Une corruption généralisée
Le Parlement européen souffre d’une maladie qui le ronge, en plus de celle du néolibéralisme qui le fonde. Cette maladie porte un nom : le lobbyisme. Bruxelles en est infestée. Pas moins de 50 000 lobbyistes sont enregistrées auprès de l’Union européenne, soit 70 par député européen. Pire, étant donné que les insoumis refusent systématiquement le moindre cadeau, le moindre voyage offert, la moindre marque de corruption, cela signifie que cette moyenne de 70 corrupteurs par députés est en réalité bien plus importante.
Parmi les corrompus désormais bien identifiés : les eurodéputés du Rassemblement National. Ces derniers ont coutume de se faire offrir des voyages de luxe : Hélène Laporte a passé 4 nuits au Radisson de Moscou en 2020, Thierry Mariani a passé 5 nuits à Damas en septembre 2019 et 4 nuits en 2021, mais aussi Kazakhstan, Ouzbékistan et Russie. Les mêmes sont éclaboussées depuis des récentes révélations de février 2024 d’un réseau de corruption russe au sein de l’extrême droite européenne. Une enquête est en cours.
Ce réseau est structuré autour du média « Voice of Europe » qui a réalisé des entretiens probablement grassement payés avec des députés et politiciens d’extrême-droite, dont trois députés élus du Rassemblement national. Les alliés allemands du RN (AfD) ont été particulièrement mis sous le feu des projecteurs avec leur deuxième candidat de liste enregistré dans sa voiture en train d’empocher 25 000 euros de la part du directeur de Voice of Europe pour le financement de sa campagne.
Les autres groupes ne sont pas en reste. Leurs conflits d’intérêts et leurs rémunérations annexes sont éloquents. La ministre macroniste Rachida Dati ? 2 millions d’euros de rémunération par Renault et Orange pendant ses mandats. L’eurodéputé Geoffrey Didier, 115 200 euros pour ses conseils à des patrons. Même topo pour les socialistes : Engin Eroglu, eurodéputé qui siège aux côtés de Raphaël Glucksmann a touché 100 700 euros par une banque allemande. Au total, seul le groupe LFI de Manon Aubry se distingue par l’absence totale de conflits d’intérêts.