseignes à donner leurs invendus. Une contradiction que dénonce la CGT, prête à aller aux prud’hommes : « On reproche aux salariés d’avoir appliqué la loi mieux que leur employeur ! » SSP se défend en évoquant des « procédures d’hygiène », alors qu’aucune intoxication n’a été signalée.

Un rassemblement est prévu ce vendredi pour exiger leur réintégration. Cette affaire révèle une fois de plus la vraie nature du capitalisme : des tonnes de nourriture jetées chaque jour tandis que des êtres humains meurent de faim à quelques mètres des poubelles pleines. 



Sources:linsoumission.fr
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mardi 22 avril 2025

Mélenchon et la délégation insoumise à Montréal, un déplacement historique

 Jean-Luc Mélenchon était en déplacement à Montréal depuis dimanche 13 avril aux côtés d’une délégation insoumise composée de Marina Mesure, présidente de la délégation insoumise au Parlement européen, Arash Saeidi, vice-président de la délégation pour les relations avec le Canada du Parlement européen, Aurélien Taché, député insoumis du Val d’Oise, rapporteur Francophonie et membre de la commission interparlementaire franco-québécoise.

Enchaînant médias locaux, conférences et meetings, la tournée insoumise a été très remarquée. Le fondateur de LFI a fait salle pleine pour sa conférence à l’Université McGill et son meeting aux côtés de Ruba Ghazal, députée et membre fondatrice de Québec solidaire. Devant une foule attentive trouvant dans LFI une source d’inspiration pour construire une solide gauche de rupture, le co-président de l’Institut La Boétie a profité de cette occasion pour adresser un puissant message à Donald Trump. « Non, c’est non ! » a t-il déclaré au locataire de la maison blanche pour se porter solidaire des Canadiens et des Québecois face aux menaces d’annexion. Un discours historique relayé à l’international.

Cette première semaine en Amérique du Nord a été couronné de succès pour Jean-Luc Mélenchon et la délégation insoumise. Invité des médias canadiens, l’homme d’État a pu exprimer son soutien « affectif et effectif » aux Canadiens et aux Québecois, tout en dénonçant le silence des dirigeants européens, dont Emmanuel Macron, face aux menaces du locataire de la maison blanche. Devant un public enthousiaste, celui qui a réuni 7 millions d’électeurs en 2022 a prolongé ses analyses sur le monde, les grands enjeux contemporains, la gauche et les chocs engagés par l’ère Trump. « Il n’est pas fou, il a un projet » a t-il analysé en détaillant les ressorts de la crise des États-Unis, et leur plan ciblant la Chine et recourant à la guerre pour tenter d’assurer la poursuite de leur domination sur le monde. 

« Non, c’est non ! » – Jean-Luc Mélenchon a envoyé un puissant message à Donald Trump

Le déplacement de la délégation insoumise en Amérique du Nord intervient dans un contexte bien particulier. Donald Trump a sonné un retour aux sources des États-Unis, pays fondé sur le racisme, la violence, avec près de 225 années de guerre sur 249 années d’existence. Sous Trump, la vision mercantile et militaire des États-Unis franchit un nouveau seuil pour répondre à leur crise de domination. Le locataire de la maison blanche a menacé le Canada, le Québec mais aussi le Groenland et Panama de multiples menaces d’annexion. En meeting aux côtés de Québec Solidaires, le leader de la France insoumise a sauvé l’honneur de la France, et de l’Europe, en adressant un message puissant à Donald Trump : « Nous, Français, soutenons le Canada et le Québec », martelant le « Non ! », en anglais comme en français, face à l’impérialisme américain et sa logique de prédation. Un discours historique. A l’extérieur comme à l’intérieur de la salle, les réactions sont unanimes. Jean-Luc Mélenchon convainc et inspire.

Pour aller plus loin : « Nous, Français, soutenons le Canada et le Québec ! » – Le message de Jean-Luc Mélenchon à Donald Trump

« Mélenchon est une source d’inspiration. LFI est la vraie gauche de rupture avec une stratégie gagnante ! »

En direct des évènements de Jean-Luc Mélenchon, les journalistes de l’Insoumission.fr ont pu constater l’intérêt de la stratégie insoumise en Amérique du Nord. A la sortie du meeting de mercredi soir, Hugo, Eliot et Félicie n’ont pas tari d’éloges : « Écouter Mélenchon à Montréal nous redonne confiance dans l’avenir. Les idées de La France insoumise nous donnent de l’espoir pour construire ici une gauche de rupture. » ont-ils déclaré en annonçant être regonflé à bloc pour tenter, à Montréal, de reproduire ce que LFI a réussi en France : « Il faut que la jeunesse montréalaise se politise avec une structure vraiment solide et qu’elle puisse croire en cette structure. » 


Le constat est partagé pour Antoine après avoir assisté à la conférence de Jean-Luc Mélenchon au sein de l’université Mc Gill : « Jean-Luc Mélenchon se bat pour les gens, jusque dans des médias qui lui sont hostiles. Ici à Montréal, nous venons l’écouter pour nous en inspirer. », insistant sur le repère que constitue le programme insoumis au delà des frontières françaises : « Le programme insoumis montre comment on peut rompre avec le système malade. À Montréal, on vient écouter Jean-Luc Mélenchon pour s’en inspirer. ». Tout le programme, rien que le programme, une formule qui s’exporte.                                                                                                                                                                    









 Pour Nafissa, étudiante à Montréal qui suit Jean-Luc Mélenchon « depuis toute petite », la devenue de la délégation insoumise était l’occasion rêvée « de voir enfin en chair et en os » le fondateur de la France insoumise. Un moyen aussi de s’intéresser, là aussi, au programme de LFI qui « montre comment on peut rompre avec le système malade afin de proposer une vraie alternative, loin »






« Trump n’est pas fou, il a un projet » 

Dans une semaine chargée enchaînant médias, conférences, et meetings, Jean-Luc Mélenchon a prolongé son analyse des ondes longues de l’Histoire des États-Unis, et de sa crise de domination, qu’il avait livré aux lecteurs de l’Insoumission.fr quelques jours avant son déplacement. Loin d’être le profil-camisole décrit par les commentateurs du dimanche, « Trump n’est pas fou » a rappelé Jean-Luc Mélenchon. Sa vision du monde est mercantile, fasciste et construite autour de prédations pures et simples. Les exemples ne manquent pas. De sa menace de transformer la bande de Gaza en « côte d’Azur » jusqu’aux menaces d’annexion sur le Canada, le Groenland et sur le canal de Panama.

Trump cherche à « maintenir la domination des États-Unis, aujourd’hui menacée » a déclaré Jean-Luc Mélenchon en décrivant les ressorts du « capitalisme tributaire » installée par le locataire de la maison blanche pour prolonger cette domination. Hausse de 1000 milliards du budget de la défense pour préparer sa guerre contre la Chine, surveillance des grands points de transit maritime, menaces sur les territoires où se trouvent les matériaux rares pour que les États-Unis assurent un « avantage comparatif sur le numérique », autant de procédés auxquels recourt Donald Trump pour tenter de perpétuer la domination politique et militaire des Etats-Unis sur le monde.

Entre deux analyses, les dirigeants européens en ont pris pour leur grade. Dans ses discours, Jean-Luc Mélenchon n’a pas manqué de rappeler l’inaction du Premier ministre britannique, du Président français, et de la Présidente de la commission européenne face aux menaces d’annexion de Trump. Un silence radio, qui n’est rien d’autre qu’une forme de lâcheté et de suivisme atlantisme, très remarqué par les canadiens et les québecois qui ont apprécié l’autre voix de la France portée par Jean-Luc Mélenchon.

Le leader insoumis a aussi expliqué la perte de temps par la discussion de préparatifs de guerre alors que « la catastrophique écologique menace la survie de la civilisation humaine. ». En crise, le capitalisme compte sur l’économie de guerre comme nouvelle pompe à finance en direction du capital. Il a rappelé les positions de la France insoumise pour répondre à Trump dont les annonces de droits de douanes ont sonné le glas de 40 ans de néolibéralisme imposé comme parole d’évangile. Mais quelle réponse y apporter ? Pour les insoumis, la réponse réside dans le « protectionnisme solidaire », c’est à dire l’installation de discussion au cas par cas et pays par pays pour gouverner les échanges. Un moyen de ne pas tomber « dans le piège tendu par Trump » par la guerre commerciale enclenchée.

L’anticapitalisme comme boussole

Alors que faire face à Trump ? Suite à la défaite de Kamala Harris et l’élection de Donald Trump, le vote populaire a été perdu aux USA. En cause, « l’abandon de la gauche traditionnelle du monde du travail » a précisé le leader insoumis, citant les nombreux cas où lorsque la gauche gouverne avec la droite, elle conduit mécaniquement à la progression de l’extrême droite. Comme en Allemagne. Et bientôt comme en France au regard des derniers mouvements du Parti socialiste qui se prépare à la même configuration.

Face à ces grandes coalitions qui résignent le peuple, la seule réponse viable et logique est celle de l’anticapitalisme et de « l’intransigeance ». « Être de gauche c’est être anticapitaliste » a rappelé Jean-Luc Mélenchon devant une foule nombreuse et attentive lors de sa conférence à Montréal aux côtés de Ruba Ghazal, députée et membre fondatrice de Québec solidaire.

Le programme insoumis, une source d’inspiration mondiale

Scrutée, la stratégie gagnante des insoumis est devenu une source d’inspiration pour une gauche qui, en Amérique du Nord, a tout à reconstruire. Et pour cause, le refus de céder aux compromis, le principe du respect de la parole donnée et le fait de tenir bon sur un programme de rupture a permis à Jean-Luc Mélenchon de recueillir près de 7 millions de voix, soit 22 % des suffrages, aux élections de 2022. Une stratégie efficace qui a renvoyé dans les cordes l’extrême droite et le macronisme aux élections législative de juin 2024. Ces éléments connus du public canadien et québecois expliquent une telle affluence aux meetings et conférences du leader insoumis dont l’ouvrage « Faites mieux » vient d’être traduit et publiée en anglais sous le titre de « Now the people! »

Pour aller plus loin : « Now the people! » – Le livre de Jean-Luc Mélenchon est maintenant disponible en anglais

Le succès de cette première partie de la tournée de Jean-Luc Mélenchon s’explique aussi par la demande grandissante, partout à travers le monde, de découvrir des clés de compréhension du monde à travers les écrits de la gauche radicale et des théories marxistes. Ce qui explique la traduction en japonais de « L’Avenir en commun » et l’incrustation durable sur la scène internationale des écrits insoumis.

Face à l’extrême droite qui s’organise sur cette même scène, le mouvement insoumis est au travail pour fortifier une forme d’internationale progressiste. Le jour même du départ de Jean-Luc Mélenchon à Montréal, Clémence Guetté, vice présidente insoumise de l’Assemblée nationale se déplaçait à Madrid à la 5ème Assemblée de Podemos avant de partir pour Berlin à la rencontre des insoumis locaux. Autant de déplacements qui marquent la volonté, pour les insoumis, d’effectuer un travail commun de structuration de partis et de mouvements partageant la même orientation anticapitaliste, et la même volonté de construire un autre monde. C’est autour de cette idée que Jean-Luc Mélenchon a proposé la création, entre autres, d’une « francophonie des causes communes ». Une forme de partenariat sur des campagnes communes autour de causes communes, à l’instar de la paix mais aussi de la protection des biens communs de l’Humanité.

Jean-Luc Mélenchon et la délégation insoumise à New York

Ce samedi, Jean-Luc Mélenchon et la délégation insoumise ont amorcé la deuxième partie de leur déplacement en se rendant à New York. Une nouvelle démonstration de la stature internationale du mouvement insoumis et de son programme de rupture. En France jusque dans le pays de l’Oncle Sam, l’Insoumission parle au monde.

Sources:linsoumission         (Sylvain Noel, rédacteur en chef)















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lundi 21 avril 2025

Influenceurs réacs, millions d’euros, liens avec Marine Le Pen : Pierre-Édouard Stérin, le parrain invisible d’une extrême droite en croisade

  À l’ombre des projecteurs, le milliardaire Pierre-Édouard Stérin construit patiemment une machine de guerre au service de l’extrême droite. Exilé fiscal en Belgique, ultra-catholique revendiqué, il finance des influenceurs, des écoles hors contrat, des médias réactionnaires et forme les futurs élus d’un gouvernement d’extrême-droite. Objectif : installer durablement une idéologie conservatrice et inégalitaire à la tête de l’État. Enquête sur un homme qui veut prendre le pouvoir… sans jamais se présenter aux élections.​

Une croisade ultra-conservatrice bien financée

Pierre-Édouard Stérin, fondateur de Smartbox, ne cache pas sa volonté de changer la société. Mais son « changement » est à sens unique : celui d’un retour aux années 1950. Avec sa fortune estimée à plus d’un milliard d’euros, il a lancé en 2021 le Fonds du Bien Commun, une fondation à l’apparence philanthropique, mais dont les financements servent principalement à soutenir des projets conservateurs : écoles hors contrat aux programmes catholiques, formation de journalistes réactionnaires, et campagnes hostiles aux droits des femmes et des personnes LGBTQ+.​

Au cœur de cette stratégie : le réseau Acutis, un groupe d’influenceurs catholiques réactionnaires sponsorisés pour évangéliser TikTok, YouTube et Instagram. Le ton est moderne, le fond beaucoup moins : on y défend la soumission de la femme, la répression morale, et un rejet systématique des valeurs progressistes. L’un des visages phares du réseau, le frère Paul-Adrien d’Hardemare (voir l’enquête de StreetPress), a cofondé Acutis en 2022 avant de s’en retirer en mars 2025, dénonçant des dérives dans la gestion du réseau. Parmi les autres influenceurs soutenus figurent Yentl CG, Zeytooun, Lecathodeservice, Leana Daily, Amen Media, Mon expérience de Dieu, et le père Simon de Violet, animateur de la chaîne Catholand.

Pour aller plus loin : Copinage entre l’extrême droite et les riches : le projet « Périclès » de Pierre-Édouard Stérin met en danger la démocratie

Périclès : 150 millions d’euros pour préparer la prise de pouvoir

Mais la stratégie ne se limite pas à influencer la jeunesse. Avec le projet Périclès, Stérin entend désormais préparer l’arrivée au pouvoir d’une extrême droite formatée et professionnalisée. Ce programme, doté de 150 millions d’euros sur dix ans, se donne pour mission de former une élite conservatrice à tous les niveaux : élus municipaux, cadres administratifs, experts, communicants, juristes.​

L’ambition est claire : occuper les mairies dès 2026, pour installer un réseau d’élus conservateurs sur tout le territoire. Périclès ne cache pas sa volonté d’imposer une nouvelle génération de responsables politiques formés « en rupture » avec l’héritage de 1968. Les stages proposés à ses futurs cadres mêlent apprentissage technique, endoctrinement idéologique et storytelling nationaliste. Le tout, dans une logique d’« accélération culturelle » inspirée des milieux néo-conservateurs américains.​

Cette logique s’appuie sur un constat froid : une partie des institutions peut être conquise sans majorité dans les urnes, mais par le biais d’un quadrillage territorial, de l’ingénierie électorale, et d’un accompagnement professionnel de candidats soigneusement choisis. Une méthode qui emprunte davantage à la stratégie que Stérin a pratiquée dans le monde des affaires qu’au débat démocratique.​

L’extrême droite institutionnelle dans la boucle

Si Stérin se défend de tout lien partisan, les faits parlent d’eux-mêmes. Son bras droit, François Durvye, est désormais conseiller économique de Marine Le Pen. Il a participé à la rédaction du programme du Rassemblement National pour les élections législatives de 2024. Et de nombreux cadres passés par la galaxie Périclès se retrouvent aujourd’hui dans les campagnes municipales du RN ou de la droite radicalisée.​

Pour aller plus loin : Marine Le Pen, son « clan des versaillais » et la grande bourgeoisie qui lui ouvre ses portes

L’objectif est limpide : construire une union des droites sous pilotage idéologique, appuyée sur des moyens financiers que les partis classiques n’ont plus. Le terrain municipal est vu comme une rampe de lancement : implantation locale, discours sur la « sécurité », récupération des classes moyennes rurales, instrumentalisation de la religion. À la clef, un pouvoir institutionnalisé, prétendument propre, mais enraciné dans une vision autoritaire de la société.​

Une offensive contre la démocratie

Pierre-Édouard Stérin ne se contente pas de former des troupes. Il cherche aussi à contrôler le récit. En 2023, il tente de racheter le journal Marianne, suscitant une vague d’indignation dans la rédaction. Son objectif n’était pas commercial : il s’agissait de s’assurer un levier d’influence médiatique pour diffuser les idées de l’extrême droite sous des formes plus présentables. Une stratégie bien connue : celle du cheval de Troie.​

Au-delà des médias, il vise aussi à discréditer les contre-pouvoirs traditionnels : syndicats, associations, presse indépendante. Sa galaxie oppose systématiquement « la France d’en haut » à un « peuple enraciné » fantasmé, tout en étant financée par une fortune installée… en Belgique. Car oui, Stérin ne paie pas ses impôts en France. L’homme qui clame défendre les « vraies valeurs » est un exilé fiscal qui finance des campagnes contre l’impôt depuis Bruxelles. Le « bien commun » selon lui commence par la défiscalisation personnelle, et finit par l’ingérence politique d’une élite économique dans les institutions de la République.

Cette contradiction est centrale : derrière la rhétorique du « bon sens », c’est une vision oligarchique du pouvoir qui s’impose. Celle d’une minorité fortunée qui dicte au peuple ce qui est bon pour lui, tout en échappant à la solidarité nationale.

Face à la menace de l’extrême droite, la riposte : des manifestations prévues partout en France le 1er mai

La situation peut paraître triviale mais elle est grave : une extrême-droite moderne, riche et déterminée se structure à grande vitesse avec en toile de fond, un gouvernement Bayrou-Retailleau complice de ses idées. Périclès n’est pas un simple think tank : c’est une machine de guerre idéologique, un projet de société vertical, autoritaire et réactionnaire.

Face à cela, il convient de riposter sans attendre. Il faut alerter, dévoiler, documenter, mais aussi contre-attaquer. Le combat contre l’extrême-droite se joue sur tous les fronts : à l’école, dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les urnes. Ce n’est pas seulement une question électorale : c’est une bataille culturelle, sociale et morale. Un enjeu de société total.

Sources:linsoumission.fr (Kaïs)






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vendredi 18 avril 2025

Financement du ferroviaire : les trains de la colère entrent en gare

 Depuis Toulouse et Clermont-Ferrand, les « trains de la colère » ont convergé vers Paris. À leur bord, des usagers, des élus, des cheminots. Ils dénoncent la dégradation de leurs lignes, la lenteur des investissements promis, et plus largement, le choix politique d’affaiblir le service public ferroviaire. En gare d’Austerlitz, la colère s’est exprimée en actes : pancartes, prises de parole, et une même exigence partagée. Redonner au rail sa vocation : relier, desservir, connecter.

Une initiative saluée par Bérenger Cernon, conducteur de train devenu député LFI : « Plutôt que de dépenser des dizaines de millions d’euros dans des appels d’offres, renforçons le service public et la cohérence de nos territoires ! » a t-il déclaré au micro de l’Insoumission. Notre article.

Quand la colère monte à Paris

Mercredi 16 avril, deux trains spéciaux ont quitté Toulouse et Clermont-Ferrand à l’aube. À bord, plusieurs centaines d’usagers, d’élus locaux, de cheminots, de membres de collectifs citoyens et d’associations d’usagers. Tous unis par une même exaspération, une même volonté de ne plus laisser leurs lignes s’effondrer en silence. Sous la bannière des « trains de la colère », ils ont roulé vers Paris, comme pour remonter un message à la capitale.

À leur arrivée en gare d’Austerlitz, pancartes brandies, slogans scandés, prises de parole en série : le quai s’est transformé en agora populaire. On y parlait retards chroniques, suppressions de trains, désertification des dessertes et fatigue accumulée.

La mobilisation était coordonnée par les collectifs Urgence Ligne POLT et la FNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports), avec le soutien actif de la CGT-Cheminots, de Sud Rail, et d’une délégation d’élus venus de toute la diagonale du vide ferroviaire. Également présent, le député Antoine Léaument, qui a déclaré sur les réseaux sociaux : « Présent en gare pour soutenir la mobilisation pour les lignes Clermont-Nevers-Paris et Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Pour la banlieue comme pour les zones rurales, nous voulons des transports de qualité. Ras-le-bol des sous-investissements. Vive le service public du rail. »

Chronique d’un démaillage territorial

La ligne Clermont-Ferrand-Paris illustre parfaitement la dérive actuelle. En 2008, le trajet durait 2 h 58. En 2024, il atteint en moyenne 3 h 14. Seize minutes de plus, sur fond de retards systématiques, pannes récurrentes, conditions de voyage dégradées et matériel roulant en fin de vie. La plupart des rames circulant encore sur cette ligne ont plus de quarante ans. Des locomotives diesel datant des années 1980 y sont encore utilisées, posant des problèmes de fiabilité. Le renouvellement promis tarde à venir, et les nouvelles rames, attendues depuis 2019, se font toujours attendre.

Sur la ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse), la situation est similaire. 2,6 millions de voyageurs y transitent chaque année, mais les travaux de modernisation accumulent les retards. Selon les collectifs, il manquerait entre 2,5 et 3 milliards d’euros pour que la ligne soit pleinement réhabilitée.

Malgré l’urgence, le ministre des Transports Philippe Tabarot a annoncé lors d’un déplacement dans le Puy-de-Dôme la commande de seulement deux rames supplémentaires pour la ligne Clermont-Paris. Une annonce faite après des années d’attente et de reports, alors même que les rames promises en 2019 ne sont toujours pas livrées. Ce geste, jugé largement insuffisant par les usagers et élus locaux, a été perçu comme un signal faible face à l’ampleur des besoins exprimés depuis des mois.

Dans les coulisses, un choix politique

La situation actuelle n’est pas une fatalité. Elle est le résultat d’un choix : celui de désengager l’État du financement du rail. Depuis la réforme de 2018, SNCF Réseau est liée à un contrat de performance qui limite ses capacités d’investissement. En 2025, 6 milliards d’euros d’investissements sont annoncés, dont 3,3 pour la régénération du réseau. Mais selon SNCF Réseau elle-même, il en faudrait 4,5 milliards par an jusqu’en 2028 pour simplement stabiliser l’état du réseau existant.

Certaines lignes, comme Nevers-Paris, n’ont pas vu le moindre euro d’investissement public depuis 25 ans. Les dessertes diminuent, les retards explosent, les infrastructures vieillissent. Pendant ce temps, le ministère tente de calmer la grogne à coups de billets à 19 euros. Une réponse cosmétique à un problème structurel.

Les déserts ferroviaires

Cette politique produit une fracture territoriale de plus en plus visible. D’un côté, des métropoles bien desservies par les LGV. De l’autre, 10 millions de Français vivant dans des « déserts ferroviaires ». Cette fracture n’est pas nouvelle : elle est le fruit de quarante ans de politique du tout-TGV, concentrée sur les axes les plus rentables, en laissant à l’écart les lignes structurantes hors métropoles.

Aujourd’hui, cette logique est relancée avec force. En témoigne le projet de LGV Sud-Ouest, soutenu par le gouvernement, qui prévoit un financement public massif pour connecter Bordeaux à Toulouse et Dax. Pendant ce temps, les lignes Intercités existantes continuent de se dégrader. Cette orientation budgétaire est d’autant plus préoccupante que l’ouverture à la concurrence pousse à concentrer les investissements sur les lignes à fort potentiel commercial. Les autres sont menacées d’asphyxie.

Dans ces territoires, l’absence de train n’est pas un simple retard : c’est une condamnation à l’immobilité, ou à la dépendance automobile. Là où l’on parle de « mobilité durable », les habitants attendent encore que le service public suive.

Les revendications portées par la mobilisation

Au-delà des discours et des témoignages, la mobilisation du 16 avril a été l’occasion d’énoncer ce que les usagers attendent.

Un plan massif de réinvestissement est exigé pour les lignes Intercités. Ces lignes doivent redevenir prioritaires, car elles structurent des territoires aujourd’hui relégués et car exclus de toute logique de rentabilité.

Les représentants ont aussi pointé le coût excessif des péages ferroviaires, qui pèse directement sur le prix des billets. Leur baisse est nécessaire pour garantir un accès équitable au train.

Autre exigence : un moratoire immédiat sur la fermeture des petites lignes, pour mettre fin à l’effacement du maillage ferroviaire. Enfin, les usagers ont plaidé pour un abonnement mensuel plafonné, accessible à toutes celles et ceux qui prennent le train quotidiennement, souvent faute d’alternative.

Ces revendications traduisent une exigence de justice territoriale et d’égalité d’accès au service public. Ces propositions rejoignent celles proposées par les insoumis.

La conférence « Ambition France Transports » dans le viseur

La mobilisation du 16 avril a mis la pression. Et le calendrier politique oblige : la conférence « Ambition France Transports » sur le financement des infrastructures, qui débutera le 5 mai à Marseille, sera un test. Le ministre Philippe Tabarot a annoncé, dans une interview à La Tribune, rechercher 3,5 milliards d’euros pour l’ensemble des infrastructures de transport – ferroviaire et routier. Un chiffre largement insuffisant pour le député cheminot Bérenger Cernon, qui rappelle qu’il faut « minimum 4,5 milliards par an rien que pour l’entretien du réseau ferroviaire existant ».

Et avec du recul, la macronie à la rescousse, on n’y croit plus. Difficile d’oublier qu’en février 2023, la Première ministre Élisabeth Borne promettait 100 milliards d’euros pour le ferroviaire sur 15 ans. Promesse depuis lors tombée dans l’oubli.

Les collectifs, eux, annoncent que la mobilisation continuera tant qu’aucun engagement structurel n’aura été pris. Les trains de la colère ne sont pas un baroud d’honneur : ils marquent une étape vers une reconquête du service public ferroviaire.

Cette révolution du rail, la France insoumise la défend. Elle propose un plan d’investissement massif dans le réseau ferré national, à hauteur de 150 milliards d’euros sur 20 ans, pour moderniser les lignes existantes, rouvrir les petites lignes abandonnées, et développer une offre de trains du quotidien accessible à tous. Elle plaide pour la sortie du ferroviaire de la logique de rentabilité, le retour à un monopole public et intégré, et l’abrogation du pacte ferroviaire de 2018. Pour que le train ne soit plus un privilège mais un droit. 

Sources: linsoumission.fr

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mercredi 16 avril 2025

Bardella a avoué : le RN va s’aligner sur la retraite à 64 ans de Macron

 Bardella. Une énième preuve de l’arnaque du RN a été rendue public hier. Jordan Bardella a annoncé renoncer au retour à l’âge légal de départ à la retraite à 62 ou 60 ans. De facto, cela revient à un alignement sur la retraite de 64 ans, défendue et passée en force par Emmanuel Macron. Un tel renoncement devrait faire la une des médias en continu de ce pays, non ? Ce mercredi 16 avril 2025, il fallait avoir dans ses mains le dernier numéro du Canard enchaîné pour en être informé.

Dans ses colonnes, l’hebdomadaire relate les confidences de Jordan Bardella, faites à un certain… Pierre Gattaz, ancien président du Medef. « On va devoir bouger sur les retraites et renoncer au retour à l’âge légal à 60 ou 62 ans », lui a déclaré le président du RN. Néanmoins, est-ce une surprise ? Pas vraiment, étant donné que le même Jordan Bardella, plaidait pour une retraite à 66 ans lors des législatives de 2024. « Qui peut encore faire confiance à ces gens ? Le RN est l’ennemi du peuple, de ses intérêts et de son unité », tance la députée LFI Clémence Guetté. Notre brève.

« On va renoncer au retour à l’âge légal à 60 ou 62 ans » : les confessions de Jordan Bardella au MEDEF sur la retraite

En assistant au « Grand Forum des libertés » pour « libérer le travail », organisé par Éric Ciotti et son parti, une information tomba entre les mains du Canard enchaîné. Sûrement Jordan Bardella aurait préféré qu’elle reste au stade des confidences : le parti lepéniste va renoncer au retour à l’âge légal à 60 ans ou 62 ans. Un murmure glissé à l’oreille de l’ancien chef du MEDEF, Pierre Gattaz. L’information n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, le patronat tirant à boulets rouges sur toute remise en cause de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron et regardant désormais le RN avec bien plus de tendresse.

Est-ce une surprise ? Pas vraiment. À l’approche des élections législatives, à mesure qu’il se rapprochait du pouvoir, le RN balança par-dessus bord le vernis social de son programme. Il se mit à plaider pour la retraite jusqu’à 66 ans ou encore pour l’abandon de la réduction de la TVA sur les produits de nécessité. À l’Assemblée nationale, le RN a même présenté une fausse proposition d’abrogation de la réforme des retraites. Nous vous le racontions dans nos colonnes en novembre 2024.

Pour aller plus loin : Marine Le Pen, son « clan des versaillais » et la grande bourgeoisie qui lui ouvre ses portes

Bref, tout pour rassurer les grands partons et la bourgeoisie française qui, dorénavant, lui ouvre ses portes. À noter que Jordan Bardella avance désormais comme candidat putatif du RN lors de la prochaine élection présidentielle. Si, au sein du parti d’extrême droite, il est trop tôt pour se faire à l’idée, la décision a été prise. Si la cour d’appel ne revient pas sur l’inéligibilité de Marine Le Pen, dans le cadre de sa condamnation pour détournement de fonds publics, cette dernière n’attendrait pas le verdict de la Cour de cassation. Elle passerait alors le relais à Jordan Bardella : un congrès serait organisé lors de la rentrée politique de 2024 pour acter la candidature de Bardella.

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Sources:linsoumission.fr







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mardi 15 avril 2025

Budget : Bayrou veut faire les poches des Français, les grandes entreprises reçoivent 200 milliards d’euros par an

 

40 à 50 milliards d’euros. Ce sont les « efforts » (c’est-à-dire les coupes budgétaires) que le gouvernement Bayrou exige aux Français en vue du prochain budget. Une austérité telle, que le Gouvernement s’est dit qu’il fallait « préparer » les Français en avance. De grands seigneurs ! Après 8 ans de macronisme, ses derniers défenseurs ne comptent décidemment pas changer de politique économique. Et pourtant, ils sont responsables du chaos. Pas de ré-industrialisation enclenchée, hausse du chômage de retour, baisse globale des salaires moyens, explosion des déficits, plus de 3 000 milliards de dettes pour l’État… Les voyants économiques sont au rouge, mais pas de quoi faire changer leur fusil de braquet.

Pour rassurer les Français, le gouvernement le jure, croix de bois, croix de fer : pas de hausse d’impôts. Conclusion : les plus riches, qu’Emmanuel Macron a couvert de 60 milliards d’euros de cadeaux par an depuis 2017, ne seront pas taxés. Pourtant, les 0,001% les plus riches sont taxés à seulement… 2 % de leur fortune. « Il suffit d’un impôt de 2 % sur le patrimoine des 1 800 ultra-riches du pays pour dégager 14 milliards d’euros pour le budget ! », comme l’a rappelé la députée LFI Aurélie Trouvé.

Au-delà d’une obsession à protéger les intérêts des plus riches, les macronistes font l’inverse de ce qu’il faudrait faire, à l’heure où l’économie mondiale est chamboulée par la guerre commerciale lancée par Donald Trump. « Dans les périodes récessives notamment, lorsque vous baissez vos dépenses publiques, vous aggravez la récession de votre économie », soulignait hier le député LFI Éric Coquerel.

Dès lors, que faire ? Où trouver l’argent ? Saviez-vous que 200 milliards d’euros d’aides publiques sont versées chaque année aux grandes entreprises privées sans aucune contrepartie ? Il s’agit du premier budget de l’État : plus de 30 % de son budget total, et quatre fois plus que le budget de l’Éducation nationale. Subventions directes, niches fiscales et sociales en tout genre ou encore aides régionales et européennes, ces 200 milliards prennent de diverses formes. Qu’attend-on pour s’en saisir ? 

Budget : d’où viennent ces 200 milliards ?

Le gâteau des aides aux entreprises a considérablement grossi ces dernières années : l’État accorde 3 fois plus d’aides au secteur privé qu’en 1999. Et ce gâteau se découpe en plusieurs parts. Le magazine Frustration fournit un graphique de la répartition de ces aides. C’est environ 20% de subventions directes de l’État ou des collectivités, 40% d’exonérations de cotisations sociales, et 40% de niches fiscales et baisses d’impôts.


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Sources: frustration magazine

Ces milliards d’aides ne tombent pas du ciel. Ils résultent très nettement des politiques des gouvernements libéraux depuis les années 2000. En particulier, des politiques d’Emmanuel Macron depuis 2017 et même avant, à la tête de l’Économie de François Hollande. Avant lui, les politiques de réduction des cotisations patronales des entreprises ont pavé le chemin sous Nicolas Sarkozy. Ensuite, le grand bond en arrière : la mise en place du Crédit d’Impôt Compétitivité Recherche (CICE), qui a coûté à l’État plus de 100 milliards depuis 2013.

Sa suppression permettrait de rapporter 10 milliards d’euros, a minima. La baisse pérenne des cotisations sociales est venue remplacer le CICE en 2019 par Macron, pour le même effet. D’autres dispositifs encore : le Crédit impôt recherche (CIR : sa suppression pour les grandes entreprises rapporterait 1.3 milliard), ou encore le Pacte de Responsabilité (un ensemble de différents crédits d’impôts mis en place en bloc par François Hollande).

Sous Macron, ces dispositifs perdurent et s’étendent. Ils cohabitent surtout avec d’autres milliards tendus par Macron aux entreprises. Par exemple, Macron a décidé seul de supprimer la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), qui bénéficiait aux collectivités territoriales, et de les rendre dépendantes aux recettes de la TVA, l’impôt le plus injuste. Ce nouveau cadeau aux grandes entreprises coûte cette année 12 milliards d’euros, et coûtera 15 milliards en 2027.

D’innombrables niches sont encore en vigueur : la niche « Copé » (5 milliards d’euros) ou les niches fiscales défavorables au climat (19 milliards d’euros selon l’Institut d’étude pour le climat) pour ne citer qu’elles.

200 milliards pour licencier ?


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https://x.com/L_insoumission/status/1856285914999234680

Problème majeur : ces milliards d’aides aux entreprises se font sans contrepartie aucune. Bien souvent, elles permettent et encouragent même les attaques sociales des entreprises envers leurs salariés : baisses des salaires, licenciements, délocalisations, etc. Un exemple récent : l’entreprise Forvia (ex-Forecia), fabricant français d’équipements automobiles. Depuis son lancement dans la filière de l’hydrogène, elle a touché 600 millions de subventions – et ce, hors CICE. Pourtant, le 19 février 2024, le directeur annonce d’une pierre deux coups le retour des bénéfices pour 2023 et la suppression progressive de 10.000 emplois pour les quatre prochaines années.

Douche froide pour les salariés, dont l’entreprise annonce le même jour des bénéfices records et un grand plan de licenciement qui ne dit pas son nom. L’Insoumission s’est entretenue avec des travailleurs de Forvia mobilisés contre la décision de leur direction. Ils dénoncent d’une même voix l’hypocrisie de leur direction mais aussi de la puissance publique :

« On leur a donné 600 millions d’argent de l’Etat. Non seulement ils n’ont pas créé d’emplois mais en plus ils en suppriment. Ils touchent de l’agent pour virer les travailleurs, aussi simple que ça. C’était 600 millions pour un seul site de 300 salariés : ça fait 2 millions par salarié, et ils se permettent de fermer des sites. Juste pour leur marge. Et honnêtement, on a même l’impression que c’est nous qui payons le licenciement de nos collègues, puisqu’on va travailler plus pour compenser leur départ.« 

Résultat direct et rationnel de l’absence de conditionnement social (et écologique) de ces aides publiques, les entreprises font ce qu’elles veulent de cet argent. Et Forvia est loin d’être la seule à profiter des aides d’entreprises pour augmenter ses marges au détriment des salariés, comme le soulignait l’étude de l’Ires. En 2019, le groupe Michelin s’était déjà par exemple servi d’un crédit d’impôt (CICE) de 65 milliards d’euros pour délocaliser sa production en Pologne, en Roumanie et en Espagne.

Et ces quelques exemples ne sont très certainement que l’arbre qui cache la forêt, au vu de l’ampleur des sommes engagées. D’une manière générale : beaucoup d’argent public pour les actionnaires, qui aurait pu être consacré aux grands chantiers de politiques publiques. Combien d’écoles, d’hôpitaux, de lignes   ferroviaires auraient pu être construits avec ces 200 milliards ? Combien de personnels soignants, de professeurs et d’AESH dans les écoles auraient pu être rémunérés ?  

Pour continuer d’arroser les entreprises, le Gouvernement fait les poches aux français

Alors que le chantage à la dette et à la compression des dépenses repart de plus belle avec l’annonce des 5.5% de PIB de déficit, la responsabilité de ces 200 milliards d’aides est immense. Le Gouvernement détourne les yeux de cette responsabilité et préfère concentrer ses attaques ciblées sur les dépenses sociales et les services publics. Les conséquences de ce récit politique sont déjà à l’oeuvre : moins 10 milliards d’euros passés par décret en février, multiples réformes de l’assurance-chômage, etc. Et d’autres coupes sont à venir pour atteindre les 3% de déficit d’ici 2027, jusqu’à 80 milliards d’euros de coupe selon Bruno Le Maire.

Selon les mots de l’étude de l’Ires, « un État-providence caché en faveur des entreprises » se développe à l’heure où le Gouvernement détricote l’Etat-providence social. Romaric Godin résume la situation dans un article sur le chantage à la dette pour Mediapart : « L’épouvantail de la dette a pour fonction de démanteler ce qui reste de l’État social pour préserver les transferts vers le secteur privé et soutenir sa rentabilité face à une croissance stagnante.« 

Plus encore, pour Benjamin Lemoine, sociologue et auteur de l’ouvrage L’Ordre de la dette (2022) : « Le maintien de l’ordre de la dette demande un dosage incessant entre le soutien au capital privé et une capacité à assurer sans chocs politiques le service de la dette, et depuis des années cette capacité repose entièrement sur le sacrifice de l’État social.« 

Derrière le refus du Gouvernement de s’attaquer aux aides aux entreprises, c’est donc tout un modèle économique qui ne veut être remis en cause par les macronistes. Le capitalisme français repose tout entier sur ce système de soutien public au capital. 200 milliards, cela commence à faire cher le fonctionnement de l’économie.

Conditionnement des aides, suppression des niches fiscales inutiles : les recettes fiscales existent

Un autre modèle est pourtant possible. Toutes les études sur les aides aux entreprises parlent d’une même voix : il faut conditionner les aides. Elles rejoignent ainsi les revendications de la France Insoumise depuis des années. La suppression du CICE est au programme de l’Avenir en Commun dès l’élection présidentielle de 2017. De même pour le CIR, et toutes les niches « anti-sociales et anti-écologiques ». La France Insoumise a ainsi publié ce 28 mars ses « 10 mesures d’urgence pour faire face à l’austérité » dans un document intitulé « Moins de dépenses fiscales, plus de recettes fiscales !« .

Au programme : rétablir l’ISF (+15 milliards), taxer les superprofits (+15 milliards), supprimer le CICE (+10 milliards), supprimer le CIR (+1.3 milliards), supprimer les niches fiscales les plus polluantes (+6 milliards), rétablir la CVAE (+15 milliards), mettre en place une imposition universelle sur les entreprises (+42 milliards), renforcer la taxe sur les transactions financières (+10.8 milliards) et mettre fin à la flat tax (+1 milliards). Un large panel qui vise à montrer une chose : « Les seules dépenses à réduire sont celles en faveur des plus riches » écrit la France Insoumise, pour qui les 200 milliards d’aides seraient un bon premier ciblage.

Une chose est certaine : il existe, effectivement, de nombreux postes de dépenses sur lesquels le Gouvernement pourrait se pencher pour réduire le déficit public. Conditionner les aides aux entreprises paraît être une étape essentielle.  

Sources:linsoumission.fr

















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lundi 14 avril 2025

Antisémitisme et haine raciale : les vrais coupables sont à l’extrême droite

 Antisémitisme et haine raciale. Le succès populaire des marches antiracistes du 22 mars semble avoir fait peur aux tenants du seul antiracisme autorisé, celui qui ne voit dans le racisme que des actes individuels, isolés, un problème moral en somme. Or la réalité du racisme est le contraire de cette vision « libérale » du racisme : ces discriminations sont soutenues par un appareil idéologique, médiatique, politique.

Et le discours médiatico-politique dominant se frotte les mains à l’idée de mettre le racisme (pourtant le fruit selon eux de comportements individuels) sur le dos d’un camp politique, la gauche, et un mouvement en particulier : La France Insoumise. En oubliant en conscience que la discrimination raciale est avant tout l’apanage de la droite et de l’extrême droite.

L’histoire profonde et ancienne de ces familles politiques, mais aussi l’actualité récente le démontrent. Ceux qui provoquent et bénéficient du racisme sont surtout et avant tout à l’extrême droite. Un petit rappel des faits s’impose face aux discours confus qui étouffent le débat public.

Racisme, antisémitisme : les armes politiques de l’extrême droite

Chaque fois que l’extrême droite se retrouve devant un tribunal, c’est soit pour de sombres affaires d’escroquerie et d’emplois fictifs, soit pour avoir attisé la haine, des femmes, des personnes LGBT+… et des minorités racisées.

Ce 26 mars, le maître à penser de tous les racistes de ce pays, Eric Zemmour, a été condamné pour injure raciale. Comme d’autres fascistes de son type, il avait instrumentalisé le meurtre du jeune Thomas à Crépol, opposant « la France des Thomas [des blancs] et des Chahid [des non-blancs] ».

En 2021, le groupuscule néonazi « La famille Gallicane », soutien du même Zemmour, était affiché en train de s’entraîner au tir sur des caricatures de personnes noires, musulmanes, juives.

Il ne faut pas oublier le Rassemblement National (RN), qui depuis quelques semaines, tente de se faire passer pour le « bouclier » des juifs en France, et de pointer LFI comme le seul parti raciste et antisémite, soi-disant. Ces mensonges sont loin de la réalité : LFI a au contraire pleinement intégré les questions antiracistes dans son programme, comme en témoigne son livret thématique sur le sujet. D’un autre côté, le RN compte de nombreux antisémites assumés dans ses rangs, et les met même souvent en avant.

Comme Frédéric Boccaletti, député du Var, qui avant son élection tenait une librairie aux ouvrages antisémites et négationnistes. Ou bien Ludivine Daoudi, candidate aux législatives face à l’eurodéputée LFI Emma Fourreau. La candidate RN trouvait amusant de prendre la pose avec une casquette nazie.

D’une manière générale, chaque élection locale (départementale…) est l’occasion de débusquer des candidats RN aux convictions racistes et antisémites bien ancrées : les élections de 2024 avaient été un beau musée des horreurs. La défense du parti est toujours la même : il ne s’agit que de « brebis galeuses », d’erreurs de casting, selon les mots de Jordan Badella.

Pourtant, de nombreux articles mettent en cause de nombreux cadres du RN, responsables de sections ou assistants de députés, au racisme assumé et théorisé. Ces parcours individuels illustrent une tendance de fond du RN, car son programme et son idéologie reflètent les aspirations de ses militants et électeurs, même les plus violentes.

Les votes des députés RN contre les minorités racisées sont nombreuses. On pense notamment à l’ignoble « loi immigration » de décembre 2023, votée avec les troupes macronistes en pleine radicalisation. Mais d’autres votes sont éloquents : discussions sur la suppression du droit du sol (qui renforce une vision ethno-raciale, et non politique, de la citoyenneté), stigmatisation des français de confession musulmane, plus particulièrement les femmes voilées…

Et loin des sourires des plateaux TV et des cravates, le programme du RN reste extrêmement violent vis-à-vis des immigrés, clandestins, personnes de couleur… Tout y passe, de la suppression de l’Aide Médicale d’État (AME), à la « priorité nationale », qui réserve les aides sociales aux seuls « français de souche ». Le but est clair : faire comprendre aux immigrés et aux non-blancs qu’ils ne sont pas les bienvenus. Aux antipodes du programme humaniste porté par les Insoumis.

Cette violence raciale, même si les cadres du RN s’en défendent, est très bien comprise de l’opinion publique. D’abord par les électeurs du RN : les travaux de Félicien Faury, sociologue, ont par exemple démontré que le dénominateur commun à tous les électeurs RN, riche ou pauvre, d’Amiens ou de Toulon, reste le biais raciste. Cette conviction que stigmatiser les non-blancs permettrait à ces électeurs de tirer leur épingle du jeu néolibéral est le moteur de ces classes moyennes et populaires qui votent RN (sans être majoritaires).

Mais les personnes qui risquent de subir ces politiques racistes mortifères ont aussi bien compris le danger que représenterait l’arrivée du RN au pouvoir : binationaux, français musulmans, issus de l’immigration, tant de catégories prêtes à faire leurs valises pour se prémunir des politiques racistes de l’extrême droite.

L’extrême droite, un passé indigeste

Soutien du génocide à Gaza, Jordan Bardella s’est rendu en Israël sur invitation du criminel de guerre Benyamin Nétanyahou, Premier ministre israélien. Le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a osé affirmer, à cette occasion que le RN était devenu le « bouclier de la communauté juive ». Curieuse prétention quand on pense aux multiples et unanimes hommages des membres du RN à la mort de Jean-Marie Le Pen, négationniste et antisémite convaincu et multicondamné pour cela.

Il y a quelques semaines encore, Bardella niait l’antisémitisme de son prédécesseur, et en dépit des six condamnations : on pense par exemple à l’affaire du « point de détail ». Dans un récent documentaire sur Le Pen-père, un de ses anciens proches et ex-membre du FN, à la question « était-il vraiment antisémite ? », a sans hésiter répondu par l’affirmative : « il voyait des juifs partout ».

Il faut dire que les origines du « bouclier » des français de confession ou d’origine juive sont sans équivoques. Entre un ancien milicien sous Vichy, un terroriste de l’OAS, et même un ancien Waffen-SS (la branche la plus fanatisée de l’armée nazie), sans compter les financements d’un parti néofasciste italien, la liste est longue. Et les idéologies qui ont motivé la création du FN sont les mêmes que celles qui ont propulsé le RN à 30 % des suffrages l’été dernier.

Pour aller plus loin : RN-FN, historique d’un parti fondé par des Waffen-SS que certains veulent réhabiliter

Le rapport de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), sorti en juin 2024, apporte un éclairage sur le racisme et l’antisémitisme bien différent des inepties entendues sur les plateaux TV.

À la grande surprise des gens qui ignorent tout des mécanismes du racisme comme fait social, l’antisémitisme est et demeure l’apanage de… l’extrême droite. « De manière générale, les sympathisants d’extrême droite restent les plus enclins à se montrer d’accord avec ces préjugés antisémites traditionnels », nous apprend ce rapport (p.221).

Autre éclairage important de ce rapport : là où la droite et l’extrême droite attribuent à tort l’antisémitisme aux « musulmans » ou à « l’immigration extra-européenne », la CNCDH pointe « les opinions antisémites restent largement structurées par les vieux stéréotypes associant les Juifs au pouvoir et à l’argent ». Précisément les clichés véhiculés par l’extrême droite depuis le XXe siècle, et qui circulent encore sur des boucles de discussion néonazies.

La nécessité d’une lutte contre l’antisémitisme reste avant tout une valeur… de gauche ! Idem pour la lutte contre l’islamophobie et le racisme en général. Et plus on se décale vers la droite de l’échiquier politique, moins ces luttes sont considérées nécessaires.

Une mise au point s’imposait : le racisme est une réalité qui touche une large partie de la société française, et il prolifère sur la montée de l’extrême droite, et la banalisation de ses idées. Cette normalisation du racisme s’appuie aussi sur des discours médiatiques qui, non seulement rendent acceptables les discriminations raciales et religieuses, mais retournent aussi le stigmate. Qui n’a jamais entendu dans la bouche d’un éditocrate quelconque que « les antiracistes sont les vrais racistes » ?

Cet élément de langage fait son chemin jusqu’au RN qui tente de faire de LFI le moteur du racisme en France, aidé de ses complices macronistes. Jean-Marie Le Pen s’en retourne dans sa tombe.

Sources:linsoumission  (Alexis Poyard)









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